Mon clin d’œil

L’angoisse, ce n’est pas de ne pas savoir quand le nouveau pont Champlain sera prêt, c’est de ne pas savoir quand l’ancien ne le sera plus.

Pharmacies communautaires

2000 portes d’entrée aux soins de première ligne… et sans attente

La Coalition avenir Québec a promis un changement de ton avec les interlocuteurs du monde de la santé lors de la récente campagne électorale. Les propos tenus par la nouvelle ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, permettent tous les espoirs de voir enfin l’accès aux soins de santé de première ligne s’améliorer.

Il est grandement rafraîchissant d’entendre la ministre parler de collaboration, de la nécessité de décloisonner les pratiques actuelles et de déléguer des actes médicaux à d’autres professionnels de la santé. L’AQPP prône depuis longtemps cette approche collégiale qui, comme le reconnaît la ministre, contribuera à dégager d’autres professionnels de la santé de certaines tâches pour leur permettre de voir plus rapidement les patients qui en ont le plus besoin. L’objectif est clair : éviter que les patients qui éprouvent des problèmes mineurs se retrouvent inutilement à l’urgence.

L’AQPP estime que l’intention exprimée par la ministre est on ne peut plus pertinente alors que la saison de la grippe est à nos portes. Le Québec, en plus d’être le seul endroit en Amérique du Nord où les pharmaciens ne vaccinent pas, affiche le taux de vaccination contre la grippe le plus faible au pays (24 %). Selon le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ), la couverture vaccinale des groupes à risque est trop faible, avec un taux oscillant entre 20 % et 65 %. Voilà pourquoi les pharmaciens communautaires réclament avec insistance le droit de pouvoir procéder à la vaccination afin que les patients n’aient pas à revivre les scénarios des dernières années.

De plus, la clientèle la plus difficile à rejoindre et qui se fait le moins vacciner est celle des gens actifs atteints de maladies chroniques.

Comme cette clientèle vient à la pharmacie tous les mois, les pharmaciens pourraient vacciner ces patients non seulement contre l’influenza, mais aussi contre le zona et le pneumocoque, entre autres, alors que le Québec présente également de très mauvais chiffres en ce qui concerne le pneumocoque.

Un rôle de premier plan

Les pharmaciens communautaires de toutes les régions du Québec se sentent directement interpellés par les propos de la ministre McCann. Les 2000 pharmacies dans lesquelles ils pratiquent, partout au Québec, constituent autant de portes d’entrée à une première ligne de soins de santé plus efficace, un besoin pressant reconnu par tous. L’étude indépendante réalisée par des chercheurs du CIRANO, du CRCHUM et de HEC Montréal a d’ailleurs démontré, plus tôt cette année, l’impact positif des consultations effectuées chaque année par les pharmaciens communautaires auprès des patients.

L’étude établit que les pharmaciens communautaires jouent un rôle de premier plan en offrant un accès immédiat à des soins de première ligne. Pour 77 % des patients ayant eu recours à une consultation, la visite en pharmacie constituait la première option. Ainsi, pour plus des trois quarts de ces patients, aucune autre ressource n’avait été consultée avant. De plus, 19 % des patients répondants ont tenté de consulter un autre professionnel de la santé au préalable, 82 % d’entre eux ont réussi à rejoindre cet autre professionnel et ont voulu consulter tout de même le pharmacien pour plus d’informations.

La volonté de faire les choses autrement, clairement énoncée par la ministre de la Santé et des Services sociaux, ranime l’espoir chez beaucoup de professionnels de la santé. L’AQPP tient à saluer l’esprit dans lequel la ministre amorce son mandat et à lui offrir son entière collaboration afin d’accélérer le travail en cours pour adapter la pratique des pharmaciens communautaires à la nouvelle réalité imposée par la nécessité de mieux servir les patients québécois en termes d’accès et d’efficacité des soins de santé. Nous sommes convaincus que les démarches en cours pour revoir leur mode de rémunération permettront de refléter leur rôle accru en matière de conseil en santé, rôle qui va bien au-delà de celui de simple distributeur.

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