Zoom

Traquer le plus grand tueur du Québec

Le plus grand tueur du Québec ne croupit pas en prison. À lui seul, le cancer est responsable de 33 % de tous les décès dans la province. Nos chercheurs ont-ils les moyens de traquer ce meurtrier ? Zoom sur les forces – et les faiblesses – de la recherche en oncologie réalisée ici, à partir d’une étude inédite obtenue par La Presse.

53 200

Estimation du nombre de Québécois qui ont reçu un diagnostic de cancer en 2017

La mauvaise nouvelle

Le nombre de nouveaux cas de cancer a augmenté de 2 % par année en moyenne au cours des 10 dernières années. Cette hausse est due au vieillissement de la population et à la croissance démographique. En effet, 89 % des cancers surviennent chez les personnes âgées de plus de 50 ans, et 45 % chez celles âgées de plus de 70 ans. Selon les prévisions, en 2030, il y aura 67 000 nouveaux cas de cancer au Québec.

60 % 

Taux de survie sur cinq ans, tous types de cancer confondus

CITATION

Bonne nouvelle, mais…

« La bonne nouvelle est que les traitements sont de plus en plus efficaces, donc le taux de survie est en constante augmentation.

« Il reste toutefois énormément de travail à faire pour augmenter la survie des patients qui ont des types de cancer plus rares qui sont sans option de traitement actuellement. Comme ils sont plus rares, il y a moins de philanthropie et comme il y a moins de philanthropie, il y a moins de financement pour la recherche », souligne Stéphanie Lord-Fontaine, directrice générale de l’Oncopole – pôle de recherche, de développement et d’investissement pour accélérer la lutte contre le cancer –, qui a commandé cette étude d’impact socioéconomique de la recherche en oncologie au Québec en partenariat avec Montréal InVivo. L’étude obtenue par La Presse a été réalisée par la firme KPMG.

88 % 

Pourcentage de Québécois atteints d’un cancer qui sont suivis par un spécialiste du cancer, une proportion parmi les plus élevées au pays

En finir avec le travail en silo

« Au Québec, on travaille encore un peu en silo. On doit faire des efforts pour rassembler les chercheurs pour qu’ils partagent leurs données. Aucun laboratoire individuel ne va pouvoir faire des découvertes majeures. Il faut vraiment travailler en équipe sur différents aspects du cancer pour y arriver, explique Stéphanie Lord-Fontaine, directrice générale de l’Oncopole. À cela s’ajoute la dichotomie français-anglais à Montréal. Ça s’améliore, mais le dialogue entre les hôpitaux francophones et anglophones n’était pas optimal dans le passé. »

CHIFFRE

1000

Nombre de chercheurs rattachés à plus d’une trentaine d’universités, d’hôpitaux universitaires, de centres et d’instituts de recherche spécialisés qui sont actifs dans la recherche sur le cancer au Québec

Québec doit en faire plus

Les investissements en recherche en oncologie au Québec proviennent surtout de fonds fédéraux. Par habitant, le Québec capte une part importante des fonds fédéraux alloués au cancer, mais l’Ontario compense par la présence d’un financement provincial plus important et par sa capacité à obtenir des fonds additionnels d’autres sources de financement, notamment philanthropiques. « Au Québec, le provincial devrait être plus présent dans le financement de la recherche en oncologie », plaide la directrice générale de l’Oncopole, Stéphanie Lord-Fontaine. Une proportion plus importante des activités de recherche au Québec est centrée sur la biologie et le traitement, alors que l’Ontario et la Colombie-Britannique se distinguent également sur les plans du dépistage et de la prévention.

La thérapie « révolutionnaire »

L’immunothérapie pourrait constituer une véritable révolution dans les années à venir pour traiter le cancer, selon les communautés scientifique et médicale. Il s’agit d’un type de thérapie biologique qui fait appel au système immunitaire pour aider à détruire les cellules cancéreuses. Le cancer n’est plus uniquement vu comme une maladie des gènes, mais aussi comme une maladie de l’organisme, de l’environnement de la tumeur et du système immunitaire. Plusieurs approches sont en développement, notamment les vaccins thérapeutiques et les thérapies cellulaires. Or, autre bonne nouvelle : le Québec est à l’avant-garde dans ce domaine, selon la directrice générale de l’Oncopole, Mme Lord-Fontaine. « On a un très bon bassin de chercheurs qui travaillent en immunothérapie et on commence à intégrer ces thérapies-là au bénéfice des patients », se réjouit-elle.

Classé dans le top 10 au monde

Le Canada, et le Québec, se classe parmi les 10 pays les plus prolifiques au chapitre des publications scientifiques en oncologie, sur une base par habitant. Les chercheurs québécois ont contribué à près du quart (23 %) de la production scientifique nationale en oncologie, et 17 % de leurs publications ciblaient le cancer du sein. Par ailleurs, l’impact scientifique des publications québécoises, mesuré en termes de moyenne des citations relatives, est supérieur à la moyenne canadienne.

STATISTIQUE

Une personne sur deux sera atteinte du cancer au cours de sa vie et la moitié en décédera.

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