PME Innovations

Des poteaux écologiques

Ils ont beau être en bois, les omniprésents poteaux électriques qui bordent nos rues sont loin d’être naturels ou écologiques, en plus de comporter certains inconvénients. Créée à l’occasion d’un concours, la jeune entreprise Ecopoto s’attaque à ce problème.

Adrien Cherrier et Sofiane Bounaffaa se sont rencontrés en février 2014, dans un concours de plans d’affaires nommé Savoir Affaires. Le premier préparait un diplôme d’études supérieures spécialisé (DESS) en technologies de l’information à TELUQ, le second, une maîtrise en télécommunications à l’École de technologie supérieure (ETS).

« Nous avons passé quatre jours à faire des plans d’affaires et c’est là que l’idée est ressortie », raconte M. Cherrier.

Cette idée, qui leur a valu le premier prix dans la catégorie Matériaux, composites, bois et métaux, c’est de créer un poteau électrique plus écologique que ceux que l’on voit le plus souvent dans nos rues. Ces derniers sont en bois, mais enduits de nombreux produits chimiques afin d’augmenter leur résistance, particulièrement à la pourriture.

Ils ont proposé l’idée à l’incubateur CENTECH, de l’ETS, qui l’a rapidement acceptée, de sorte que leur entreprise, Ecopoto, y a installé ses bureaux en septembre dernier.

« Nous utilisons un alliage de résine de synthèse et de fibres naturelles de bois », explique M. Cherrier.

« C’est du bois revalorisé, issu des scieries québécoises, qui était normalement employé par l’industrie des pâtes et papiers, mais qui devient disponible étant donné les difficultés de ce secteur. »

— Adrien Cherrier

Tant le processus de transformation que le produit lui-même font l’objet de demandes de brevets.

NOMBREUX AVANTAGES

Les avantages sont nombreux, fait valoir Ecopoto. D’abord, leur poteau résiste à la pourriture, au lichen ou aux dégâts des animaux (pics, termites, etc.). Leur durée de vie est estimée à 80 ou 90 ans, comparativement à 35 pour les poteaux en bois. Leur poids plus faible facilite leur transport. Ils ne contaminent pas les sols pendant leur utilisation et sont plus faciles à recycler après. Et finalement, le prix devrait se rapprocher davantage de celui des poteaux en bois (environ 540 $) que de celui des poteaux en fibre de verre (environ 3000 $).

Mais il reste encore du travail à faire.

« Nous n’avons pas encore de poteau complet, nous sommes encore en développement et dans la finalisation de la formulation du composite. »

C’est un autre associé, Fayçal Mijiyawa, doctorant en génie mécanique spécialisé en biocomposites, qui s’attelle au peaufinage de la formule.

Si tout va bien, un prototype précommercialisation devrait voir le jour en septembre prochain. Celui-ci permettrait à Ecopoto de partir à la recherche de financement en vue de la phase de production. Les premières livraisons sont prévues pour septembre 2016.

Il faudra bien sûr convaincre Hydro-Québec Distribution et les commissions électriques locales, mais Ecopoto a des visées internationales.

« Les pays en voie de développement ont beaucoup, beaucoup de potentiel, parce qu’on y construit de tout nouveaux réseaux, ce qui signifie du gros volume. On y utilise beaucoup des poteaux en béton, qui sont plus fragiles, plus chers et plus difficiles à transporter que les nôtres. »

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