Opinion : Éducation

Préparer une génération à la quatrième révolution industrielle

C’est l’heure de la rentrée pour plus de 1,3 million d’élèves de toutes les régions du Québec et de tous les niveaux. Pour les plus jeunes parmi eux, qui font leur entrée à l’école primaire, des projections du World Economic Forum prévoient que les deux tiers occuperont après leur graduation des fonctions professionnelles qui n’existent pas encore aujourd’hui, ou encore qu’ils travailleront dans des domaines à ce jour inexistants.

Plus surprenant encore, les organisations pour lesquelles ces jeunes travailleront n’ont peut-être pas encore été créées. En fait, l’âge moyen des 240 entreprises qui forment l’indice de la Bourse de Toronto n’est que de 24 ans.

Ainsi, si vous travaillez aujourd’hui comme gestionnaire de communauté sur les médias sociaux, développeur d’applications mobiles, représentant des ventes de téléphones intelligents, architecte de réseaux infonuagiques, gestionnaire en développement durable, ingénieur en nanotechnologies ou encore comme analyste de big data, il y a fort à parier que ce n’est pas grâce à un conseiller en orientation que vous avez trouvé votre voie alors que tous ces emplois de l’économie du savoir n’existaient pas il y a à peine 15 ans.

Les technologies de l'information et l'école

Face à une transformation si rapide et si importante du marché de l’emploi, il est fondamental de se demander de quelle manière notre système d’éducation doit évoluer et s’adapter. D’ailleurs, Benjamin Franklin a été l’un des premiers à l’affirmer en ces termes : le meilleur retour sur investissement provient assurément d’un investissement en éducation. Si cette vision demeure toujours aussi pertinente près de deux siècles et demi plus tard, c’est qu’elle s’applique autant à nos gouvernements qu’à toutes les entreprises.

L’éducation, la formation et la capacité d’une organisation à se transformer et à faire évoluer l’expertise de sa main-d’œuvre est au cœur même de sa pérennité et de ses succès à long terme. Il n’en est certainement pas autrement pour une société. D’ailleurs, le système d’éducation au Canada continue de bénéficier de seuils d’investissements publics et privés qui se comparent avantageusement aux autres pays de l’OCDE, signe que c’est une valeur identitaire forte qui nous tient à cœur comme Québécois et comme Canadiens.

Mais au-delà des investissements, le modèle d’éducation québécois fait encore une place trop timide aux technologies de l’information et à leur intégration dans la salle de classe.

Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, de l’internet des objets, de la physique quantique, de la réalité virtuelle et de l’impression 3D, pour ne nommer que quelques-unes des sphères d’innovation technologique qui façonneront notre avenir, il y a un consensus fort qui émerge aujourd’hui selon lequel nous entrons dans la quatrième révolution industrielle, dont l’impact sur le marché du travail et sur nos vies sera comparable à celui des trois premières révolutions entraînées aux siècles précédents par l’invention de la machine à vapeur, de l’électricité et de l’électronique/robotique.

Au cours des deux dernières décennies seulement, la proportion d’emplois dans le secteur tertiaire au Québec est passée d’un peu plus de 7 emplois sur 10 à 8 emplois sur 10. Cette même proportion atteint près de 9 emplois sur 10 dans certaines régions. Cela ne signifie pas qu’il faille concentrer nos efforts exclusivement sur le développement de programmes axés sur l’économie du savoir au détriment des métiers techniques, mais il est primordial de se demander si le parcours scolaire de nos jeunes est optimisé pour nourrir nos ambitions économiques de se doter de supergrappes d’innovation.

Un volet important du virage qui s’impose implique d’établir un dialogue et un partage de connaissances plus fluides entre les acteurs de l’industrie. Il ne faut en aucun cas commercialiser le réseau de l’éducation – ce n’est pas ce dont il est question –, mais plutôt mieux faire bénéficier de l’avancement de la connaissance les élèves du secondaire, du collégial et de l’université et ainsi favoriser l’atteinte de leurs aspirations professionnelles.

Un nouveau forum d’échanges entre l’industrie et les élèves

Dans le cadre des célébrations du centenaire de la découverte de la théorie de la relativité par Albert Einstein – l’une des théories scientifiques ayant eu le plus grand impact sur notre quotidien –, la première édition d’un forum financé entièrement à l’initiative du secteur privé et de philanthropes en éducation se tiendra à Montréal demain et vendredi.

Cet événement unique réunira des astronautes, des scientifiques de tous les milieux, des entrepreneurs, des médecins, des spécialistes de l’éducation, et plus de 350 jeunes issus d’écoles secondaires du Grand Montréal. Ils aborderont des questions liées à la découverte scientifique, à l’avancement de la connaissance, en plus de discuter de solutions tangibles aux grands défis environnementaux, sociaux, économiques et politiques de la planète. Parions que des vocations s’y dessineront, que des rêves y naîtront et que des futurs leaders en émergeront.

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