Secteur minier

Une mine recyclée et robotisée à Rouyn-Noranda

La prochaine grosse mine du Québec ne sera pas comme les autres. Si tout se passe comme prévu, robots, drones et autres équipements automatisés donneront une deuxième vie à des installations minières fermées depuis 40 ans à Rouyn-Noranda.

« Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’employés sous terre. Mais la moitié du travail sera fait à partir de la surface », explique Luc Lessard, qui pilote le projet Horne 5.

Luc Lessard est président et chef de la direction de Ressources Falco, propriétaire des titres miniers situés sous la fonderie Horne. Depuis 1920, Noranda et 13 autres producteurs de cuivre, d’or et d’argent ont creusé ce sol avec profit. La mine Horne, qui alimentait la fonderie, a fermé en 1976.

Quarante ans plus tard, Ressources Falco fonde beaucoup d’espoir sur sa propriété de 68 000 hectares. « On se dit souvent, entre nous, qu’on se prépare à faire Canadian Malartic 2.0 », lance celui qui a été derrière le succès de cette mine d’or avec l’équipe d’Osisko.

Après la vente de Canadian Malartic à la coentreprise formée de Yamana Gold et d’Agnico-Eagle, une partie de l’équipe d’Osisko est repartie à la chasse aux gisements. Et Horne 5, selon Luc Lessard, c’est du gros gibier.

« C’est un gros dépôt, à basse teneur, qui est propice à l’automatisation », dit-il.

Il faudra 1 milliard de dollars pour mettre Horne 5 en production. C’est beaucoup d’argent. Mais avec des coûts de production estimés à 452 $US par once d’or extrait de la mine, l’entreprise serait dans le premier quartile des producteurs mondiaux de métaux précieux.

Situé en plein cœur de Rouyn-Noranda, le projet Horne 5 bénéficie de plusieurs avantages qui réduisent ses coûts de production : de la main-d’œuvre à proximité, l’accès à l’eau et à l’électricité, ainsi que la réutilisation de plusieurs installations existantes, dont des bâtiments comme le puits de l’ancienne mine Quémont.

C’est surtout la technologie qui permettra à Ressources Falco de réduire ses coûts de production. À plusieurs égards, ses activités minières seront les plus automatisées au Québec. 

« On n’est pas les premiers, précise Luc Lessard. Au Québec, si on veut se comparer, la mine Éléonore [de Goldcorp, à la Baie-James] est un bon exemple d’opérations téléguidées à partir de la surface. Mais ils sont en production depuis quelques années et on est rendus plus loin. On va accéder à une plateforme plus évolutive que ce qui existait il y a cinq ans. »

Nouvelle génération de mineurs

Falco prévoit économiser beaucoup en utilisant des drones pour collecter des données dans les endroits difficiles d’accès, en générant moins de gaz (qui doivent ensuite être ventilés) et en opérant en continu. « Ce sont des minutes, des heures et des jours de plus de productivité », résume l’ingénieur minier.

Ressources Falco estime que le projet Horne 5 aura besoin de 525 personnes, dont 300 travailleront sous terre. Les activités souterraines incluent la maintenance, la ventilation, le remblai et d’autres services, ce qui fait que la moitié des activités minières seront réalisées en surface.

Les mineurs appelés à opérer ces nouveaux équipements n’existent pas encore, ils devront être formés. « Il n’y aura pas moins d’employés, mais ce sera des employés différents », dit l’ingénieur minier.

Si tout se passe comme prévu, l’étude de faisabilité et l’étude environnementale seront prêtes avant la fin de l’année. La construction devrait commencer au début de 2019 et l’exploitation, en 2021. Au total, des premiers forages jusqu’à la mine, il se serait écoulé six ans, ce qui est considéré comme très court dans l’industrie.

« Comme Canadian Malartic », dit Luc Lessard, qui veut prouver que des histoires comme celle-là, ça peut arriver plus qu’une fois dans la vie d’un ingénieur minier.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.