Les joyeux naufragés de l’amour

Pourquoi la téléréalité Les naufragés de l’amour de Canal Vie n’a-t-elle jamais clignoté sur mon écran radar – pourtant très sensible – avant cette semaine ? C’est à se demander s’il y a vraiment un capitaine compétent au gouvernail de cette chronique.

Mais rassurez-vous. En quelques jours, j’ai presque rattrapé tout mon retard. Et j’ai extrêmement hâte de découvrir la prochaine escale du bateau. Car Les naufragés de l’amour, c’est Occupation double, mais qui se déroule sur un énorme navire de croisière.

La différence majeure ? Les célibataires, dans la trentaine et la quarantaine, ont presque tous des enfants qui les accompagnent et qui prennent des décisions cruciales sur leur parcours amoureux.

Les deux premiers épisodes, il faut le dire, ne cassent pas la baraque. Les présentations s’étirent et ça manque de croustillant. Étienne Boulay anime de façon robotique et ses interventions ne respirent pas le naturel, ce qui n’altère toutefois pas le charme général que dégage cette téléréalité.

Le troisième épisode s’améliore, mais c’est au quatrième que ça se corse joyeusement. De croisière de type Walt Disney, Les naufragés de l’amour s’aventure sur de grosses vagues et il y a de la houle chez les filles, qui se séparent en deux cliques.

C’est un classique, quand la bisbille s’invite dans les cocktails, l’intérêt des téléspectateurs monte d’un cran. Une téléréalité sans drame, c’est comme un séjour au trou à Lietteville, c’est long et ennuyeux.

Sans trop de tapage publicitaire, Les naufragés de l’amour a atteint le deuxième rang des émissions les plus populaires de Canal Vie derrière Vendre ou rénover. Pas étonnant que la chaîne ait déjà autorisé la production d’une deuxième saison pour l’hiver 2020.

Si, comme moi, vous découvrez cet univers romantico-marin sur le tard, le site web de Canal Vie offre tous les épisodes gratuitement. La série, diffusée les mercredis à 20 h, se rattrape tout aussi facilement avec la vidéo sur demande de votre service de câblodistribution (Bell, Vidéotron, etc.).

Contrairement à ce qu’on voit à Occupation double, les candidats des Naufragés de l’amour ne sortent pas tous du même moule physique de type CrossFit, manche de tatouage et rallonges capillaires. Ils sont montés à bord du vaisseau géant pour les bonnes raisons : trouver l’amour et recomposer leurs familles.

En pleine mer, personne ne parle d’Instagram, d’Osheaga ou d’influenceurs. Et les discussions ne se perdent pas dans les futilités : veux-tu d’autres enfants, déménagerais-tu dans mon coin, comment vois-tu la vie au quotidien avec toute notre marmaille ?

Les naufragés de l’amour fonctionne bien parce qu’il met en scène des gens sympathiques et simples, qui ressemblent à monsieur et madame Tout-le-Monde.

Il y a Rick le mécanicien de Mascouche qui tripe sur Dave Matthews Band, il y a Marilyn la secrétaire de Candiac et il y a Éric le gestionnaire de Terrebonne, papa de cinq enfants.

Vous remarquerez que tous les naufragés vivent dans les couronnes nord et sud de Montréal, sauf le réalisateur André (Montréal) et le prétendant Alexandre, qui habite Grenville-sur-la-Rouge, à l’ouest de Lachute.

Au fil des épisodes d’une heure, on se rend compte que les célibataires ont intégré le vocabulaire propre à Occupation double. Ils parlent de leurs coups de cœur, des rapprochements, de la « belle chimie » entre eux, des « discussions qui coulent bien » et des premières impressions sur le tapis rouge.

On y détecte aussi des touches du Bachelor, où la cérémonie des roses a été remplacée par la remise des cartes d’embarquement.

Un des défauts de cette première saison est le choix de la prétendante en chef, Cinthia, la chargée de projet de 34 ans. Elle paraît éteinte aux côtés de filles plus allumées comme Sabrina ou Cynthia F., qui auraient probablement été meilleures qu’elle aux commandes du paquebot.

Mais sinon, si vous aimez l’esprit authentique de L’amour est dans le pré, vous le retrouvez à bâbord et à tribord dans Les naufragés de l’amour. Larguez les amarres !

Spa grave !

J’adore la série M’entends-tu ? à Télé-Québec. Si vous ne connaissez pas cet univers singulier, il faut absolument voir l’épisode du spa qui été relayé mercredi à 22 h et qui est disponible sur le site web de la chaîne (telequebec.tv).

C’était probablement l’un des plus drôles de la saison, avec une fin moins rose, cependant. Imaginez Fabiola (Mélissa Bédard), Carolanne (Ève Landry) et Ada (Florence Longpré) dans un endroit silencieux, où il faut bien se comporter. Ça dérape, bien sûr. Et ça fait réfléchir aussi. Quelle bonne émission. Gros coup de cœur.

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