Innovation technologique

Vite combler le retard du Canada

Lors de réunions privées, des gouvernements et des leaders d’affaires triés sur le volet ont récemment participé à une initiative unique. Leur objectif ? Réfléchir sur le retard du Canada en innovation technologique. Et créer une plateforme nationale, incluant Ottawa, le Québec et l’Ontario, pour s’attaquer au problème. Voici comment ils ont fait.

Discussions sérieuses 

Derrière cette approche inédite se trouve Christian Racicot. L’avocat de BCF est le père d’une assemblée regroupant les plus grands investisseurs de la planète (IIR), pesant pour 9000 milliards de dollars. Il est aussi le cofondateur de la Conférence de Québec, ou QCC (Quebec City Conference). C’est dans le cadre de cette rencontre, les 25 et 26 avril dernier, que l’on a échangé sur les façons de mieux collaborer dans l’univers de l’innovation technologique au pays. « Les discussions sérieuses ont commencé et elles vont se poursuivre, dit M. Racicot. Il faut se donner un avantage concurrentiel. »

Appui des gouvernements 

Les gouvernements jouent un rôle dans cette initiative. Ils viennent d’ailleurs de s’impliquer financièrement, souligne M. Racicot. Le fédéral, jusqu’à la hauteur maximale de 300 000 $. Le Québec et l’Ontario, à 150 000 $ chacun annuellement, pour une durée minimale de deux ans. Carlos Leitão était présent au cocktail d’ouverture. « Nous devons travailler ensemble, a-t-il dit, pour permettre au Québec de faire valoir ses forces et d’assumer un leadership dans des secteurs clés d’une économie mondiale reposant de plus en plus sur les connaissances. » Le ministre des Finances a rappelé qu’il est « plus que jamais nécessaire de tisser des liens et d’assurer une cohérence de l’écosystème d’innovation québécois et canadien ».

Plateforme nationale

Joint après l’événement, Reza Moridi, ministre ontarien de la Recherche, de l’Innovation et des Sciences, est d’accord. « Le QCC est une occasion fantastique de partager les succès et de travailler ensemble pour attirer des investisseurs au Canada, souligne-t-il. Le partenariat avec le Québec et le fédéral permet de consolider nos forces. » L’objectif, explique Christian Racicot, est de bâtir une plateforme nationale de collaboration pour le long terme. Du coup, la Quebec City Conference devient QCC Québec-Toronto, car l’initiative se tiendra en alternance dans chacune de ces villes. Sans compter que d’autres provinces s’y intéressent. La Colombie-Britannique a injecté 25 000 $. Et l’Alberta a offert son appui.

Stratégie de concertation 

Cette concertation s’avère nécessaire. L’économie canadienne est très axée sur les ressources naturelles. Pourtant, à l’international, on se dirige vers une économie du savoir, dopée par les innovations technologiques. D’ailleurs, un récent rapport de Deloitte rappelle l’importance d’établir une stratégie au pays. « Tout le monde s’entend sur la nécessité d’accélérer notre intégration à ce mouvement », souligne M. Racicot. Mais des obstacles persistent. D’abord, par son système et sa géographie, le Canada est décentralisé. Ensuite, les provinces, les grandes villes et les entreprises travaillent souvent en vase clos sur leurs programmes. « Tous détiennent une partie de la réponse », dit-il.

Approche d’affaires 

Le modèle propose la collaboration entre tous les acteurs de l’écosystème, comme à Silicon Valley. « Pour réussir, quatre groupes doivent se concerter », précise Christian Racicot. Il s’agit des grandes entreprises technos, des gouvernements, des universités et des investisseurs (institutionnels, capital de risque et anges financiers). L’approche utilisée se veut efficace. On cible d’abord le problème. Dans ce cas, aplanir les obstacles pour stimuler l’innovation technologique au pays. Ensuite, pour trouver les solutions, on accueille, sur invitation seulement, des leaders pouvant changer les choses. Puis, on les réunit, derrière des portes closes, dans la même salle. Parmi eux, cette année, Ericsson, IBM, Hydro One.

Enjeux et atouts 

Étant donné la vitesse des changements technologiques, plusieurs enjeux ont été soulevés autour de la table. Comment activer la mise en place des projets ? Comment accélérer le temps de réponse des gouvernements ? Comment protéger et faire grandir les essaimages (spin-off) ? Comment assurer des financements à toutes les étapes de croissance ? Cela dit, le pays possède aussi des atouts. « Le Canada compte notamment de grandes équipes de recherche en intelligence artificielle, dit Christian Racicot. D’importantes grappes (clusters) sont en train de se développer. » L’évolution de ce secteur est au cœur des discussions, ajoute-t-il.

Occasions à saisir 

Il y a plusieurs occasions à saisir. On souhaite améliorer l’interaction entre les jeunes pousses (start-up) et les grandes entreprises. On veut favoriser l’essor des grappes et accélérer les transferts entre les universités et les entrepreneurs. On veut faciliter les financements à tous les niveaux. Et bien d’autres choses. « On y va par étapes, dit Christian Racicot. Le processus est amorcé et les choses avancent très bien. » Deux grands acteurs, les universités et les investisseurs, se joindront aussi à l’initiative. « On veut régler le problème en jouant offensivement, dit-il. L’idée, ce n’est pas de ne pas perdre… L’idée, c’est de gagner. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.