PME INNOVATION MOOSE BICYCLE

Défier l’industrie du vélo

Il n’est pas toujours nécessaire de réinventer la roue pour innover en affaires. L’idée des cofondateurs de Moose Bicycle paraît même presque trop simple pour fonctionner.

Étienne Du Pont, Frédérick Lavoie et Gabriel Leboeuf ont mené au cours des derniers jours, avec succès, une campagne Kickstarter pour commercialiser leur nouveau vélo, le Fat Moose.

La bécane, solidement charpentée, comme l’indique son nom, n’a rien de très original, admettent ses concepteurs. Conçue entre autres pour affronter les rigueurs de l’hiver, elle s’inscrit dans une nouvelle mode liée aux vélos urbains.

À peu de choses près, elle a été assemblée à partir de pièces déjà commercialisées par des sous-traitants chinois. Son cadre en aluminium a été pensé par Moose, « mais il n’y a pas 10 000 façons de faire un cadre », convient Étienne Du Pont.

L’innovation est ailleurs.

« Nous essayons d’introduire le modèle de vente directe dans l’univers du vélo », explique M. Du Pont.

En clair, en éliminant l’intermédiaire que représente le distributeur, Moose Bicycle peut offrir son Fat Moose à environ 900 $, alors que des concurrents en demandent 1500 $, voire 2500 $.

« Un vélo de ce genre est attirant pour beaucoup de monde, mais pas à 2500 $. À 800 $ ou 900 $, c’est plus comme un jouet. Et on offre quand même un cadre en aluminium, des freins hydrauliques et un dérailleur Shimano. »

— Étienne Du Pont

L’idée d’éliminer des intermédiaires n’est pas non plus très nouvelle. Mais dans le monde du vélo, il semble qu’elle soit encore rare. Moose Bicycle estime être la seule à le faire au Canada et l’une des rares en Amérique du Nord.

« Je ne sais pas pourquoi il n’y en a pas plus, explique M. Du Pont. C’est de se construire une réputation qui est dur. On peut acheter un ordinateur portable sur internet parce qu’on y a déjà touché en magasin. Je pense que de vendre uniquement en ligne ne fonctionnerait pas pour des vélos haut de gamme, mais pour un fixie [vélo à une vitesse] pas cher, ça peut marcher. »

CAPABLES DE FAIRE SEULS

C’est en plein air que les trois comparses se sont rencontrés.

« Je faisais du vélo de montagne avec Gabriel et du ski de fond avec Fred », raconte M. Du Pont.

C’est un séjour de Gabriel dans une entreprise américaine de fabrication de vélos qui leur a fait réaliser qu’ils seraient parfaitement capables de faire la même chose aussi bien, sinon mieux, d’autant qu’ils avaient maintenant leur réseau.

Leurs domaines d’études respectifs se sont tous avérés utiles. M. Du Pont étudie en droit, M. Lavoie est diplômé en commerce et en sciences politiques tandis que M. Leboeuf se spécialise dans la conception de sites web.

Ils auraient bien aimé que leurs vélos soient fabriqués entièrement au Canada, mais ils doivent pour l’instant se contenter d’assembler eux-mêmes des pièces fabriquées en Chine.

« Depuis la fermeture de Raleigh, il n’y a plus vraiment de manufacturier de pièces de vélos qui ne soit pas artisanal et haut de gamme au Canada avec lequel on pourrait travailler. »

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