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L’industrie forestière de plus en plus techno

Fini l’image du camp de bûcherons de nos ancêtres ou les forêts coupées sans tenir compte de l’environnement. Le secteur forestier est tourné vers l’avenir, entre autres grâce à la technologie.

Du bois partout

Avec la diminution importante de la demande de papier journal, l’industrie a dû trouver d’autres manières d’utiliser la fibre de sciage pour rentabiliser les activités et maximiser l’utilisation de la ressource. « On peut faire une décomposition très fine de la fibre, souligne François Laliberté, président de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec. On l’utilise dans la crème glacée, dans des batteries, dans des matériaux pour les renforcer ou les rendre plus facilement recyclables, etc. C’est un domaine en effervescence et ce sont des produits à très grande valeur ajoutée. Cela fait appel à des technologies de pointe. »

Des bâtiments de bois

Le bois est de plus en plus utilisé dans la construction de bâtiments en hauteur. Les ingénieurs forestiers doivent mettre au point des procédés pour lier et coller des pièces pour en faire des morceaux plus résistants, tant du point de vue structural que de la résistance au feu. C’est une avenue intéressante pour l’industrie en raison des taxes importantes sur le bois d’œuvre exporté aux États-Unis. « À moins que cela change, à partir du moment où il y a de la transformation comme cela, il n’y a pas de barrières à l’exportation », souligne M. Laliberté.

Changements climatiques

Incorporer de la fibre de bois dans différents matériaux comporte des avantages écologiques. « En l’incorporant dans des matériaux durables, on vient stocker du carbone et on utilise moins de produits qui sont plus polluants », souligne M. Laliberté. Évidemment, le rôle des ingénieurs forestiers se fait également sentir dans l’aménagement de la forêt. « La population a de plus en plus d’attentes envers le milieu forestier, autant en matière de paysage, de récréotourisme que d’environnement », constate M. Laliberté.

Forêts branchées

De plus en plus, la technologie se taille une place jusqu’au cœur de la forêt. L’utilisation d’images satellites et de drones permet notamment d’aller chercher beaucoup d’information. « La forêt de recherche et d’enseignement de l’Université Laval, la forêt Montmorency, souhaite mettre en place une couverture WiFi de tout son territoire, illustre M. Laliberté. Les visiteurs pourraient donc recevoir de l’information sur ce qui se passe dans la forêt et ils pourraient aussi nourrir la banque de données en notant leurs observations. »

Espèces envahissantes

Les espèces envahissantes, que ce soit des plantes ou des insectes, causent de plus en plus de soucis aux ingénieurs forestiers. « On peut penser au nerprun, un arbuste qui est en train d’envahir nos forêts en Estrie et qui empêche la régénération naturelle, illustre M. Laliberté. L’agrile du frêne a aussi beaucoup fait parler en raison des problèmes que cet insecte cause aux frênes. » Trouver des solutions à ces problématiques constitue un défi pour les ingénieurs forestiers.

Un ordre indépendant

Au Québec, les ingénieurs forestiers sont les seuls à avoir un ordre indépendant de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Cette situation s’explique par des raisons historiques, mais surtout par les formations différentes. « Notre génie a une grande composante de sciences naturelles, explique M. Laliberté. C’est ce qui nous distingue. Les autres génies s’appuient plus sur les sciences pures. »

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