Tuerie d’Orlando

Trump s’enfonce dans les théories du complot

Sept Américains sur dix ont désormais une opinion négative du candidat à l’investiture républicaine

Les observateurs qui s’attendaient à voir Donald Trump modérer ses envolées incendiaires depuis qu’il est le candidat présidentiel probable du Parti républicain ont maintenant leur réponse : depuis la tuerie d’Orlando, dimanche, Donald Trump a insinué que le président Obama était de mèche avec les terroristes, a dit que les musulmans cherchaient à « s’emparer des États-Unis » et affirmé qu’ils mèneraient la première puissance mondiale à sa perte.

« À terme, [le pays] ne survivra pas. Il faut que ce soit bien clair », a-t-il conclu hier dans un discours devant ses partisans à Atlanta.

Le public américain juge durement la façon dont Donald Trump se comporte depuis la tragédie de dimanche, dans laquelle au moins 49 personnes ont été abattues et plus de 50 ont été blessées. Un sondage dévoilé hier par CBS montre que 51 % des électeurs désapprouvent la réponse du candidat à la tuerie d’Orlando, tandis que 25 % l’approuvent.

L’impopularité personnelle de Donald Trump a quant à elle fait un bond : sept Américains sur dix ont maintenant une opinion défavorable du probable candidat républicain à la présidentielle, le pire score en plus d’un an, selon un sondage Washington Post-ABC News. Une analyse du site Politico a aussi montré hier que Hillary Clinton était en avance dans les intentions de vote de 8 des 11 États clés (swing states), selon les plus récents sondages.

« Dit froidement, il y avait un potentiel pour Donald Trump dans cette tragédie, mais il ne l’a pas saisi. Il est allé beaucoup trop loin et a encore creusé le fossé avec l’élite de son parti. C’est de très mauvais augure pour lui. »

— Rafael Jacob, chercheur associé à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM

Devant ses partisans réunis à Atlanta, hier, « The Donald » s’en est pris aux musulmans qui immigraient aux États-Unis. « Ces gens ne nous respectent pas. Ils viennent dans notre pays, ils veulent s’en emparer. »

Il a aussi déclaré que les musulmans voulaient imposer la charia, ou loi islamique, aux États-Unis. « Ne vous contez pas d’histoires. C’est ce qu’ils croient. C’est ce qu’ils veulent. »

Comme solution, Donald Trump propose de mieux surveiller les quartiers à prédominance musulmane et les mosquées. « Nous ne sommes pas vigilants, et nous ne sommes pas ingénieux. Nous devons aller surveiller, respectueusement, les mosquées. »

ÉLUS RÉPUBLICAINS DÉÇUS

Les élus du Parti républicain ont été nombreux à critiquer la réponse de Donald Trump depuis l’attaque de dimanche.

Bob Corker, sénateur républicain et président du Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, a déclaré : « Traditionnellement [après une tragédie nationale], c’est le moment où les gens se rallient autour du pays, ce n’est manifestement pas ce qui s’est produit, et c’est très décevant. »

Le sénateur et ancien candidat à la présidence Lindsey Graham a été plus loin. « Je ne crois pas que [Donald Trump] ait le jugement ou le tempérament pour s’occuper de ces choses. »

Ces critiques surviennent après une série de remarques insultantes faites par Donald Trump, qui a remis en question l’impartialité d’un juge américain d’origine mexicaine, a renouvelé son appel à ce que les musulmans provenant de certains pays soient interdits de séjour aux États-Unis et a fait part de ses soupçons concernant le président Obama, qui aurait pu savoir que l’attaque d’Orlando allait survenir, selon lui.

« SOYEZ SILENCIEUX »

Hier, Donald Trump a aussi recommandé aux élus et aux leaders républicains de cesser de faire des commentaires à son endroit.

« Nos leaders doivent être plus durs, et ils doivent être silencieux. S’il vous plaît, soyez silencieux. Ne parlez pas. Soyez silencieux, parce qu’ils doivent être plus durs, plus ingénieux. Soit les républicains sont unis et s’entraident, soit ils me laissent le faire par moi-même. »

Rafael Jacob rappelle qu’il reste encore environ cinq mois avant les élections présidentielles. « Or, ça ne veut pas dire que Donald Trump a cinq mois pour unifier le Parti républicain, dit-il. Donald Trump n’est pas seul sur le bulletin de vote. Il y a des centaines, voire des milliers de candidats républicains qui jouent leur vie politique dans cinq mois. Ils ne vont pas lui donner 50 chances encore. Le risque, c’est que le parti atteigne un point de rupture. »

États-Unis

Trump suggère de ne plus vendre d’armes aux personnes qui font l'objet de surveillance

Le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump a suggéré hier de ne plus vendre d’armes à feu à des personnes figurant sur des listes de surveillance antiterroriste, au risque de se brouiller avec le lobby des armes à feu et son parti. M. Trump, qui clame son soutien indéfectible au droit des citoyens à porter des armes inscrit dans la Constitution, a indiqué dans un tweet qu’il allait « rencontrer des responsables du lobby des armes à feu [NRA], qui appuient [sa] candidature, à propos d'une interdiction pour les personnes qui sont sur une liste de surveillance antiterroriste ou sur une liste d’interdiction de vol d’acheter des armes à feu ». Ce puissant lobby, qui publiait sur Twitter encore mardi que de telles restrictions seraient « inefficaces, anticonstitutionnelles, ou les deux », a semblé entrouvrir la porte à Donald Trump hier, indiquant dans un communiqué que la NRA serait heureuse de rencontrer le candidat.

— Agence France-Presse

Tuerie d’Orlando

L’enquête se poursuit

Haro sur les menaces

Les autorités américaines ne toléreront aucune menace contre des musulmans après l’attentat d’Orlando, qui a suscité des messages de haine contre cette communauté, a prévenu hier le procureur fédéral. « Proférer ces menaces est non seulement mal, mais, dans la plupart des cas, illégal. Ça doit cesser », a déclaré Lee Bentley. Le représentant du FBI Ron Hopper a rappelé lors de la même conférence de presse que les « violations des droits civiques sont une priorité pour le FBI ». 

Aide du public

Les autorités ont invité le public à les aider dans leur enquête sur la tuerie. Ces responsables ont cependant refusé de s’exprimer sur des informations selon lesquelles la femme de Mateen serait inculpée. Une personne au courant du dossier, mais devant garder l’anonymat, a précisé que les autorités croyaient que la femme du tireur, une Américaine de 30 ans nommée Noor Salman, avait été mise au courant de l’attaque avant qu’elle ne se produise, dimanche. 

Allées et venues

Le FBI a récupéré le téléphone du tireur et utilisera les données de localisation pour vérifier s’il avait déjà visité le bar, a indiqué une source d’Associated Press. Le maire d’Orlando, Buddy Dyer, a raconté qu’Omar Mateen avait conduit sa voiture dans les environs de la ville floridienne, samedi soir, allant d’un endroit à l’autre avant d’ouvrir le feu au Pulse vers 2 h, dans la nuit de samedi à dimanche. 

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