Montréal

« Une série d’écrans de fumée », dénonce Projet Montréal

Le dernier budget de l’administration Coderre se compare à un vaste « exercice de marketing » et comporte une « série d’écrans de fumée », estime l’opposition officielle à l’hôtel de ville.

Ville-Marie :  plus de 10 millions de dépenses imprévues

Le maire de Montréal Denis Coderre a présenté hier le prochain budget de la Ville de Montréal comme celui de la « discipline ». Or, souligne le chef de l’opposition Luc Ferrandez, il a échoué cette année à garder le cap sur le budget de son propre arrondissement, Ville-Marie. En 2016, Ville-Marie a adopté un budget de 82,8 millions, mais prévoit réellement dépenser 93,5 millions d’ici la fin de l’année. Cette hausse est notamment attribuable à une augmentation d’environ 4 millions dans les contributions aux organismes. « M. Coderre s’est doté, dans l’arrondissement de Ville-Marie, d’un programme de commandites privé. Un programme qui lui permet, avec des dépenses de 50 000 $, 100 000 $, 75 000 $, de faire des événements et de contribuer à des groupes. Ce n’est pas contre la loi, mais s’il veut orienter son administration vers ça, qu’il le dise. Mais il fait le contraire : il dit ‟on va couper les dépenses, on va couper dans ce genre de folie-là”. »

Coderre s’est inventé un « 20e arrondissement »

Luc Ferrandez reproche également au maire Coderre de s’être dégagé une somme de plus de 47 millions de dollars pour financer de « nouvelles priorités » comme la politique de l’enfant, une course de Formule E ou le nouveau programme de la police de Montréal intitulé « agenda de vigilance ». Cette somme est comparable au budget de plusieurs arrondissements. « Il y avait 19 arrondissements, maintenant il y en a 20. Le 20e arrondissement, c’est un budget discrétionnaire que le maire s’est donné pour faire différents projets : des choses qu’il a vues à la télévision, dans ses voyages, des idées qui lui viennent comme ça… Le programme de vigilance des policiers, ça sort de nulle part, alors que ça fait longtemps qu’on dit qu’il faut mieux gérer les policiers en donnant des contraintes au temps supplémentaire », a dit M. Ferrandez.

Des économies pour embaucher plus de cadres

La conseillère municipale Laurence Lavigne-Lalonde, qui est également membre de la formation politique Projet Montréal, compare pour sa part le plan de réduction de main-d’œuvre du maire Coderre à une « magouille ». Elle souligne que si la rémunération globale des employés diminue de 51 millions en 2017, c’est grâce à l’entrée en vigueur de la loi 15 sur les régimes de retraite, qui permet à la Ville de faire des économies de 69 millions. « La masse salariale a donc augmenté de 18 millions. Ce n’est vraiment pas la saine gestion qu’on nous annonce », a-t-elle dénoncé.

Cet argent a surtout servi à créer des postes de direction « autour du maire Coderre », dit-elle. Mme Lavigne-Lalonde souligne que le nombre de directeurs de service est passé de 13 à 23 sous le règne du maire Coderre et que ce dernier a créé 8 bureaux spéciaux. « Les gens à la retraite dont la Ville refuse d’augmenter leur rente, qui est autour de 30 000 $, même à un demi-point de l’inflation, quand ils voient que cette économie-là sert à payer des cadres autour du maire, on les comprend de venir manifester devant l’hôtel de ville », a-t-elle souligné.

Le milieu des affaires salue le budget

Le milieu des affaires a salué le budget 2017 présenté par la Ville de Montréal, hier. Tant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) que l’Institut du développement économique se réjouissent de voir la métropole « rééquilibrer le fardeau fiscal ». Ces organisations dénoncent en effet le fait que le taux de taxation des immeubles commerciaux est quatre fois plus élevé que celui des résidences. « Ce budget de la Ville va dans la bonne direction. La prochaine étape sera le dépôt du projet de loi sur le statut de métropole par le gouvernement du Québec », a déclaré Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce. La FCEI a aussi salué les efforts pour le contrôle des dépenses.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.