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David Saint-Jacques est prêt pour le départ

À cinq mois de son départ pour la Station spatiale internationale, l’astronaute québécois David Saint-Jacques a profité hier du dévoilement d’une roche lunaire au Centre des sciences de Montréal pour faire le point sur la mission qui l’attend. Devant des dignitaires, des enfants, des médias et sa propre famille venue l’écouter, il a livré un plaidoyer sur l’importance de continuer à explorer et à élargir ses horizons. Extraits.

« Ce n’est pas un jeu. Ça va vraiment arriver. »

Le 6 juin dernier, David Saint-Jacques s’est rendu à Baïkonour, au Kazakhstan, pour assister au décollage d’une fusée Soyouz à destination de la Station spatiale internationale. Mais il n’était pas qu’un spectateur passif. En cas de malaise de la part de l’astronaute allemand Alexander Gerst, c’est lui qui se serait envolé à sa place. David Saint-Jacques est resté sur Terre. Mais en voyant la capsule Soyouz dans laquelle il prendra place dans cinq mois, l’astronaute québécois s’est imaginé son siège qui s’y trouvait. « C’est là que j’ai compris que ce n’est pas un jeu. Ça va vraiment arriver. Ç’a été un moment particulier, comme un petit instant de réalité », a-t-il dit lors d’un point de presse avec les journalistes.

« C’est comme si on avait acheté du matériel de camping et qu’on le testait dans la cour avant d’aller oser en montagne pour vrai. »

David Saint-Jacques a proposé cette image pour expliquer qu’une grande partie du travail fait dans la Station spatiale internationale servira à préparer les futures missions sur Mars. « Notre vrai rêve, c’est Mars », a-t-il dit, affirmant plus tard que ce ne serait pas à lui, mais bien aux enfants d’aujourd’hui de conquérir la planète rouge. « Je pense que les premiers astronautes qui vont aller sur Mars, les scientifiques qui vont inventer les principes dont on a besoin et les ingénieurs qui vont fabriquer la fusée et la base martienne sont nés. Ce sont les enfants d’aujourd’hui. Quand je vois des enfants, des fois je me demande : “Est-ce que ça va être lui ? Ou elle ?” », a lancé l’astronaute.

« Je suis sur un pont. Un pont qui relie les pays de la Terre. »

David Saint-Jacques a tenu ces propos pour montrer qu’alors que les pays se querellent souvent sur Terre, ils ont réussi à s’unir pour construire la Station spatiale internationale et pousser la conquête de l’espace. « Les quatre plus grands contributeurs au programme spatial mondial sont les États-Unis, la Russie, le Japon et l’Allemagne, a-t-il rappelé. Si vous connaissez un peu l’histoire, vous savez qu’il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pas beaucoup de collaboration entre ces pays : ils s’envoyaient plutôt des bombes sur la tête. Le domaine spatial est l’un des rares où les êtres humains travaillent main dans la main, dans un but commun. Et ça, ça me donne de l’espoir. »

« Notre vaisseau spatial à nous, les êtres humains, c’est la Terre. »

David Saint-Jacques a décrit l’exploit qu’accomplit la Station spatiale internationale en faisant vivre six astronautes en permanence dans le vide spatial. « La Station spatiale internationale, c’est notre première maison qui n’est pas sur Terre », a-t-il rappelé. Puis il a justement projeté une image de la Terre vue de l’espace. Et fait réaliser qu’elle accomplissait exactement la même chose, mais à plus grande échelle. « Cette affaire-là garde en vie des milliards d’entre nous dans le vide mortel de l’espace. C’est absolument miraculeux », a-t-il lancé. « Et vous voyez un tuyau qui apporte de la nouvelle eau et du nouvel air, vous ? Non. That’s it. C’est ça, notre vaisseau spatial. Et cette perspective et cette sagesse, on les doit au programme spatial. »

« Les problèmes qu’on a à résoudre pour aller sur Mars sont aussi ceux que nous avons à résoudre pour survivre sur Terre. »

David Saint-Jacques l’a rappelé de façon imagée : « On ne peut pas partir pour Mars avec un paquet de bouteilles d’eau. » Pour atteindre la planète rouge et en revenir, il faudra apprendre à recycler l’eau et l’air et à mieux gérer notre énergie : exactement les défis auxquels nous faisons face sur Terre. Les scientifiques devront également trouver un moyen de protéger les astronautes contre les cancers provoqués par les radiations cosmiques. « On sait que sur Terre, le cancer est aussi un grand problème de santé publique », a-t-il dit. Sans compter que les nations devront s’entendre et unir leurs efforts pour atteindre Mars. Et qu’elles doivent aussi le faire sur Terre pour assurer la survie de l’espèce.

« Ça vaut la peine de suivre son rêve, même si on ne se rend pas. »

David Saint-Jacques a servi ces propos à une petite fille qui lui demandait à quel âge il avait commencé à rêver d’être astronaute. Le Québécois a montré une photo de lui, âgé de 5 ou 6 ans, à un pupitre d’écolier. C’est à cet âge qu’il a commencé à rêver de l’espace. Mais il a prévenu sa jeune interlocutrice que le plus important pour lui n’était pas d’avoir réalisé ce rêve, mais bien de l’avoir porté toute sa vie. « Juste suivre son rêve te fait grandir et avancer, et quelque chose de bien va t’arriver. Avoir peur de ne pas atteindre son rêve n’est pas une bonne raison de ne pas en avoir un », a-t-il dit, suscitant des applaudissements spontanés. « Si tu n’as pas de rêve, c’est plate, parce que quelqu’un d’autre va décider pour toi. Et ça, c’est dommage », a-t-il ajouté.

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