Femme de passion

(É)changer de vie

Pour mieux concilier bambins et boulot, Isabelle Doucet, 34 ans, a mis sur pied une entreprise qui, un an et demi après sa naissance, lui permet déjà de voir grand. 

« À l’hiver 2012, je venais à peine d’accoucher de mon deuxième enfant et j’anticipais déjà le retour au travail. » Deux enfants, un poste dans l’ouest de la ville alors qu’elle habite la Rive-Sud, un conjoint qui travaille à temps plein, Isabelle Doucet redoutait la fin de son congé de maternité. Mais avec des obligations financières et l’envie claire de se réaliser professionnellement, pas question de se convertir en femme au foyer.

Avant l’arrivée de sa fille Florence en 2008, Isabelle partageait son temps entre la Chine et le Québec. « J’ai une formation en design de mode, mais je travaillais plutôt à la mise en marché pour une société de vêtements établie à Montréal. Je faisais le suivi des échantillons en Asie. Je concevais de nouveaux produits, je créais des contacts avec les fournisseurs, j’adorais ça. »

Avec un premier bébé cependant, plus question de partir en Chine pour plusieurs semaines à la fois. Isabelle fait plutôt des sauts de puce en Europe et aux États-Unis pour aider la société pour laquelle elle travaille à percer différents marchés. Quand le petit Félix se pointe le bout du nez en 2011, il faut encore revoir le plan professionnel de la famille. « Malik, mon conjoint, a un bon boulot en marketing. J’avais envie de me créer un emploi pour pouvoir travailler de la maison et bâtir mon propre horaire. Je ne voulais pas que mes enfants passent 12 heures à la garderie. Mais je ne savais pas trop quoi faire. »

Nécessaire bonne idée

Un jour, le déclic s’opère (probablement entre deux brassées de lavage). « Je triais les vêtements [déjà !] trop petits de mes enfants dans le but de les donner à une œuvre de bienfaisance. C’étaient des vêtements de marque en parfait état. Je me disais que c’était vraiment dommage parce qu’ils n’avaient presque pas été portés. Je perdais des sous, mais le système des friperies ne m’inspirait pas davantage. Je trouvais ça assez laborieux comme démarche : se déplacer, regarder des gens trier mes vêtements pour leur attribuer un prix. Non, franchement, ça ne me tentait pas. Je me suis dit que je ne devais pas être la seule à accumuler des quantités monstres de vêtements dans le sous-sol. » Comme les meilleures idées naissent souvent de la nécessité, c’est ainsi que le portail d’échange de vêtements pour enfants Minitrade.ca a vu le jour en avril 2012.

L’idée ? « Les gens s’inscrivent, on leur envoie gratuitement un sac de transport prépayé qu’ils remplissent et nous retournent. Nous trions les vêtements, leur attribuons un prix et créditons les clients qui se servent ensuite de cet argent pour acheter des vêtements plus grands sur notre site transactionnel. C’est économique et écologique. » Et ça fonctionne ? « On a plus de 10 000 clients au Canada, de la Colombie-Britannique jusqu’en Nouvelle-Écosse », tout ça après seulement un an et demi d'activité.

Voilà qui doit tenir la petite mère occupée ? « Oui ! Ce n’est pas de tout repos. Nous sommes maintenant quatre employés à temps plein. On a dû louer un entrepôt parce que notre stock devenait trop important. Nous voulons créer un volet pour l’échange de jouets qui nécessite d’adapter notre formule. Ça fait beaucoup, mais j’arrive à passer du temps de qualité avec mes enfants et aussi, je sais que les heures que je mets dans mon entreprise me rapportent à moi et donc, à ma famille. » Oui, parce que quand maman se réalise, tout le monde y gagne.

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