Chronique

P.K. Subban, le meilleur depuis Patrick Roy

Marc Bergevin devrait accélérer ses pourparlers avec P.K. Subban afin de prolonger son contrat. Car de la manière dont cet extraordinaire défenseur se comporte cette saison, la facture de l’organisation s’annonce de plus en plus salée !

Durant le séjour réussi du Canadien dans l’ouest du pays, Subban a été le chef d’orchestre. Bien sûr, il a reçu une mauvaise pénalité en fin de match à Calgary, privant ainsi son équipe d’une chance de niveler la marque. Mais n’oublions pas qu’il avait lui-même sonné le réveil des siens après un laborieux début.

Après cette rencontre, Subban a fait son mea-culpa. Et il a aussi lancé un message à ses coéquipiers : « On peut continuer à dire que c’est seulement le début de la saison. Mais il faut jouer mieux que ça. »

Au cours des trois rencontres suivantes, toutes remportées par le Canadien, Subban a donné l’exemple. C’est la marque d’un vrai leader. Même si le « C » est cousu sur le chandail de Brian Gionta, un joueur honnête, il est clair que dans les faits, Subban est déjà le capitaine de cette équipe.

Ce matin, Subban domine le Canadien pour les points (8), les plus et les moins (+ 6) et le temps de glace (moyenne de 24:58 par match).

Au-delà de ces chiffres révélateurs, son énergie galvanise ses coéquipiers et dérange ses rivaux. Et Subban semble encore meilleur lorsque les projecteurs sont braqués sur lui, comme ce fut le cas dans l’Ouest, où il a été hué par les amateurs.

Au printemps dernier, Serge Savard, un fin observateur, n’avait pas fait de mystère. À son avis, Subban était le meilleur défenseur de la LNH. « Sur la glace, il n’a aucune faiblesse. Il patine extrêmement bien, ses lancers sont puissants et il est dur physiquement. Personne n’aime jouer contre lui », disait l’ancien DG du Canadien.

Quelques semaines plus tard, Subban a reçu le trophée Norris. À ceux qui croyaient que la courte saison l’avait peut-être indûment avantagé, le numéro 76 répond avec éclat depuis le début du calendrier.

Vous savez quoi ? Il y a longtemps, très longtemps que le Canadien n’a pas aligné un athlète pareil. Quand on pense qu’Alex Kovalev a sans doute été le joueur le plus excitant des 10 dernières années, lui qui prenait congé un match sur deux, on constate que les partisans n’ont pas été gâtés.

Subban, à n’en pas douter, est le meilleur joueur du Canadien depuis Patrick Roy. Sa personnalité est aussi forte, son talent aussi immense. Les Coupes Stanley ? Elles viendront…

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Autour de Subban, le Canadien compte sur un noyau prometteur. Voilà pourquoi l’avenir s’annonce si intéressant.

D’abord, Carey Price connaît un début de saison au-delà des espérances. L’arrivée de Stéphane Waite, son nouvel entraîneur personnel, lui a été profitable. Cela dit, ses succès s’expliquent aussi – en partie – par la course au poste de premier gardien d’Équipe Canada aux Jeux de Sotchi.

La direction du Canadien a toujours soutenu que Price était un athlète orgueilleux, très à l’aise dans les premiers rôles… sur la patinoire !

En ce début de saison, le parfois ténébreux gardien justifie cette analyse. Price ira à Sotchi, c’est certain. Mais il n’a sûrement pas le goût d’y jouer les seconds violons derrière Corey Crawford, Roberto Luongo ou Mike Smith. Il s’agit d’un facteur de motivation additionnel.

Ensuite, à l’attaque, Lars Eller, Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher donneront le ton pour plusieurs saisons. Je l’ai déjà écrit et je le répète : le Canadien sera un aspirant sérieux à la Coupe Stanley en 2015-2016.

D’ici là, il y aura des périodes difficiles, des moments de doute et sans doute quelques crises. Mais si Marc Bergevin demeure fidèle à son plan, et si Michel Therrien reste maître de la situation, le Canadien renouera – sous leur gouverne – avec sa gloire passée.

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Bon, reste un épineux dossier à régler : le contrat de Subban. Avant la saison, plusieurs organisations ont fait signer des ententes à long terme à leurs meilleurs espoirs, même s’ils ne comptaient pas assez d’années de service pour obtenir l’autonomie complète.

Ce fut notamment le cas du Colorado (Gabriel Landeskog), de San Jose (Logan Couture) et d’Edmonton (Ryan Nugent-Hopkins). Et en décembre 2009, les Blackhawks de Chicago ont agi ainsi avec Patrick Kane et Jonathan Toews.

En août dernier, Marc Bergevin s’est dit ouvert à discuter avec le clan Subban. Le défenseur de 24 ans en est à la dernière année d’un contrat lui valant une moyenne de 2,875 millions par saison. Il sera joueur autonome avec restrictions en juillet prochain, ce qui vaut au Canadien un droit de premier refus en cas d’offre hostile.

Combien vaut Subban ? Le mois dernier, j’aurais dit qu’une entente semblable à celle de Kristopher Letang, 58 millions en 8 ans, soit 7,25 millions par saison, représentait un exemple intéressant.

Aujourd’hui, je n’en suis plus si sûr. Subban est le joueur-clé du Canadien. Il est sûrement aussi utile à l’équipe qu’Evgeni Malkin l’est aux Penguins de Pittsburgh. Or, Malkin a signé l’été dernier une entente de 76 millions (8 ans à une moyenne de 9,5 millions).

Subban atteindra-t-il ce plateau ? Si ce n’est pas le cas, il le frôlera.

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