Camps de filles

Le retour du genre

« Le genre revient. Hélas, diront certains, dont je suis. » Le sociologue de la sexualité Michel Dorais observe ce retour en force du genre dans plusieurs sphères de la société. Un exemple ? « Vous avez vu la publicité pour les chocolats Kinder ? Ils proposent maintenant des jouets de filles. Donc les filles peuvent en manger… Seigneur, on revient aux jouets de filles et aux jouets de gars », se désole-t-il.

Ironiquement, en Europe, on observe la tendance contraire : certains prônent les jouets « asexués », et quelques familles ont fait bien jaser en taisant le sexe de leur enfant, pour l’élever dans un univers le plus neutre possible. Au-delà des stéréotypes, quoi.

« Donc, on a l’impression qu’on fait du chemin. » Mais ce chemin est visiblement parsemé d'obstacles, constate le sociologue de l’Université Laval. « Vous savez, il n’y a pas d’évolution naturelle dans la société. Il faut se battre pour faire évoluer les choses. Et ça, les femmes le savent mieux que les hommes. Les femmes se sont battues pour l’égalité des sexes. Mais l’égalité des genres, elle, n’est pas gagnée. »

Parce que les mentalités sont longues à changer, croit-il. « Même au Québec. Il y a encore un discours très traditionnel voulant qu’il y ait une essence masculine et une essence féminine. Mais respecter ça, c’est retourner dans le passé ! »

Conclusion ? « Les camps de filles répondent peut-être à une demande, mais on peut certainement être critique, tranche-t-il. Ce qu’il faut, c'est des camps désexisés. Lancer le message à toutes les filles et à tous les garçons qu’ils peuvent être eux-mêmes. Il faut enlever toutes ces étiquettes. »

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