Opinion  Environnement

N'oublions pas les entreprises

Les entreprises québécoises sont inquiètes des répercussions qu’aura la nouvelle cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre

La Fédération des chambres de commerce du Québec a toujours donné son appui au marché du carbone, dans la mesure où il y aurait plus de joueurs qu’actuellement et que les cibles soient similaires pour les juridictions comptant des particularités semblables.

Depuis le dépôt du document de consultation et des recommandations du comité consultatif concernant l’apport du Québec à la lutte contre les changements climatiques, nous avons eu droit au point de vue des groupes environnementaux. Mais les attentes et les préoccupations du secteur économique, en ce qui a trait à la lutte contre les changements climatiques, doivent aussi être exprimées.

Pour la première fois, le ministère des Finances a publiquement chiffré les incidences sur le produit intérieur brut et l’emploi, associées à des cibles potentielles de réduction d’émissions. Le document de consultation fait état de ces chiffres, et les effets sur l’économie québécoise sont négatifs.

Les entreprises québécoises sont inquiètes des répercussions qu’aura cette nouvelle cible d’ici 2030 sur leur compétitivité. Cela doit être abordé dans le cadre de discussions franches et ouvertes, puisque dans le concept de développement durable, l’acceptabilité sociale, l’environnement et l’économie doivent être considérés sur un même pied.

Selon la FCCQ, le Québec ne pourra s’affranchir du pétrole du jour au lendemain. Il faut donc prévoir des étapes transitoires, dont des carburants à plus faible teneur en carbone.

Le Québec est déjà engagé dans cette voie, comme on peut le constater avec les nouveaux traversiers propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL) et la participation de 50 millions d’Investissement Québec dans Gaz Métro GNL. Aussi, en août dernier, le gouvernement du Québec approuvait un projet de 800 millions de la firme Stolt LNGaz à Bécancour pour une usine de liquéfaction de gaz naturel.

Or, le document de consultation ne fait mention nulle part du gaz naturel liquéfié comme moyen de réduire les émissions du Québec d’ici 2030, notamment dans les transports.

La FCCQ se réjouissait de l’arrivée de l’Ontario au sein de la Western Climate Initiative, non plus comme observateur, mais comme participant au marché du carbone. Or, cette province a décidé de fermer ses centrales au charbon au cours des dernières années, ce qui lui permettra d’atteindre sa cible de réduction d’émissions de gaz à effet de serre plus facilement par rapport au Québec. En effet, 99,5 % de notre électricité provient de centrales fonctionnant aux énergies renouvelables. Ainsi, d’autres secteurs d’activité économique devront compenser notre bonne performance au niveau de la production d’électricité.

La compétitivité des entreprises ontariennes et québécoises ne sera donc pas sur un même pied. Le gouvernement doit dès maintenant dire où il prendra l’argent pour financer cette nouvelle cible, quels secteurs d’activité économique seront affectés et à quelle hauteur.

Ce ne sont là que quelques exemples des éléments qui devront être considérés pour établir la cible de 2030. Notre organisation contribuera de façon constructive aux discussions sur les perspectives de réduction et les mesures possibles, en proposant des solutions novatrices et adaptées aux réalités des entreprises du Québec.

Il existe des opportunités de développer une économie prospère et durable, notamment en modernisant la réglementation visant la performance énergétique des bâtiments et des appareils. La démarche gouvernementale en matière de lutte contre les changements climatiques doit refléter les attentes et les préoccupations de tous les acteurs concernés, dont celles des entreprises.

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