Commission sur les enjeux énergétiques

Des demandes tous azimuts

Après avoir passé un mois à écouter les Québécois parler d’énergie, les commissaires mandatés par le gouvernement Marois pour élaborer la prochaine stratégie énergétique sont surpris de constater à quel point ils ne savent pas ce qu’ils veulent.

Rares sont ceux qui ont une vision globale de la question énergétique, que ce soient les entreprises, les groupes environnementaux ou les simples citoyens, estiment Roger Lanoue et Normand Mousseau, coprésidents de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, dans une entrevue avec La Presse Affaires.

Dans la même journée, les commissaires ont entendu des intervenants réclamer le redémarrage de la centrale nucléaire Gentilly-2 et d’autres, son démantèlement immédiat. Ils se sont fait dire qu’il fallait réduire les tarifs d’électricité pour rendre les entreprises plus compétitives et les augmenter pour améliorer l’efficacité énergétique.

« Beaucoup de gens sont venus nous dire qu’il faut absolument se débarrasser de notre dépendance au pétrole pour ensuite prendre leur voiture et rentrer chez eux », illustre encore Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal.

Roger Lanoue, un dirigeant d’Hydro-Québec aujourd’hui à la retraite, n’en revient pas du nombre d’intervenants qui veulent que le gouvernement investisse pour produire davantage d’énergie éolienne, solaire, de la biomasse et encore plus d’hydroélectricité. « Même quand on souligne les surplus d’électricité qu’on a, ça ne les fait pas changer d’idée », s’étonne-t-il.

Une foule d’intervenants sont venus demander au gouvernement d’investir dans de multiples filières énergétiques nouvelles. Les deux commissaires ont renoncé à additionner ces investissements : le total serait astronomique !

Des pistes

Maintenant qu’ils ont écouté les Québécois, les commissaires doivent tracer les balises de la prochaine stratégie énergétique du Québec.

À peu près tous les groupes d’affaires ont reproché au document de consultation de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec d’avoir un parti pris environnementaliste et d’ignorer le développement économique.

« Il ne s’agit pas de choisir entre le développement économique et la survie des mammifères sur la planète, dit Roger Lanoue. On est obligés de choisir les deux. »

Au-delà des grands principes, les deux commissaires devront répondre à des questions difficiles. Par exemple, devrait-on continuer de subventionner les alumineries avec des tarifs d’électricité réduits ?

« L’ère de la politique industrielle basée sur de bas prix de l’électricité pendant des décennies est terminée », avance à ce sujet l’ancien dirigeant d’Hydro-Québec. Roger Lanoue pense qu’il faut aussi aborder la question de qui doit payer pour les politiques industrielles du gouvernement, les clients d’Hydro-Québec à même leur facture d’électricité ou les contribuables à même leurs impôts.

Normand Mousseau croit pour sa part que la première responsabilité de la Commission est d’orienter les investissements du secteur de l’énergie. Des investissements énormes sont en jeu, dit-il, tant pour les entreprises que pour les individus.

Le rapport et les recommandations de la Commission sont attendus à la fin de l’année.

En chiffres

La Commission sur les enjeux énergétiques du Québec

Consultations publiques du 4 septembre au 11 octobre

47 sessions aux quatre coins du Québec

420 mémoires reçus

65 entreprises ont été entendues

Coût de l’exercice : 1,5 million

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