Immobilier

Un projet de 350 millions au point mort

Un immense projet immobilier de 350 millions de dollars qui devait voir le jour à l’angle des rues University et Saint-Jacques, dans le Vieux-Montréal, est aujourd’hui au point mort.

Le promoteur DevMcGill avait annoncé en août 2012 la construction de 500 condos dans la partie est de ce vaste terrain vacant. Le Mouvement Desjardins et la firme Magil Laurentienne – propriétaires du lot – devaient pour leur part ériger des immeubles de bureaux dans la partie ouest, tout juste à côté.

Or, le ralentissement brutal du marché de la copropriété est venu tuer dans l’œuf la version initiale du projet. « Aujourd’hui, il n’y en a plus, de projet », a résumé Stéphane Côté, président de DevMcGill, en entrevue à La Presse Affaires.

« Il n’y a plus de partenaires, a-t-il expliqué. Pour avoir un projet, ça prend un site, ça te prend des partenaires qui veulent le faire, et après ça, tu conçois un projet et tu vas de l’avant. Là, il y a un site, mais les partenaires n’ont pas la même vision, alors ça s’arrête là. Ça ne sert à rien d’engager des architectes s’il y en a un qui veut aller à gauche et l’autre qui veut aller à droite. »

Les acheteurs avaient pourtant réagi avec enthousiasme au dévoilement du projet Univers, constitué de deux tours filiformes de 30 à 45 étages. Quelque 125 personnes s’étaient procuré des certificats « VIP » à 1000 $ en vue d’être les premiers à mettre la main sur un appartement. Les unités devaient se vendre entre 150 000 $ et 5 millions.

Les clients « VIP » ont finalement été avisés que le complexe résidentiel ne se matérialiserait pas, a confirmé Stéphane Côté. DevMcGill les a redirigés vers un autre de ses projets dans le Vieux-Montréal – le 30, Saint-Jacques –, qui devrait voir le jour dans les prochaines années.

Partenaires inquiets

L’arrondissement de Ville-Marie a donné son feu vert en décembre 2011 à ce vaste projet combinant bureaux, condos et espaces commerciaux. Selon un sommaire décisionnel, les coûts de construction totaux étaient alors estimés à plus de 350 millions.

Sans tambour ni trompette, Magil Laurentienne et Desjardins ont toutefois décidé de se retirer du volet résidentiel du projet il y a plus d’un an déjà, a appris La Presse Affaires.

« On a stoppé cette décision-là en septembre 2012, a confirmé Michel Bédard, vice-président, placements immobiliers, chez Desjardins Gestion d’actifs. Considérant le nombre de condos qui se construisaient au centre-ville de Montréal, on estimait que la situation n’était pas propice au développement d’un autre projet de condos. »

Les partenaires espèrent toujours lancer un projet de bureaux dans la partie ouest de ces terrains stratégiquement situés, en lisière du centre-ville de Montréal. Mais aucune des discussions entamées au cours des dernières années avec des locataires potentiels – dont Rio Tinto, Standard Life et Rogers – n’a porté ses fruits, ce qui rend financièrement impossible la construction d’un immeuble d’envergure.

« C’est toujours conditionnel à la prélocation, pour les bureaux sur University, et malheureusement, ce n’est pas le cas, a indiqué Richard Poirier, premier vice-président, location, chez Magil Laurentienne. On est toujours en attente de signer une entente avec un locataire nous permettant de démarrer le projet. »

Tant Magil Laurentienne que Desjardins ont bon espoir de lancer un jour un projet sur ces terrains de 138 000 pi2. Il n’est toutefois pas question de se presser, d’autant plus que Desjardins est propriétaire du lot depuis presque 20 ans déjà, a fait valoir Michel Bédard. Les stationnements qui occupent aujourd’hui le terrain permettent de payer 90 % des coûts de détention annuels, a-t-il précisé.

Il serait possible de lancer tout d’abord un volet commercial, pour ensuite construire des habitations quelques années plus tard, quand le marché du condo redécollera, a souligné M. Bédard.

DevMcGill, de son côté, était « le petit partenaire développeur » dans tout ce projet. Si une nouvelle version devait voir le jour, « il faudrait recommencer à zéro », car le marché a changé, a fait valoir Stéphane Côté.

Immobilier dans le Vieux-Montréal

Les détails du projet avorté

Le projet avait été autorisé par l’arrondissement de Ville-Marie en décembre 2011.

Les coûts de construction de l’ensemble du chantier étaient alors évalués à 350 millions.

Le projet prévoyait plus de 500 appartements, vendus entre 150 000 $ et 5 millions.

Plus de 125 clients s’étaient inscrits sur une liste d’attente « VIP », selon le promoteur.

Les deux immeubles de bureaux devaient totaliser 100 000 m2.

Sources : arrondissement de Ville-Marie, DevMcGill.

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