Petite enfance

Tout petits,
mais déjà polis !

Votre enfant a-t-il commencé à baragouiner ses premiers mots ? Si oui, il est déjà temps de lui enseigner les bonnes manières.

Ringard, la politesse ? Pas pour Nathalie, maman de Vincent, 9 ans, et de Jeanne, 6 ans. « L’apprentissage de la politesse est aussi important que celui de la marche, du langage et de la propreté, affirme-t-elle sans détour. Mon conjoint et moi nous sommes toujours entendus là-dessus : même si nos enfants ne sont pas encore totalement conscients de l’importance de la bienséance, il faut la leur enseigner. »

Nathalie a introduit le « merci » dès que ses enfants ont été en âge de parler. La manœuvre n’avait rien de coercitif : elle jouait simplement à dire merci lorsqu’ils lui tendaient des jouets. Selon Marianne Camirand, spécialiste en savoir-vivre et en étiquette, c’est une bonne période pour entreprendre l’apprentissage des bonnes manières. « Plus tôt on commence, plus on s’assure que ça devienne une seconde nature pour eux », dit celle qui offre des ateliers de politesse aux enfants de 5 à 12 ans ainsi qu’aux adolescents.

Elle conseille aux parents d’inculquer d’abord les « mots magiques » : bonjour, au revoir, bonne nuit, merci et s’il vous plaît. Dès que l’enfant sait tenir ses ustensiles, vers 2 ou 3 ans, on devrait le sensibiliser à la bonne tenue à table : se tenir droit, ne pas parler la bouche pleine, manger avec ses couverts et non ses mains, éviter de montrer les autres avec ses ustensiles et ne pas déposer les coudes sur la table.

À l’âge de 4 ou 5 ans, on devrait leur apprendre à saluer leur interlocuteur en le regardant dans les yeux, en se nommant et même en lui serrant la main. L’apprentissage du vouvoiement – une tradition revenue en force dans plusieurs écoles – devrait suivre rapidement.

LA CONVERSATION

Les parents ne devraient pas non plus lésiner sur l’importance de la prise de parole, estime Mme Camirand. Il s’agit ici de ne pas interrompre une conversation, d’attendre son tour pour parler et de savoir s’adresser poliment à un étranger. Élisabeth, mère de Mathilde, 6 ans, et de Benjamin, 4 ans, insiste beaucoup sur ce point. « À l’épicerie, une fois rendue à la caisse, ma fille avait l’habitude de demander illico à la caissière si elle avait quelque chose à lui donner, raconte-t-elle. J’estime que c’est extrêmement impoli. Je la reprenais chaque fois. Aujourd’hui, elle ne s’essaie plus et attend que la caissière lui offre un ballon. »

Parents, soyez persévérants et faites preuve d’humour. La politesse n’est pas un comportement inné. Les parents doivent donc s’armer de patience et s’attendre à reprendre souvent la même litanie de directives : « Qu’est-ce qu’on dit ? Merci ! Dis bonjour à la dame. Ne coupe pas la parole ! Mange la bouche fermée ! »

« C’est un travail de longue haleine, convient Marianne Camirand. Mais il faut aussi expliquer aux enfants le pourquoi de ces règles. Dans notre société, chacun ne peut en faire à sa tête, sans quoi ça deviendrait anarchique. Pour bien vivre ensemble, il faut respecter ces règles, tout comme on doit par exemple s’arrêter au feu rouge pour ne pas causer d’accident. »

APPRENTISSAGE EN DOUCEUR

La spécialiste conseille aux parents d’enseigner la bienséance avec douceur, mais fermeté. En plus de l’apprentissage au quotidien, ils peuvent faire des mises en situation ou parcourir des livres sur la politesse avec leurs enfants. « Ils doivent être persévérants, féliciter leur enfant quand il agit avec courtoisie et, surtout, prêcher par l’exemple », dit-elle.

Nathalie croit d’ailleurs que ses propres bonnes manières ont plus d’impact sur le comportement de ses enfants que toutes les leçons qu’elle pourrait leur servir sur le même sujet. « Les enfants imitent beaucoup leurs parents, observe-t-elle. Nous sommes leurs premiers modèles. » Nathalie n’hésite pas non plus à recourir à l’humour pour désamorcer certaines situations, par exemple lorsque son garçon ou sa fille s’entête à ne pas vouloir dire merci. « Je leur dis : "J’aimerais tellement te donner ton assiette, mais il me semble qu’il manque quelque chose…", illustre-t-elle. Je fais d’une pierre deux coups : la bonne humeur et la politesse reviennent en même temps ! »

Mais vient toutefois un temps où il y a des limites à exiger des petits qu’ils soient courtois. « Quand Benjamin est gêné, il ne parle pas, déclare Élisabeth. Alors, je n’insiste pas pour qu’il dise bonjour, merci ou s’il vous plaît. Ça ne sert à rien de le forcer. La timidité n’est pas de l’impolitesse. »

QUELQUES RESSOURCES

Les ateliers de savoir-vivre de Marianne Camirand

Des lectures pour les enfants : 

Cajoline : la fée Politesse,

François Daxhelet, Boomerang, 7,95 $

Léon et les bonnes manières, tomes 1 et 2

Annie Groovie, La courte échelle, 14,95 $

La série Zoé, princesse parfaite,

Auteurs variés, Fleurus, 9,95 $ chacun

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.