Philadelphie — On ne sait pas si ce sont les bandes sans commanditaires, l’éclairage imparfait ou le froid edmontonien qui régnait dans le Class of 1923 Arena, mais on avait rarement vu un entraînement de la LNH tenu dans un climat aussi austère que celui du Canadien, hier.
Au cœur d’une séquence de cinq défaites, dont les deux dernières étaient assez troublantes, les joueurs ont été soumis à un exercice qui semblait tout sauf agréable.
On a vu Jeff Petry souffrir après avoir reçu une rondelle sur une jambe. On a entendu Claude Julien hausser le ton à quelques reprises. On a vu Andrew Shaw frapper assez violemment Victor Mete. On a vu Carey Price atteint au masque par un tir. Sur la séquence suivante, il s’est retrouvé à plat ventre pendant qu’un coéquipier marquait. Le gardien a aussitôt évacué sa frustration sur la pauvre rondelle, qu’il a dégagée avec colère.
On pouvait le comprendre d’avoir la mèche courte : la patinoire était dans un état épouvantable, si bien que les poteaux sortaient de leurs trous à la moindre brise. Une situation frustrante pour des gardiens qui s’appuient sur leurs poteaux pour amorcer leurs déplacements.
Quand ce n’était pas ces volatils filets qui brisaient un exercice, c’était les deux cônes placés le long d’une bande, pour signaler une imperfection sur la surface. « La glace était vraiment molle », a déploré Phillip Danault après la séance.
Mais qu’importe les circonstances : Julien avait de l’enseignement à faire auprès de ses joueurs, qui ont été saignés de 20 buts pendant la séquence de défaites. La couverture défensive autour du filet était donc à parfaire.
« Certains soirs cette saison, on jouait bien, on sortait bien la rondelle de notre territoire, mais on ne profitait pas de nos chances de marquer, a expliqué Julien. Donc on travaillait là-dessus à l’entraînement suivant. Au dernier match, on ne gagnait pas nos batailles physiques, nos batailles de bâton pour récupérer les rondelles. En tant qu’entraîneur, tu veux voir une progression. Les jeunes progressent bien, mais on veut aussi progresser en tant qu’équipe. »
« Je me fous d’où on est au classement ou dans le calendrier, il faut toujours améliorer l’équipe. »
— Claude Julien
Pacioretty et les transactions
Les astres sont alignés pour que le climat soit tendu. L’équipe gît au 29e rang du classement général, ce qui atteint forcément les joueurs qui se préoccupent des succès collectifs. Et il y a la date limite des transactions, lundi prochain. Pour des vétérans, c’est l’incertitude de savoir si la famille devra déménager, quelle sera la prochaine destination, si prochaine destination il y a.
Au cœur de ces questions, il y a bien sûr Max Pacioretty, dont l’alléchant contrat le rend intéressant pour les équipes qui veulent se rendre loin au printemps.
Depuis sa nomination comme capitaine, le numéro 67 a toujours été disponible et patient pour répondre aux questions. Il l’a de nouveau été hier, mais a coupé court à quelques questions. Les rumeurs de transaction à son sujet l’atteignent-elles ? « Non. » Mais les influents informateurs de la LNH, notamment Elliotte Friedman, qui mentionnent fréquemment son nom dans leurs chroniques ou sur Twitter ? « Je ne suis pas sur les réseaux sociaux. » As-tu parlé à Marc Bergevin à ce sujet ? « Non, pas récemment. »
Pacioretty en arrache cette saison, et particulièrement depuis le début du mois, avec aucun but et seulement huit tirs au but en huit matchs. Ils sont nombreux à se demander si ce n’est pas là le jeu d’un joueur qui en a assez de la lourdeur de Montréal, de la défaite, de ses responsabilités de capitaine. C’est pourquoi il a été interrogé sur son désir de rester dans la métropole.
L’ailier gauche a fait un long soupir. « J’aime Montréal, ce n’est pas un secret. Je suis le capitaine de la plus grande franchise au monde. »
« Je ne sais pas ce qui arrivera, c’est hors de mon contrôle. Donc je préférerais ne pas en parler d’ici à la date limite, que quelque chose se produise ou pas. Le sujet est déjà amplement discuté, je ne veux pas ajouter de l’huile sur le feu. »
— Max Pacioretty
Julien peu ému
Quant à Claude Julien, comment gère-t-il des cas de la sorte, des joueurs qui vivront les six prochains jours dans l’incertitude ?
« Les 31 équipes ont des joueurs dans cette situation, a répondu l’entraîneur, visiblement peu ému. Peu importe ce que je dis aux joueurs, ça importe peu, car je ne prends pas les décisions. Au bout du compte, ça fait partie de notre réalité. Nous, les entraîneurs, on atteint des points où on ne sait pas si on va diriger le match suivant. Personne ne vient me réconforter.
« On sait pourquoi on fait ce travail et avec quoi ça vient. Des joueurs sont échangés. C’est peut-être plus stressant en ce moment, mais on doit réagir comme des professionnels. De mon côté, je dois essayer de coacher comme à l’habitude et leur faire sentir que c’est une journée comme une autre. »
C’est donc dans ce contexte que le Canadien attaquera les trois matchs à disputer d’ici la date limite des transactions. Au point où l’équipe en est, ce ne sont pas des victoires qui changeront quoi que ce soit à ses chances de participer aux séries. On devine toutefois que l’atmosphère serait un brin plus légère.
Weber, un cas problématique
Shea Weber (pied) brillait toujours par son absence hier. Le 29 janvier dernier, Julien avait parlé de deux ou trois semaines avant un retour, mais cet échéancier ne sera pas respecté. « Il n’est pas encore à son aise dans son patin. Les médecins continuent à l’évaluer en espérant trouver la solution, mais c’est assez délicat », a admis l’entraîneur-chef. Interrogé à savoir s’il ne valait pas mieux mettre fin à sa saison pour le revoir en pleine santé l’an prochain, Julien est demeuré évasif. « Je ne le sais pas, je ne suis pas au courant des petits détails. Il se fait évaluer, il est à Montréal. J’espère qu’on en saura plus bientôt. » Weber manque à l’appel depuis le match extérieur du 16 décembre et n’a disputé que 26 matchs cette saison.
— Guillaume Lefrançois, La Presse
Danault près d’un retour
Phillip Danault, lui, devrait revenir au jeu ce soir. Ni lui ni Julien n’ont voulu le confirmer, puisqu’ils attendent le feu vert final. Mais Danault patinait au centre, avec comme ailiers Alex Galchenyuk et Charles Hudon, dans ce qui ressemblait drôlement à un troisième trio. « Si je ne joue pas, ce ne sera pas à cause de ma tête », a expliqué Danault, estimant que c’était maintenant une question de forme physique. Son retour dans l’échiquier a fait en sorte que Julien a réuni Pacioretty, Jonathan Drouin et Artturi Lehkonen au sein d’un trio hier. Un autre blessé, Andrew Shaw, s’est exercé au sein du « cinquième » trio, avec Byron Froese et Jacob De La Rose. Son retour ne sera pas pour ce soir. Danault et Shaw sont absents depuis le 13 janvier. Enfin, Julien a indiqué que Carey Price sera le gardien partant ce soir.
— Guillaume Lefrançois, La Presse