Société

Sexe casher : le vrai et le faux

Les oiseaux le font, les abeilles le font. Même les rabbins le font. Comment le font-ils ? Ça, c’est une autre question... sur laquelle s'est penché Pause, alors que sort un film sur la vie intime des femmes juives hassidiques (Shekinah, en salle demain). Être juif orthodoxe n’implique pas juste de s’habiller comme au XIXe siècle ou de prier à longueur de journée. Une fois sous les couvertures, il faut observer toutes sortes de lois… Qu’est-ce qui est casher ? Notre enquête.

Mythe no 1

Faire l’amour à travers un drap

Légende urbaine. La Torah recommande de faire l’amour peau contre peau. Personne ne sait exactement d’où vient cette légende. Mais il est probable qu’elle trouve son origine dans les ponchos blancs (le tzittzit) que portent les hommes hassidiques sous leur chemise. Les non-initiés auraient aperçu ces bouts de tissu en train de sécher sur une corde à linge et les auraient confondus avec des draps troués.

Mythe no 2

Avant le mariage, les couples ne connaissent pas grand-chose du sexe

En effet. Dans la communauté orthodoxe, on ne parle pas de ces choses-là. Adolescents, les garçons et les filles ne se fréquentent pas et se touchent encore moins, gardant cette « expérience ultime » pour le mariage. Plus jeunes, certains ont suivi des cours sur la puberté. Mais leurs connaissances s’arrêtent à peu près là. Une fois fiancés, les futurs époux peuvent toutefois s’informer auprès d’une personne ressource, qui leur donnera plus de détails sur la marche à suivre ou ne pas suivre pour une vie sexuelle plus épanouie…

Mythe no 3

Les couples se rencontrent grâce au marieur

Pas toujours, mais souvent. Personnalité incontournable, le marieur a pour mission de jumeler l’homme et la femme. Il possède une base de données, avec les critères des candidats, ce qui lui permet de créer les meilleures combinaisons possible. Marieur bien connu à Montréal, le rabbin Ysroel Bernath a carrément créé un site de rencontres pour juifs célibataires (jmontreal.com). Sa clientèle inclut des orthodoxes comme des non-pratiquants. « J’organise en moyenne 30 rencontres par semaine, dit-il fièrement. Si le passage au paradis se mesure au nombre de couples formés, je dois avoir accumulé plusieurs laisser-passer gratuites! »

Mythe no 4

L’internet est une menace à la pureté des hassidim

Vrai et faux. Avec la montée de l’internet dans la culture ultra-orthodoxe, on sait que de plus en plus d’hommes consultent des sites pornographiques. Toutefois, il existe aussi des sites web sur le sexe qui sont considérés comme « casher ». Jewrotica.org, par exemple, en parle dans une perspective judaïque. Créée il y a un an, cette plateforme s’adresse à tous les juifs. Mais elle attire beaucoup de hassidim, qui cherchent des réponses à leurs questions dans un environnement décent. « Même nos histoires XXX ont un lien avec la Torah », résume Ayo Oppenheimer, fondatrice du site.

Mythe no 4

L’internet est une menace à la pureté des hassidim

Vrai et faux. Avec la montée de l’internet dans la culture ultra-orthodoxe, on sait que de plus en plus d’hommes consultent des sites pornographiques. Toutefois, il existe aussi des sites web sur le sexe qui sont considérés comme « casher ». Jewrotica.org, par exemple, en parle dans une perspective judaïque. Créée il y a un an, cette plateforme s’adresse à tous les juifs. Mais elle attire beaucoup de hassidim, qui cherchent des réponses à leurs questions dans un environnement décent. « Même nos histoires XXX ont un lien avec la Torah », résume Ayo Oppenheimer, fondatrice du site.

Mythe no 5

Amour oral, anal et condoms interdits

Théoriquement. Selon la Torah, l’homme ne doit pas gaspiller ses « graines ». Sous-entendu : son sperme ne doit pas aller ailleurs que dans son réceptacle naturel. Cela dit, d’autres types de contraception sont permis, dont le diaphragme et la pilule, pourvu que le rabbin l’autorise. Certains rabbins plus progressistes permettent également la fellation, pourvu que l’expérience se conclue de façon plus conventionnelle.

Mythe no 6

Pas de sexe pendant son « cycle délicat »

Vrai. Une femme qui a ses règles ne peut pas faire l’amour, car elle est considérée comme impure (niddah). « C’est dans la Bible. Son corps est en réaction. C’est un moment qui n’appartient qu’à elle », résume le rabbin Bernath. Parce qu’elle entretient le désir, cette façon de faire aurait à long terme un effet bénéfique sur les couples. Le septième jour suivant la fin des règles, après le bain purifiant de la femme (mikdah), le couple est toutefois obligé de passer à l’acte. Rappelons que faire l’amour est le premier commandement de la Torah.

Mythe no 7

Pendant l’amour, l’homme doit penser au rabbin

Euh… pas vraiment. Le sexe est pour les hassidim un acte profondément mystique. Il est donc indiqué de faire l’amour en ayant des pensées pieuses. Ça ne veut pas dire de penser au rabbin, mais plutôt d’éviter les pensées trop cochonnes, les fantasmes déviants, ou de penser à une autre femme. Pour le reste, on demande surtout d’être « dans le moment ». Ouf…

Mythe no 8

Les jouets érotiques judaïques ont la cote

Légende. Fondatrice de Jewrotica.org, Ayo Oppenheimer n’a même jamais entendu parler de ce genre d’objets. Son site vend toutefois des culottes et des t-shirts moulants au logo de Jewrotica. « Si j’avais voulu faire de l’argent, j’aurais pu vendre des vibrateurs avec une étoile de David. Mais je ne suis pas intéressée. Je laisse ça à d’autres. » Ironiquement, Jewrotica compte parmi ses admirateurs l’équipe d'AVN (Adult Video News), le plus important magazine mondial sur l’industrie du film porno, une entreprise fondée… par des Juifs.

Société

Désireux d’en savoir plus ? 

Shekinah, la vie intime des femmes hassidiques est présenté demain soir au Cinéma Outremont. La projection sera suivie d’une séance de questions avec le réalisateur du film, Abbey Jack Neidik, le rabbin Yisroel Bernath et Mindy Pollack, première femme hassidique candidate aux élections municipales.

Le dimanche 3 novembre, l’événement Le Mood présentera une série de conférences sur la sexualité et le judaïsme, données notamment par les auteurs du livre Rabbis in Love, le rabbin « marieur » Yisroel Bernath et la fondatrice du site Jewrotica Ayo Oppenheimer. Le Mood est un événement annuel consacré à la culture juive contemporaine. lemood.ca

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