production d’Aluminium sans CO2

Rio Tinto, Alcoa et Apple investissent au Saguenay

Saguenay — Rio Tinto, Alcoa et Apple se sont associées pour développer au Saguenay la première technologie de fusion d’aluminium à zéro émission de carbone au monde, avec le soutien de Québec et d’Ottawa.

La coentreprise, baptisée Elysis, recevra au total 188 millions de dollars versés par les trois entreprises, tandis que Québec et Ottawa mettront 60 millions.

Le producteur d’aluminium Alcoa et la société minière Rio Tinto affirment qu’il leur a fallu des décennies pour développer le procédé, qui élimine toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) généralement produites par la fusion traditionnelle de l’aluminium en produisant plutôt de l’oxygène.

« Une fois pleinement développée et déployée, cette technologie éliminera les émissions directes de gaz à effet de serre dégagées par le procédé d’électrolyse et renforcera l’industrie hautement intégrée de production et de transformation de l’aluminium au Canada et aux États-Unis », explique Rio Tinto dans un communiqué.

Productivité et frais d’exploitation

Rio Tinto précise qu’Elysis aura accès à une foule de brevets et d’objets de propriété intellectuelle. Le président-directeur général d’Elysis, Vincent Christ, explique que Rio Tinto possède l’expertise pour amener une technologie qui fonctionne au niveau industriel.

Quand cette innovation se répandra dans les alumineries du pays, « la productivité sera augmentée de 15 % et les coûts d’opération vont baisser de 15 % », a-t-il dit.

La nouvelle usine sera construite dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, berceau de l’industrie au Canada. Elle emploiera 100 personnes et pourrait créer plus de 1000 emplois d’ici 2030. Le secteur emploie 10 500 personnes au Canada, pour l’essentiel au Québec.

Le Québec aura droit à une participation en capital de 3,5 % dans le projet.

La nouvelle technologie, mise au point et brevetée par Alcoa, devrait être vendue sous licence à partir de 2024 pour la mise à niveau des usines de fusion existantes ou pour la conception et la construction de nouvelles installations.

Réduction des GES

Elle pourrait contribuer, selon Ottawa, à réduire d’environ 6,5 millions de tonnes les émissions de GES du Canada, ce qui équivaut à retirer 1,8 million de voitures de la route.

« Nous sommes fiers de participer à ce nouveau projet ambitieux et nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons utiliser de l’aluminium produit sans émissions directes de gaz à effet de serre dans la fabrication de nos produits. »

— Tim Cook, PDG d’Apple

« Les Québécois ont une part dans cette entreprise », a noté le premier ministre du Québec Philippe Couillard en conférence de presse hier, applaudissant ce qu’il qualifie de « bel exemple de partenariat économique dans un contexte nord-américain ».

« Ce projet nous permet de nous rapprocher des cibles de l’accord de Paris », s’est de son côté réjoui le premier ministre du Canada Justin Trudeau.

M. Couillard a rappelé que cette technologie commençait à être déployée et qu’il faudrait attendre encore quelques années avant qu’elle ait un impact sur les émissions de gaz à effet de serre. « On peut penser qu’entre 2022 et 2030, c’est là que va se produire l’impact de cette nouvelle technologie », a-t-il dit.

Le rôle-clé d’Apple

Alcoa et Rio Tinto vont investir 55 millions dans le projet.

Le géant technologique Apple verse de son côté 13 millions, en plus d’avoir facilité la collaboration entre Alcoa et Rio Tinto. L’entreprise s’est également engagée à offrir du soutien technique pour le projet.

« Apple a eu un rôle-clé là-dedans. C’est Apple qui a facilité l’accord entre Alcoa et Rio Tinto parce qu’ils sont à la recherche d’innovations et de produits qui sont à faible empreinte de gaz à effet de serre », explique Vincent Christ.

« Le fait qu’Apple soit associée à cette technologie est une très bonne nouvelle », a lancé M. Couillard, ajoutant que plusieurs personnes dans la salle étaient sans doute des utilisateurs d’iPhone.

« Ces appareils seront faits, lorsque la technologie sera disponible, par de l’aluminium sans carbone. C’est pourquoi ils s’intéressent à cette technologie », a-t-il ajouté.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.