Petites bêtes

Métier : chien de réadaptation

Reconnus pour guider les personnes malvoyantes, les chiens MIRA ont été progressivement entraînés pour accompagner les bénéficiaires de centres de réadaptation.

Devant le succès de cette méthode de travail, le centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) Jean-Louis-Lapierre a choisi d’utiliser Sirius, labernois de 3 ans, dans son programme de réadaptation à la marche avec des personnes âgées. De quoi leur redonner la force d’avancer.

Hélène Grignon est thérapeute en réadaptation physique depuis 10 ans au CHSLD de Saint-Constant. Il y a un an, elle a accepté de relever un nouveau défi : partager ses journées avez Sirius, un labernois qui l’épaule dans la réadaptation de ses patients.

« Je suis allée le chercher en mai 2012 et on s’est exercés tout l’été ensemble avant sa venue au CHSLD en septembre. On ne fait pas de la zoothérapie, mais bien de la réadaptation, et Sirius est un chien d’accompagnement entraîné par MIRA. Il agit un peu comme un accessoire, pour faciliter la réadaptation physique à la marche, par exemple », explique Hélène Grignon.

Plus stimulant qu’une béquille ou un déambulateur, Sirius motive les résidants du CHSLD à se dépasser. Il s’agit toutefois d’un défi de taille pour Mme Grignon.

L’autonomie à portée de laisse

« C’est ma première expérience avec un chien. J’aime sortir des sentiers battus, mais je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais. Tout s’est fait rapidement et depuis, il vit avec moi à la maison. Je l’emmène au travail tous les matins et il reste avec moi ou, selon les clients, dans le local de réadaptation », précise la thérapeute.

Les chiens d’assistance gagnent de plus en plus en popularité auprès des personnes ayant une déficience motrice ou présentant des atteintes neurologiques. Ils permettent aux gens d’atteindre une plus grande autonomie tout en éliminant la nécessité de requérir constamment l’aide d’une autre personne. L’entraînement vise à habiliter le chien d’assistance à remplir de façon sûre cinq fonctions précises auprès des personnes handicapées, soit la préhension, l’appui et le transfert, le support et le déplacement, la traction et l’alerte.

« Sirius aide les gens à retrouver un patron de marche plus fonctionnel. On s’en rend vraiment compte. Avec les personnes en perte cognitive, il est souvent très difficile d’expliquer comment ça fonctionne, mais avec le chien, ça se fait presque naturellement. On doit juste contrôler la vitesse de l’animal et il y a un automatisme qui se fait dans le cerveau : la posture se corrige toute seule. On travaille plein de choses en même temps sans avoir à dire un mot. Je peux aussi faire travailler un bras de différentes façons, en faisant brosser le chien, par exemple », précise Mme Grignon.

Une chien très demandé

Sirius peut être utilisé avec ou sans harnais de marche, comme appui pour conserver l’équilibre, pour motiver la personne à bouger ou pour la distraire. Le chien sert aussi de support dynamique pour réapprendre à marcher, il impose un pas fluide et une allure régulière que la canne ne permet pas.

« Je vois les résultats. Les gens sont heureux et fiers de travailler avec Sirius. Ils marchent la tête droite, et juste ça, c’est génial », dit la thérapeute.

Mais il existe une différence notable entre le CHSLD Jean-Louis-Lapierre et un centre de réadaptation. « En réadaptation, l’animal est moins sollicité. Ici, le plus dur est que tout le monde veut le toucher. Les gens comprennent mal que le chien ne puisse être approché que par les gens que j’autorise pour faire de la thérapie. Je dois garder un certain contrôle sur le chien », explique-t-elle.

De nombreuses règles entourent en effet l’adoption d’un chien MIRA. « Le faire courir quand il est en laisse ou le laisser interagir avec trop de personnes peut le déphaser. Cela va faire un an que je l’ai, alors il a encore beaucoup de choses à apprendre. Mais on aimerait que l’ergothérapeute puisse travailler avec lui, la psychoéducatrice aussi. Le chien va devoir apprendre à s’adapter », note Mme Grignon.

« Les gens veulent marcher ou travailler avec lui, ce qui me permet de toucher une clientèle que je ne rejoignais pas avant, ou des gens qui, par peur ou manque d’intérêt, ne voulaient pas réapprendre à marcher », souligne-t-elle.

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