Adrénaline
À l’assaut des sentiers
La Presse
La Fédération québécoise des motos hors route (FQMHR) vient de lancer une campagne de sensibilisation dont l’objectif ambitieux est d’encadrer la pratique du loisir sous toutes ses formes. « Notre job de sensibilisation est d’aller chercher les utilisateurs et de les diriger à la bonne place », explique Benoit-Gilles Depont, directeur général de la FQMHR. Bref, faire comprendre aux amateurs que les motocross sont interdits en sentier, sous peine de contraventions sévères. Et que l’on ne peut pas aller n’importe où en sentier, qu’il y a des règles à suivre pour le bien de tout le monde.
Le slogan de la campagne de la FQMHR – « Sois hors route, pas dans le champ » – résume bien l’idée de la Fédération, qui a enfin les moyens de ses ambitions. Elle offre maintenant un soutien financier aux clubs et aux parcs membres, que ce soit pour la réparation de sentiers et de ponceaux ou pour l’embauche de secouristes dans les parcs de motocross.
Pourquoi cette soudaine générosité ? D’abord parce que la prime versée à la FQMHR à même l’immatriculation des motos hors route a été bonifiée, passant de 6 $ à 16 $, mais surtout parce qu’on a trouvé le moyen de considérer les motos hors route pour ce qu’elles sont. À la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), on ne reconnaissait dans les faits que 3000 motos hors route parce qu’elles sont assimilées, sans distinction, aux quelque 362 000 véhicules hors réseau, faute de système d’identification adéquat.
« On a finalement pu récupérer les fichiers de la SAAQ pour les faire analyser, a dit Benoit-Gilles Depont. On a identifié qu’il y avait 24 000 motos hors route dans les registres. » En deux ans, le financement a donc explosé, passant d’un famélique 18 000 $ à 432 000 $.
Ces sommes consacrées à l’amélioration du réseau de sentiers ont permis de convaincre bon nombre de clubs de VTT d’accueillir les motos. Ce sont bien souvent des associations actives sur d’immenses territoires comprenant des milliers de kilomètres de sentiers en terres publiques. Si bien que les membres de la FQMHR peuvent maintenant compter sur plus de 8000 km de sentiers balisés et entretenus.
« Notre objectif est de constituer une véritable colonne vertébrale de sentiers pour relier toutes les régions du Québec », affirme le directeur général de la FQMHR, qui a incidemment lancé l’application mobile iMotoHR pour guider les motocyclistes sur les sentiers fédérés.
Le reste du travail doit se faire auprès des autres clubs de quads qui, dans la plupart des cas, ont dû s’entendre avec des propriétaires privés. « Certains clubs ont dû négocier jusqu’à 400 droits de passage, ils hésitent donc à aller renégocier avec les propriétaires pour ajouter les motos au contrat, craignant que ces derniers ne soient plus les mêmes ou qu’ils aient changé d’avis, explique M. Depont. Aussi, on souffre encore de la mauvaise perception qu’on a des motos hors route, si bien que les comportements délinquants ont souvent été mis sur le dos des motos, même si ce n’est pas toujours le cas. »
La campagne « Soit hors route, pas dans le champ » comporte ainsi un volet éducatif important qui vise à sensibiliser les motocyclistes à des pratiques sécuritaires et respectueuses de la loi et d’autrui. Ainsi, à partir d’avril 2015, les jeunes de 6 à 15 ans devront suivre une formation obligatoire avant de pouvoir rouler en parc et en compétition. Jusqu’à maintenant, la pratique est tolérée malgré le fait qu’elle soit illégale. Une autre initiative qui devrait permettre d’accélérer les changements de mœurs en cours dans le milieu encore un peu rebelle de la moto hors route.