Portfolio  Travailleurs immigrants

Dépisteur de talents

Patrick St-Louis est dépisteur de talents. Il fait le pont entre les grands donneurs d’ordres et les travailleurs qualifiés. L’une de ses spécialités : dénicher des talents parmi la population immigrante. Grâce à lui, les entreprises de pointe trouvent la main-d’œuvre qui leur manque pour croître. Mais surtout, il permet aux nouveaux arrivants de participer à l’essor économique du Québec.

Actuellement, Patrick St-Louis, président et cofondateur de MSB ressources globales, compte 160 employés qu’il déploie, à la manière d’une agence de placement, dans une quinzaine d’entreprises en aéronautique et dans le secteur ferroviaire. Du lot, 57 % ont été formés à l’étranger et ne vivent au Québec que depuis quelques années seulement.

Parmi ceux-ci : Alexandre Grote et Rija Rakotomalala, respectivement originaires du Brésil et de Madagascar. Ces deux néo-Québécois travaillent pour Bombardier aéronautique, mais demeurent encore sur la liste de paye de MSB ressources globales.

Leurs histoires se ressemblent. Ils sont arrivés au Québec il y a deux ou trois ans, avec femme et enfants. Leurs diplômes et leur expérience de travail ont joué en leur faveur dans l’obtention d’une résidence permanente.

Après avoir été pris en charge par « le système », ils ont été mis en contact avec Patrick St-Louis, qui est passé maître dans l’art de rencontrer de nouveaux arrivants, lire leur CV et détecter leurs forces, et donc d’être capable de savoir où leurs compétences seront utiles et reconnues.

Rija Rakotomalala, 38 ans, parle couramment le français. Le Malgache a étudié six ans dans l’Hexagone avant de retourner à Madasgacar où, comme militaire, il travaillait en maintenance aéronautique. Six mois après son arrivée au Québec, en 2011, MSB ressources globales l’a pris sous son aile. Un mois de formation plus tard, il se trouvait du boulot chez Bombardier à titre de logisticien. Il est en poste depuis février 2012.

« Je suis parmi les chanceux, dit-il. J’ai rencontré des docteurs en sciences qui n’arrivaient pas à se trouver du travail. On est très impatient de travailler en arrivant. Ça s’est donc très bien passé pour moi. »

Alexandre Grote a dû patienter un peu plus longtemps, même s’il avait derrière la cravate 12 ans d’expérience de travail chez l’avionneur Embraer. Le Brésilien de 42 ans a dû apprendre le français. Il en a eu pour un an. Il a ensuite été mis en contact avec Patrick St-Louis. Résultat, l’ingénieur industriel travaille au centre de finition de Bombardier depuis plus de deux ans.

« Il y a des secteurs comme le droit ou la médecine où c’est plus difficile de trouver du travail ou de faire reconnaître ses diplômes. Je crois que l’important, c’est de bien se préparer. Trop de gens négligent cela et s’imaginent qu’ils vont trouver du travail dès qu’ils arrivent ici », explique M. Grote.

Prise en charge

Contrairement aux agences de placement, MSB ressources globales se targue de former et d’encadrer ses travailleurs, explique Patrick St-Louis. Avant, durant et, lorsque cela s’applique, après le processus d’embauche.

« L’aéronautique et le ferroviaire sont des secteurs très "normés" où les travailleurs doivent être très bien préparés, dit-il. On ne fait pas seulement qu’embaucher des gens pour ensuite les placer en entreprise ; on les forme en conséquence, que ce soit avec nos propres programmes ou en partenariat avec des écoles de formations spécialisées. »

L’entreprise de Patrick St-Louis a beau se démarquer du lot, elle n’est pas unique en son genre. D’autres PME québécoises comme la sienne voient à former et à préparer des travailleurs (formés à l’étranger ou pas) pour le compte des grands donneurs d’ordres, tous secteurs confondus.

Le créneau est donc porteur. Car tant qu’un travailleur n’est pas directement embauché par une grande entreprise, il demeure dans la banque de candidats de MSB ressources globales qui, en retour, offre à ses employés des avantages sociaux et de la formation continue.

Quant à la façon dont les immigrants sont reçus au Québec, Patrick St-Louis reconnaît que les autorités déploient « beaucoup d’énergie » pour accompagner et intégrer les nouveaux arrivants. « Mais on ne sensibilise peut-être pas assez les employeurs. Ceux-ci doivent s’ouvrir davantage. Il faut leur faciliter la tâche, les accompagner encore plus », dit-il.

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Favoriser la rétention

Plus que jamais, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) veut « arrimer l’immigration et les besoins du marché du travail », explique Karine Baribeau, conseillère en communications au MICC. Résultat, des modifications et quelques nouveautés ont été mises de l’avant en 2013.

Au début du mois de novembre, le MICC a lancé « Un Québec fort de son immigration ». Il s’agit d’un « plan d’action pour la francisation et l’intégration des personnes immigrantes ». On y trouve près de 25 actions concrètes, notamment : améliorer le niveau de préparation avant l’arrivée au Québec, offrir davantage de cours de français adaptés à certains secteurs d’activité, favoriser l’établissement durable en région, etc.

Depuis le 1er août, les candidats à l’immigration qui ont une très bonne connaissance du français oral et écrit reçoivent désormais plus de points dans la grille d’évaluation pour l’obtention du statut de résident permanent.

Autre nouveauté : le programme expérience québécoise (PEQ). Cette mesure permet une meilleure rétention de travailleurs disposant d’un permis de travail temporaire. Autrement dit, au lieu d’attendre des mois afin d’obtenir leur certificat de sélection du Québec (qui donnera le signal à Immigration Canada que le demandeur peut recevoir le statut de résident permanent), la demande sera approuvée dans un délai de 20 jours ouvrables.

— Stéphane Champagne, collaboration spéciale

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77 363

Nombre de demandes, en date du 30 juin 2103, de certificats de sélection présentées au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) par des ressortissants étrangers dans la catégorie de l’immigration économique. De ce nombre, 65 202 demandes provenaient de travailleurs qualifiés, 11 920 d’investisseurs et 241 d’entrepreneurs et de travailleurs autonomes.

20 000

Depuis l’été dernier, le nombre maximal de demandes à recevoir pour les travailleurs qualifiés a été fixé à 20 000. Pour les entrepreneurs et les travailleurs autonomes, le nombre de demandes fixé par le MICC ne pourra dépasser 500. Pour les investisseurs, le plafond est fixé à 1750.

Source : ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC)

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