Soins de santé pour animaux

Médecins

et vétérinaires,

main dans la main

Dans la salle de réveil de l’hôpital vétérinaire Rive-Sud, un jeune cocker se remet doucement de la lourde intervention qu'il a subie la veille après avoir été percuté par une voiture. Si sa vie n’est plus en danger, il devra tout même suivre des séances de rééducation à la suite des trois fractures réparées par le chirurgien orthopédiste Louis Huneault et son équipe. Dans une autre pièce, un labrador grisonnant attend sagement de recevoir sa dose de chimiothérapie prescrite par son oncologue, le docteur Louis-Philippe de Lorimier, pour tenter de combattre son lymphome.

Il y a 20 ans, ces deux chiens auraient été euthanasiés. Aujourd’hui, grâce à un équipement de pointe, des médicaments issus de la recherche de l’industrie pharmaceutique vétérinaire représentant un marché de 23,5 milliards en Amérique du Nord et une volonté grandissante des propriétaires de sauver leur compagnon à tout prix, ces deux chiens voient leur espérance de vie s’allonger de manière considérable.

Les deux principales causes de décès chez les humains sur la planète sont les maladies cardio-vasculaires et le cancer. Il en est de même chez le chien et le chat qui ne sont plus de simples cobayes de laboratoire, mais profitent eux aussi de la recherche médicale, des traitements, des techniques et du matériel utilisés pour soigner les humains. Lymphomes, fibrosarcomes, tumeurs mammaires, dysplasie de la hanche sont autant de maladies pour lesquelles les médecines humaines et vétérinaires progressent conjointement.

ADAPTER LES TRAITEMENTS

Depuis un peu moins d’un an, le laboratoire Zoetis s’est séparé de Pfizer dont il a été la section vétérinaire pendant 60 ans. « On utilise des procédés de recherche et développement similaires à l’industrie pharmaceutique humaine, mais les humains et les animaux n’ont pas les mêmes besoins. Les recherches en laboratoire se font principalement autour de l’alzheimer, le parkinson ou la dépression. Chez les animaux, c’est plutôt le contrôle et la guérison des maladies infectieuses et les antiparasitaires », explique le Dr Scott Brown, président, Global Therapeutics Research de Zoetis.

Si les laboratoires vétérinaires se basent sur les recherches humaines pour traiter les inflammations, la douleur, les maladies rénales et cardio-vasculaires, ils doivent tout de même concevoir des médicaments adaptés à la physiologie animale.

« On utilise parfois des molécules développées pour les humains, mais elles ne vont pas toujours fonctionner sur les animaux et même parfois être toxiques comme l’acétaminophène ! »

— Le Dr Scott Brown, président, Global Therapeutics Research de Zoetis

Représentant un plus petit marché, la recherche de traitements pour guérir les cancers touchant les animaux de compagnie est moins favorisée par les laboratoires. Les vétérinaires font donc encore majoritairement appel à des médicaments pour humains pour traiter les cancers, qui emportent près de la moitié des chiens et chats de plus de 10 ans.

« Pendant des années, on utilisait des médicaments 100 % faits pour les humains pour traiter les animaux de compagnie, après avoir bien sûr mené des études cliniques, et démontré leur efficacité et leur sécurité. Des produits à usage vétérinaire ont ensuite été développés pour le chien seulement. L’un des premiers à sortir a été créé pour traiter le mastocytome, une tumeur cutanée très fréquente chez le chien », explique le docteur Louis-Philippe de Lorimier.

LE CHIEN, UN MODÈLE

En 2009, le laboratoire Merial a conçu Oncept, un vaccin contre le mélanome canin à base d’ADN humain, mis au point grâce à la collaboration du centre d’oncologie humaine, le Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York et un oncologue de l’Animal Medical Center. Un vaccin au coût non négligeable (2000 $ pour quatre injections), mais qui permet de tripler la durée de vie d’un chien atteint de mélanome.

«  Ce vétérinaire allait aux conférences sur le mélanome humain et y rencontrait des chercheurs frustrés de ne pas avoir de bons modèles pour remplacer les souris sans système immunitaire auxquelles on injecte des cellules cancéreuses humaines. Il leur a proposé de collaborer en essayant de nouveaux traitements sur des chiens ayant développé un mélanome de manière naturelle. C’est comme ça que la recherche comparative entre le vétérinaire et l’hôpital a commencé », précise le Dr de Lorimier.

Des collaborations de plus en plus fréquentes qui ont poussé le National Institute of Health aux États-Unis à créer un service de recherche comparative avec des vétérinaires, considérant que le chien est un bon modèle pour étudier certains cancers chez l’humain.

« Le cancer de l’os est 34 fois plus fréquent chez le chien que chez l’humain. Alors on essaye de nouveaux traitements qui pourraient être prometteurs chez l’humain et qui pourraient guérir l’animal, en utilisant bien entendu un médicament qu’on sait sécuritaire pour lui », raconte l’oncologue. L’Université de Pennsylvanie mène d’ailleurs actuellement une étude sur l'ostéosarcome grâce à de tests d’immunothérapie avec des chiens dont les métastases semblent arrêter de progresser.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.