Chronique

Les choses
se compliquent…

Pas de doute là-dessus, le Canadien s’est drôlement compliqué la vie en échappant le match d’hier en prolongation. L’avantage de la glace, durement conquis à Boston lors de la première rencontre, appartient de nouveau aux Bruins.

Au fond, la série se résume désormais à cette question : Michel Therrien et son groupe auront-ils les ressources pour arracher une autre victoire dans l’environnement hostile du TD Garden ?

Le défi sera rude. Les Bruins ont fait plus que remporter la victoire en prolongation. Ils ont aussi redressé leur confiance, manifestement touchée après le match de mardi.

— Alors, Michel, jusqu’à quel point l’avantage de la glace jouera-t-il un rôle dans la suite des choses ?

La réponse de l’entraîneur du Canadien tombe net et sec : « Tous les matchs ont été serrés. Ce ne sera pas différent lors de la prochaine rencontre. »

Michel Therrien était évidemment déçu après la rencontre. Mais il demeurait positif. Après tout, cette série s’inscrit dans la grande tradition des affrontements printaniers entre le Canadien et les Bruins. Un combat dur, où personne ne se compte pour battu aussi longtemps que l’espoir existe. Hier encore, le match a été intense du début à la fin.

Josh Gorges, un des rares joueurs du Canadien à rencontrer les journalistes après la rencontre, a rappelé à quel point les Bruins représentaient un adversaire coriace. La perspective de devoir remporter un autre match à Boston a toujours été une possibilité réelle, a-t-il ajouté. « Pas question de s’apitoyer sur notre sort. À nous d’être prêts pour le match numéro 5. »

Les bonnes équipes se remettent vite d’une déception, si vive soit-elle. Le Canadien devra trouver le moyen d’oublier rapidement le but gagnant des Bruins.

La bonne nouvelle, c’est que Michel Therrien et son groupe ne manquent pas de cran. À preuve, la réaction de Carey Price lorsqu’un collègue lui a demandé s’il serait difficile de se reprendre en main après avoir perdu un match si serré. « Pas du tout, a-t-il tranché, les yeux d’acier. On doit se regrouper. On dispute maintenant une série deux de trois. »

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Assis dans les gradins du Centre Bell hier matin, Cam Neely regardait son équipe s’entraîner.

« J’ai l’impression qu’on n’a pas encore joué notre meilleur hockey, disait le président des Bruins. Et on a trop souvent tiré de l’arrière. Ce n’est pas la manière d’obtenir du succès. »

« Si on dispute un de nos meilleurs matchs ce soir, on pourra revenir dans cette série. »

— Cam Neely, président des Bruins, avant le match d'hier

Neely est sûrement un homme soulagé ce matin. Comme il l’espérait, les Bruins ont offert une performance sans bavure et remporté une victoire essentielle. Devant le filet, Tukkaa Rask a connu, et de loin, ses meilleurs moments de la série. Il a frustré le Canadien en de nombreuses occasions.

À l’autre bout, Carey Price a souvent stoppé les Bruins, très dangereux à de multiples reprises. Manifestement en plein contrôle, le gardien du Canadien a dégagé une impression de force. Un peu comme aux Jeux olympiques de Sotchi, où il était en parfait contrôle de la situation. Les Bruins ne l’ont déjoué qu’une fois. Mais ce fut suffisant pour faire la différence.

Au cours des quatre derniers matchs, Price et P.K. Subban ont été les meilleurs joueurs du Canadien. Il faudra maintenant que Max Pacioretty et Thomas Vanek contribuent à l’attaque.

En séries éliminatoires, on valorise le travail des joueurs de soutien, qui marquent souvent des buts importants. Mais les piliers doivent aussi faire leur part. C’est un peu facile de prétendre que le rendement des meilleurs trios de chaque côté finit par s’annuler.

Lorsque les choses se corsent, les canons doivent tonner. On l’a vu à Chicago, par exemple, où Patrick Kane et Jonathan Toews ont joué un rôle essentiel dans la victoire contre les Blues de St. Louis en première ronde.

Pacioretty traverse des moments très difficiles. Il n’a réussi qu’un tir au but hier. Où est le puissant attaquant qui a ébloui les partisans à de nombreuses reprises au cours des derniers mois ? Quant à Vanek, il n’a lancé aucune fois sur Rask.

Pour le Canadien, les ennuis de ses deux gros ailiers sont inquiétants.

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Le Canadien a réussi un petit miracle en arrachant un gain à Boston dans le match numéro un. Pour répéter l’exploit, l’équipe devra s’accrocher. Son jeu inspiré au cours des quatre derniers matchs, sauf pour une mauvaise passe de 10 minutes samedi dernier, lui permet évidemment d’espérer.

L’ennui, c’est que les Bruins, désormais très conscients du danger causé par les hommes de Michel Therrien, seront prêts comme jamais demain soir au TD Garden.

Le Canadien a-t-il un autre miracle en réserve ? On connaîtra la réponse demain.

SHANAHAN ET LES RAPTORS

En termes polis, appelons cela une saine émulation entre hauts dirigeants d’une même compagnie. En mots crus, disons simplement que la pression est sur Brendan Shanahan !

Depuis son arrivée à la tête de Maple Leaf Sport & Entertainment, Tim Leiweke a multiplié les changements.

L’été dernier, pour redonner vie aux Raptors, sa pitoyable équipe de la NBA, il a embauché Masai Ujiri au poste de président des opérations basketball. En une courte saison, cet homme doué, né au Nigeria, a transformé l’organisation.

Les Raptors, contre toute attente, ont connu une saison exceptionnelle. Ce printemps, ils sont devenus les chouchous de Toronto malgré leur élimination en sept matchs contre les Nets de Brooklyn. Leurs efforts ont été unanimement salués. Au point où l’entraîneur-chef Dwane Casey a obtenu un nouveau contrat de trois ans.

Ujiri, payé 3 millions par saison, a pris des décisions audacieuses, échangeant des joueurs-vedettes. Il a clairement mis son empreinte sur l’équipe. Et Tim Leiweke a beaucoup apprécié.

Les succès d’Ujiri placent la barre très haute pour Shanahan, le nouveau président des Maple Leafs. Même si ses responsabilités incluent aussi le côté affaires, son premier mandat est d’améliorer l’équipe. Qu’il le veuille ou non, son travail sera comparé à celui de son homologue des Raptors.

Shanahan ne possède cependant pas l’expérience d’Uriji, qui a longtemps occupé un poste administratif chez les Raptors. Il est ensuite devenu grand patron des Nuggets de Denver, où il a été élu administrateur de l’année dans la NBA. Sa réputation de visionnaire était bien établie lorsqu’il est retourné à Toronto l’été dernier.

Hier, Shanahan a annoncé sa première décision d’importance. Il a prolongé le contrat de l’entraîneur Randy Carlyle, mais congédié ses adjoints. Compte tenu de l’effondrement des Maple Leafs dans la dernière ligne droite du calendrier régulier, ce choix est bizarre.

Le contrat de Carlyle devait expirer à la fin de la prochaine saison, exactement comme celui de Michel Therrien. S’il a obtenu une prolongation de deux ans après des résultats si décevants, que sera en droit d’exiger l’entraîneur du Canadien ?

D’autre part, pour comprendre la dimension de Musai Ujiri, je vous suggère la lecture de son texte publié dans The Globe and Mail d’hier. Il demande l’aide de tous, gouvernements et citoyens, pour retrouver les écolières kidnappées au Nigeria par le groupe terroriste Boko Haram. Des mots touchants et éclairants sur l’Afrique.

LA VITESSE DE WEISE

Dale Weise n’était pas très connu lorsqu’il est débarqué à Montréal en février dernier. Sa rapidité a surpris tous les amateurs. Bizarrement, il s’agissait de son point faible chez les juniors. Et il a été ignoré deux fois au repêchage.

«  Alors j’ai travaillé très fort durant l’été pour m’améliorer. Et ce qui était mon point faible à 18 et 19 ans est devenu un atout à 21 et 22 ans. Je fais beaucoup de sprints d’une vingtaine de secondes en montant dans les collines. Ça renforce mes jambes. Les bonnes vieilles méthodes, quoi… »

DES MILLIARDS POUR LE CIO

En cédant à NBC les droits de diffusion des six Jeux olympiques qui auront lieu de 2022 à 2032, le Comité international olympique (CIO) dit avoir assuré à long terme sa sécurité financière.

NBC versera 7,75 milliards pour demeurer le diffuseur olympique aux États-Unis. Le président de l’entreprise a affirmé qu’il s’agissait « d’un des jours les plus importants dans l’histoire de l’entreprise ».

Le CIO a également réussi à arracher à NBC un boni de signature de 100 millions qui, dit-on, servira à promouvoir le mouvement olympique de 2015 à 2020.

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