Enquête nationale auprès des ménages

Le français gagne du terrain chez les immigrants de Montréal

La politique sur l’immigration visant à favoriser le français porte ses fruits. La langue de Molière gagne du terrain chez les immigrés de Montréal, selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages, réalisée en 2011 par Statistique Canada.

Ce coup de sonde mené tous les cinq ans permet notamment d’évaluer la connaissance qu’ont les immigrés des deux langues officielles. Statistique Canada avait constaté que 18,5 % de ceux qui sont arrivés à Montréal entre 2001 et 2006 ne connaissaient que l’anglais. Cette proportion a reculé de trois points parmi ceux qui sont arrivés entre 2006 et 2011.

L’apprentissage du français a quant à lui gagné quatre points durant cette période. Entre 2001 et 2006, 33 % des nouveaux arrivants avaient choisi d’apprendre seulement le français. Cinq ans plus tard, ils sont près de 37 %.

« Ce qui est clair, c’est que les actions mises de l’avant pour favoriser les immigrants qui ont une connaissance du français se reflètent dans les chiffres », résume Jean-Pierre Corbeille, de Statistique Canada.

Depuis 15 ans, le Québec favorise l’immigration en provenance du Maghreb et de l’Amérique latine pour tenter d’encourager l’apprentissage du français, souligne M. Corbeille. « Le Québec a tendance à favoriser les immigrants qui s’orientent vers le français, et les deux groupes les plus importants sont de langues arabe et espagnole », rappelle-t-il.

Musulmans en forte hausse

Ainsi, conséquence directe de cette politique d’immigration, l’islam a rapidement gagné du terrain depuis 10 ans dans la région de Montréal. En fait, le nombre de musulmans y a plus que doublé depuis 2001 : ils sont passés d’un peu plus de 100 000 à plus de 220 000. Dans la seule ville de Montréal, les musulmans représentent désormais 9,6 % de la population.

Il reste que le groupe qui a le plus progressé est, paradoxalement, celui des gens qui tournent le dos à toute forme de religion. En 2001, 259 000 personnes de la grande région de Montréal disaient n’appartenir à aucun groupe religieux ; ils sont désormais 561 000.

Ces gains semblent s’être principalement faits parmi les catholiques, dont les rangs ont rapidement fondu depuis 10 ans. Alors que 75 % des gens de la région de Montréal se disaient catholiques en 2001, ils n’étaient plus que 63 % en 2011.

Haïti détrône l’Italie

Autre nouveauté dans l’Enquête nationale sur les ménages, Haïti a fini par détrôner l’Italie comme principal lieu de naissance des immigrés vivant à Montréal. De fait, les Haïtiens continuent à immigrer en nombre, tandis que la vague d’immigration italienne est terminée depuis longtemps, souligne François Nault, analyste de Statistique Canada.

En conséquence, les Noirs représentent la principale minorité visible à Montréal, alors que dans le reste du Canada, ce sont plutôt les gens d’origines indienne et chinoise.

Les immigrants choisissent Montréal

Les données de l’Enquête nationale sur les ménages démontrent que les immigrants qui choisissent le Québec continuent à s’établir massivement dans la région de Montréal. On y recense 22,6 % d’immigrés, comparativement à 3,2 % dans le reste de la province. La majorité s’établit à Montréal même plutôt que dans sa banlieue : 33 % des Montréalais sont nés à l’extérieur du pays.

Les musulmans sont particulièrement peu nombreux à l’extérieur de la région de Montréal. Ils seraient à peine 22 000, soit moins de 1 % de la population des régions.

Statistique Canada appelle à la prudence dans l’interprétation de ces chiffres en raison de la décision du gouvernement fédéral de rendre facultative la participation des citoyens à l’Enquête nationale auprès des ménages. « Elles peuvent comporter davantage d’erreurs dues à la non-réponse que les estimations dérivées du Recensement de 2006. »

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