CANADIEN-SÉNATEURS
Comprendre la frustration de Michel Therrien
La Presse
Jacques Demers suit de près la série entre le Canadien et les Sénateurs d’Ottawa et il comprend la frustration de Michel Therrien.
« Si Paul MacLean appelle un temps d’arrêt avec 17 secondes à faire contre Pat Burns, Michel Bergeron ou moi-même, on n’est pas seulement contrariés, on saute par-dessus la baie vitrée entre les deux bancs ! », lance l’ancien entraîneur du Canadien devenu sénateur.
Il n’empêche que Demers découvre MacLean avec curiosité, et une certaine admiration. « C’est un inconnu du milieu du coaching, mais il est en train de gagner la guerre psychologique. Si j’étais l’entraîneur du Canadien, je ne lui répondrais pas. Je sais que ce n’est pas facile de se retenir, mais Michel doit se concentrer sur son équipe seulement. En 1993, j’avais réussi à me contenir et à ne pas me lancer dans une guerre verbale avec Pierre Pagé alors que les Nordiques menaient 2-0, et nous avons gagné la série. »
Demers, qui a dirigé le Canadien, les Red Wings et les Blues, affirme qu’il est beaucoup plus difficile pour un entraîneur de contenir ses émotions en séries éliminatoires.
« C’est à cause de la pression, dit-il. Une défaite est plus dramatique qu’en saison régulière, où l’on peut se racheter. Un championnat en saison régulière peut être complètement éclipsé par une défaite en première ronde. Et vous remarquerez que les guerres verbales surviennent généralement dans la première ronde. C’est là où la pression est la plus forte, car après la deuxième, pas qu’on est satisfaits, mais on a au moins franchi deux rondes et on peut respirer un peu mieux. »
Ce qui peut soulever l’ire de Demers outre les temps d’arrêt appelés dans une cause inutile à 17 secondes de la fin ?
« Comme je le mentionnais, on a tendance à tout prendre personnel à cause de la pression des séries. Ce que je n’ai jamais aimé, c’est les situations où tu mènes par quelques buts et que l’équipe adverse commence à donner des coups vicieux pour préparer la table pour le prochain match. Ou quand l’entraîneur de l’autre club met ses meilleurs éléments en supériorité numérique alors que son équipe mène déjà facilement au pointage. »
Jacques Demers a évidemment été de l’autre côté de la clôture. « Il m’est déjà arrivé de faire rager Michel Bergeron alors qu’il dirigeait les Rangers avec un temps d’arrêt. J’avais une explication, mais Michel ne voulait rien entendre. Ça nous a pris des années avant de nous comprendre. Dans le cas de MacLean, il a donné ses explications. Je ne suis pas dans sa tête, alors on peut acheter ou non ses raisons. »
Mais pourquoi déclarer MacLean gagnant de la guerre psychologique à ce stade-ci de la série ? « Parce qu’il en a gagné deux sur trois et qu’il ne se manifeste pas après la défaite, répond Demers. Remarquez que les débordements ne seraient jamais arrivés si Brian Gionta avait compté en échappée… »
Jacques Demers a été impliqué lui-même dans l’une des plus célèbres querelles d’entraîneurs en 1988 alors qu’il avait tenté de s’en prendre à son homologue, le regretté Herb Brooks, alors qu’il dirigeait les Red Wings de Detroit.
« Ça c’était produit à la suite d’une bagarre sur la glace entre deux de nos joueurs, mais ce qui m’avait réellement fait sortir de mes gonds, c’est qu’il m’avait traité de
et de chauffeur de camion de livraison de lait. Mon adjoint et mes joueurs avaient su me retenir, mais j’avais été coupé par le patin d’un de mes joueurs qui me retenait. Je n’allais pas accepter de me faire traiter de »