Grands voyageurs
Après de courts voyages en famille autour du lac Champlain et le long du parc linéaire du P’tit train du Nord, Nadine Lafond et Patrick Roberge décident d’emmener leurs filles Alexandre, Laura et Lily pour un voyage de 11 mois en Europe, de la France à l’Italie en revenant par Malte, la Sardaigne, la Corse, la Côte d’Azur et l’Espagne. Récit de voyage de cyclotouristes aguerris.
Un an sur la route
Pendant la belle saison, Nadine et Patrick se déplacent régulièrement à vélo pour aller au travail, à Gatineau. Si Patrick avait déjà fait quelques voyages à deux roues, notamment en Europe de l’Est et sur la côte est américaine, Nadine est plutôt du genre à rouler pour se rendre quelque part. Profitant tous deux d’une année sabbatique au travail, Nadine et Patrick décident de partir en juillet 2016. « On a analysé la situation et mon chum est arrivé avec l’idée d’aller en Europe, se rappelle Nadine, ingénieure en circulation à la Ville de Gatineau. Le vélo permet de tout voir et ça occupe, d’autant plus que l’Europe est accueillante pour les cyclistes : c’est sécuritaire, les villages sont très rapprochés et les campings sont nombreux. »
Surprises à l’agenda
Le voyage de la famille Lafond-Roberge s’est amorcé à Nantes, à l’extrémité ouest de la piste EuroVélo 6, qui s’arrête à la mer Noire. « On avait pensé aller jusqu’au bout, mais en octobre à Vienne, il commençait à faire froid, se rappelle la femme de 47 ans. On a donc pris le train jusqu’à Venise, après quoi on a longé la côte de l’Adriatique jusqu’en Sicile, où l’on a loué un appartement en décembre et janvier. C’est là qu’on en a profité pour faire l’école à la maison. » Selon le plan original, la famille devait toutefois revenir vers Biarritz pour y passer l’hiver. « Le propriétaire a toutefois décidé de la louer à d’autres et on l’a su en septembre… À partir de là, nous n’avions plus rien de planifié, reconnaît Nadine. On a donc fait des annonces sur Facebook et c’est l’un de nos amis qui nous a référé l’appartement en Sicile. »
Voyager léger
Rouler pendant un an n’est pas tellement différent de partir pour deux semaines, soutient Nadine. « Tu as encore deux tentes, cinq sacs de couchage, des matelas de sol, énumère-t-elle. Comme on avait apporté les manuels scolaires et des liseuses électroniques, les filles traînaient leurs bagages. » Aussi, avec des enfants, mieux vaut ne pas surcharger l’horaire. « Il faut choisir des itinéraires plus sécuritaires, éviter les grandes routes, recommande Nadine. Les enfants aiment également savoir le nombre de kilomètres qu’on fait dans une journée. Quand on change de plan, le bureau des plaintes est un peu plus occupé ! Et ce n’est pas une question de capacité physique – on a fait une journée de 100 km –, c’est simplement que les enfants ont besoin de changer d’air. »
Bonne entente naturelle
Quand tout est en place, voyager à vélo s’avère assez facile, chacun y mettant naturellement du sien, du moins si l’on se fie à l’expérience du clan Lafond-Roberge. « En camping, les filles montent leur tente, gonflent leur matelas, elles préparent chacune leurs trucs, soutient Nadine. Les journées passent bien, il y a beaucoup moins de gestion à faire. Quand elles sont assises les trois sur la banquette arrière de l’auto, il y a toujours plus de chicanes à régler. Et on arrête souvent pour se changer les idées : on prend une bière pendant que les filles mangent une glace. » L’autre avantage de rouler en Europe est aussi la proximité des services, ce qui permet de limiter un peu plus les bagages. « En arrivant au camping, on fait l’épicerie, il y en a partout, affirme la mère de famille. Et en France, les croissants et les baguettes fraîches étaient livrés chaque matin au dépôt de pain du camping, c’était génial ! »
Outil de découverte
Évidemment, voyager à vélo prend du temps, beaucoup de temps. Mais quand on dispose de cette précieuse ressource, ça peut s’avérer l’une des plus belles façons de découvrir une région. « On roulait environ 50 km par jour, explique Nadine Lafond. Ton déplacement devient ton voyage : tu vois quelque chose de beau, tu arrêtes ; tu aperçois une cigogne, tu arrêtes. Même si la température est moche, tu vas toujours trouver quelque chose de beau à voir. Quand on y pense, on a vu le cycle de la vigne au complet ! » Aussi, Nadine affirme que c’est un type de voyage accessible à tout type de mollets : « Tu y vas à ton rythme, ce n’est pas une nécessité d’être en forme quand on part, soutient-elle. Mais tu le deviens par la force des choses. Et tu peux ensuite te permettre quelques petits excès ! »
Quelques sites pratiques
Warmshowers.com
Répertoire web de gens qui offrent l’accueil aux cyclotouristes.
L’avis de Nadine : « Dans la plupart des endroits, on mangeait avec la famille qui nous accueillait. On peut parfois dormir dans la maison, sinon on nous permet de monter la tente dans la cour. »
Komoot.com
Outil de planification des itinéraires vélo.
L’avis de Nadine : « C’est ce qu’il y a de mieux. C’est fait pour toutes les sortes de vélos, on identifie tous les types de routes, pavées ou non, la dénivellation, les endroits où s’arrêter. On l’a beaucoup utilisé pour trouver des itinéraires en dehors des grandes routes. »