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Les dangers des nuits écourtées

Au cours de son dernier mois comme chroniqueuse culturelle à C’est bien meilleur le matin, en juin 2012, Annie-Soleil Proteau a perdu 17 ou 18 lb. « Mon corps n’arrivait plus à suivre le rythme, se souvient-elle. C’est comme si l’adrénaline, qui m’avait tenue pendant deux ans, avait baissé d’un coup parce que je savais que je m’en allais. J’étais verte, j’avais les joues creuses. J’avais l’air très malade. »

À l’époque, la jeune femme se levait à 4 h 30, pour être en ondes de 6 h à 9 h. Visionnement de films, entrevues, montages, spectacles en soirée l’empêchaient de se coucher avant minuit et demi. « Le plus dur, c’est d’accepter qu’on ne soit jamais à plus que 75 ou 80 % de ses capacités mentales, à cause de la fatigue, souligne Mme Proteau, qui coanime maintenant Deux filles le matin à TVA. C’est parfois dur sur l’ego. »

Perturbations hormonales

Quand les trop courtes nuits se succèdent, les conséquences vont au-delà de l’irritabilité ou des difficultés de concentration. « Les personnes qui, pour des raisons professionnelles ou autres, restreignent continuellement leur temps de sommeil sont sujettes à de multiples problèmes de santé, indique Igor Timofeev, neurologue et spécialiste du sommeil à l’Université Laval. Les plus communs sont l’épuisement [burnout] et la réduction de l’efficacité du système immunitaire. »

Dormir insuffisamment perturberait nos mécanismes hormonaux, ce qui augmenterait notre probabilité de souffrir de diabète, d’obésité et d’hypertension. « On commence aussi à voir des effets sur la santé cardiaque », rapporte Roger Godbout, professeur au département de psychiatrie de l’Université de Montréal.

Mme Proteau a vu ses muscles fondre. « J’ai vraiment ramolli », souligne-t-elle. Malgré tout, l’animatrice affirme ne pas avoir quitté l’émission matinale de Radio-Canada en raison de la fatigue. « J’adorais ce travail-là », affirme avec conviction celle qui dort maintenant six heures par nuit.

Le pouvoir d’une bonne nuit de sommeil

Arianna Huffington, fondatrice du Huffington Post, s’est quant à elle évanouie d’épuisement. En cognant sa tête sur son bureau, elle s’est fracturé un os du visage et a dû avoir cinq points de suture à l’œil droit.

Son message, depuis : pour avoir une vision d’ensemble, il faut fermer les yeux. « Le chemin vers une vie plus productive, plus enthousiaste, plus joyeuse passe par un sommeil suffisant », dit-elle dans une conférence TED que l’on peut voir (sous-titrée en français) ici.

Une solution? La sieste!

«On sait que Napoléon Bonaparte dormait environ quatre heures par nuit, indique Igor Timofeev, neurologue et spécialiste du sommeil à l’Université Laval. Mais il est rarement rapporté qu’il faisait aussi quelques brèves siestes pendant la journée, ce qui augmentait sa performance intellectuelle globale.»

Quand il travaillait dans un bureau, l’investisseur François Lambert s’accordait de courtes siestes. «Après le dîner, je fermais toujours ma porte pour un petit power nap de 20 minutes», se souvient-il. L’animatrice Marie-France Bazzo passe de 45 à 60 minutes carrément sous sa douillette, au milieu de la matinée. «J’en ressors fraîche et prête à entamer ma deuxième journée», assure-t-elle.

«C’est une très bonne chose que de faire la sieste, confirme Joseph De Koninck, de l’école de psychologie de l’Université d’Ottawa. Il ne faut toutefois pas dépasser 30 à 45 minutes de sieste, sinon ça a un impact sur le sommeil de nuit.»

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