Modifications des notes

Québec envisage de donner le dernier mot aux enseignants

Québec — Le gouvernement Legault envisage de donner aux enseignants le dernier mot avant qu’une note attribuée à un élève ne soit modifiée.

Dans le projet de loi 40, qui transforme les commissions scolaires en centres de services et qui abolit les élections scolaires, Québec écrit que « [le] directeur de l’école, après consultation de l’enseignant, [peut] majorer le résultat d’un élève s’il existe des motifs raisonnables liés à son cheminement scolaire ».

Depuis son dépôt à l’Assemblée nationale, de nombreux syndicats et groupes d’enseignants ont dénoncé cet article, alléguant qu’il bafouait leur autonomie professionnelle. Plus tôt cette semaine, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a même fait un sit-in devant les bureaux du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, à Québec. Le syndicat a entre autres dénoncé que le ministre, Jean-François Roberge, normalisait le « tripotage de notes », alors qu’il dénonçait cette pratique quand il était dans l’opposition.

En entrevue avec La Presse, jeudi, le ministre Roberge s’est dit « ouvert à discuter et à réfléchir » à ce que les enseignants aient le dernier mot – avant la direction scolaire – lorsque vient le temps de modifier une note. Mais sa décision n’est pas définitive, et l’article en question pourrait ultimement « rester tel qu’il est », a-t-il précisé. Le ministre entend d’ailleurs rencontrer de nombreux « partenaires » du milieu de l’éducation, y compris les syndicats, au cours des prochaines semaines.

« La réalité, c’est qu’en ce moment, des profs écrivent une note un vendredi et, le lundi matin, elle a été transformée. Et ce n’est pas une opération de l’Esprit saint ! », a affirmé M. Roberge, insistant sur le fait que la formulation actuelle de l’article était à ses yeux un « gain net et incroyable pour les enseignants ».

Dans son projet de loi, la « majoration automatique d’un résultat » est aussi interdite, a-t-il rappelé. Les nouveaux critères qui encadrent la façon dont une note peut être modifiée balisent aussi davantage cette pratique, estime-t-il.

« Dans la loi, actuellement, ça ne dit pas que c’est exceptionnel [de modifier une note], et on n’est pas obligé de le justifier par un motif raisonnable et de consulter l’enseignant. Je viens de poser des conditions qui n’existent pas à l’heure actuelle », a dit le ministre Roberge.

À la défense de l’école de quartier

Le ministre de l’Éducation affirme également que le projet de loi 40 ne met pas à mal l’école de quartier et de village en permettant aux parents d’inscrire leur enfant dans une autre école que celle du territoire du centre de service auquel ils sont rattachés.

En commission parlementaire, lors des auditions particulières, des groupes de défense de l’école publique et certaines commissions scolaires ont affirmé que permettre ces déplacements d’élèves, ce qui se fait déjà à l’heure actuelle, mais qui s’avère exceptionnel, mettrait à mal certaines écoles, qui seraient défavorisées face à l’attractivité des écoles de centres urbains, où de nombreux parents travaillent.

À La Presse, M. Roberge a affirmé qu’une école de quartier devra toujours admettre en priorité un élève de son bassin de population avant un enfant d’un autre territoire. Mais si une école a de la place et qu’un parent souhaite y inscrire son enfant, pour des raisons qui lui appartiennent, « il faut être capable de répondre au gros bon sens et aux situations d’exception », a-t-il dit.

Forêts urbaines

20 000 arbres seront plantés dans Rosemont d’ici 2025

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie augmentera son couvert forestier de moitié d’ici 2025, notamment en créant des forêts urbaines, a appris La Presse.

Pour y parvenir, pas moins de 20 000 arbres seront plantés au cours des cinq prochaines années, annoncera ce vendredi l’arrondissement montréalais.

Cette mesure fera passer l’indice de canopée – la mesure qui exprime le pourcentage d’un territoire couvert par les branches des arbres – d’un peu moins de 20 % à 30 %, bien au-delà de l’objectif de 25 % de la Ville de Montréal.

« L’arrondissement se met vraiment en mode transition écologique », a déclaré à La Presse le maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François William Croteau, joint en Espagne, où il a assisté à un congrès sur les villes intelligentes et reçu un prix pour l’inclusion au nom de la Ville de Montréal.

L’élu souligne que l’augmentation de la canopée aidera ainsi à contrer les îlots de chaleur, à améliorer la qualité de l’air et à absorber les eaux pluviales, alors que les changements climatiques entraînent une augmentation du nombre de jours de canicule et d’épisodes de pluies abondantes.

« Ça va permettre au territoire d’être plus résilient, d’augmenter la qualité de vie des citoyens [et de diminuer] la pression sur nos infrastructures », dit M. Croteau.

L’arrondissement s’attend à ce que ces plantations et les aménagements qui les accompagneront, qui coûteront de 9 à 10 millions de dollars sur cinq ans, se traduisent en économies pour l’administration municipale et pour le système de santé.

Ces 20 000 nouveaux arbres aideront aussi la Ville de Montréal à atteindre ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en captant du gaz carbonique, ajoute-t-il.

créer des « boisés »

Les nouveaux arbres seront notamment plantés le long des rues, dans des fosses plus grandes pour que les arbres soient en meilleure santé et croissent plus vite, mais les parcs et autres espaces verts seront aussi visés ; l’arrondissement prévoit en convertir 40 % en « forêts urbaines ».

Ces lieux, actuellement dépourvus d’aménagements, accueilleront donc un grand nombre d’arbres, mais aussi de plantes indigènes et de couvre-sol qui n’auront pas besoin d’être tondus.

« On va laisser la végétation prendre sa place et créer, en ville, sur une période de cinq à dix ans, carrément des boisés », explique le maire Croteau, ajoutant que cela pourrait se traduire par une baisse des coûts d’entretien de la végétation.

Ajouter 20 000 arbres se traduira par une augmentation considérable de la cadence de plantation dans Rosemont–La Petite-Patrie, qui en a planté 6650 au cours de la dernière décennie.

Les secteurs qui en recevront le plus sont ceux qui comptent le moins de végétation, comme le quartier Mile-Ex, le marché Jean-Talon, les environs du viaduc Rosemont ou encore l’Espace affaires Rosemont, où se trouvent les bureaux de l’arrondissement, qui affiche un taux de canopée « épouvantable » de 3 %, souligne le maire Croteau.

« Je pourrais découper les membres de ton corps »

Une adolescente de 15 ans victime d’une attaque violente a été sauvée in extremis

Une adolescente de 15 ans victime d’une violente et sordide agression par son ex-copain dans la vingtaine, le printemps dernier à Montréal, a été sauvée in extremis par un passant. Gerald Gauthier-Guitard a étranglé, battu, traîné au sol et menacé de démembrer avec une scie sa victime qui venait pourtant de lui sauver la vie.

L’homme de 21 ans a plaidé coupable en septembre dernier à des accusations de menaces de mort, de voies de fait, de séquestration, de harcèlement et de contacts sexuels sur une enfant de moins de 16 ans. Il doit revenir en cour vendredi pour les observations sur la peine à imposer.

Gerald Gauthier-Guitard a fréquenté pendant près d’un an, de juillet 2018 à avril 2019, une adolescente de six ans sa cadette. Même si leur relation sexuelle était consentante, la jeune fille ne pouvait consentir en raison de son âge. Jaloux et prompt à la colère, l’agresseur a battu sa copine une première fois le 4 avril dernier.

Dans un bois près d’une école secondaire de Montréal, Gerald Gauthier-Guitard insiste pour avoir une relation sexuelle. Elle refuse et lui avoue ne plus l’aimer parce qu’il se drogue, boit et fume beaucoup. L’agresseur la touche alors contre son gré et exige qu’elle s’assoie dans la neige. Elle tente de se relever plusieurs fois, mais il la repousse sans cesse.

« Il lui dit que si elle se relève, il allait lui en crisser une dans l’estomac. Elle pleure, accroupie au sol, les genoux repliés sur elle-même. [Gerald Gauthier-Guitard] se met à lui donner des coups de poing au niveau des genoux et de la main », indique le résumé conjoint des faits.

Prise de l'encolure

Deux semaines plus tard, Gerald Gauthier-Guitard rencontre l’adolescente à une table de pique-nique près d’un lac. Il fait une crise de jalousie et enfile une paire de gants. « Sais-tu pourquoi j’ai mis les gants ? Si je te frappe, ça ne va pas paraître », lui dit-il.

« J’ai des ciseaux et une scie dans mon sac, je pourrais t’attacher sur la table et découper les membres de ton corps », menace-t-il. L’agresseur éclate de rire et ajoute une phrase à glacer le sang. « Tu penses-tu vraiment que je vais te laisser partir ? »

L’adolescente prend alors ses jambes à son cou, poursuivie par son ex-copain. Mais sur la route, ce dernier se place devant un véhicule « comme s’il voulait se faire frapper ». La victime le sauve d’une collision en le tirant par le manteau. Loin de la remercier, il l’étrangle en lui faisant une prise de l’encolure. Elle peine à respirer. L’agresseur la pousse par terre, l’étrangle et la repousse à plusieurs reprises en la traînant vers le bois. Heureusement, un passant voit la scène et va chercher du renfort à l’école. L’agresseur est arrêté quelques jours plus tard.

Pour ce geste d’une grande violence, Gerald Gauthier-Guitard a plaidé coupable à une accusation de voies de fait ayant causé des blessures. Même s’il a décrit l’agression comme une « tentative de meurtre » dans des messages textes d’excuses envoyés à la victime, cette accusation n’a pas été déposée. « Je ne t’ai pas tué », s’est-il excusé.

Parmi ces autres crimes, l’homme de 21 ans a envoyé à la victime des dizaines de photos osées de son sexe et a publié sur Facebook des images intimes de l’adolescente.

Selon son avocate Me Laurence Lavoie, Gerald Gauthier-Guitard souffre d’une déficience intellectuelle et n’a jamais été pris en charge par le système. Un rapport présentenciel avec un volet neuropsychologique et une évaluation psychosexuelle devrait être présenté vendredi.

Tuerie de Polytechnique

Des universités s’unissent pour commémorer la tragédie

Pour la première fois dans l’histoire des commémorations de l’attentat de l’École Polytechnique, trois universités québécoises s’uniront du 25 novembre au 6 décembre dans une série d’activités et de projets.

La tuerie survenue à l’école de génie il y a 30 ans a coûté la vie à 14 femmes et a laissé des marques indélébiles, en particulier dans l’esprit des militantes féministes québécoises.

Grâce à l’appui du Réseau québécois en études féministes (RéQEF), diverses activités ont été créées pour saluer la mémoire des victimes de l’attentat et engager une réflexion globale sur la violence visant les femmes. « Les universités ont décidé de s’allier pour marquer le moment. La programmation montre la diversité des intérêts dans cette commémoration », explique Chantal Maillé, codirectrice du RéQEF.

Ces initiatives témoignent d’un refus « d’oublier que 14 femmes sont mortes au nom de l’antiféminisme », plaide Mélissa Blais, professeure associée à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF)

Des tables rondes, lectures publiques et chants collectifs ainsi que la diffusion d’un balado en trois parties sont organisés à l’Université Laval, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et à l’Université de Montréal (UdeM). Le calendrier détaillé des évènements est disponible sur le site internet du RéQEF.

Entre mémoire et silence

Les nombreuses initiatives sont construites autour des thèmes de la mémoire et du silence fait sur la violence faite aux femmes. « Il a fallu 30 ans à la ville de Montréal pour dire que ces 14 femmes ne sont pas mortes d’une tragédie, mais bien au nom de l’antiféminisme », insiste Mélissa Blais.

« Le mot silence est revenu à plusieurs reprises. Il y a une préoccupation par rapport au silence de notre société sur la violence faite aux femmes. Beaucoup veulent le dénoncer et y réfléchir », pense quant à elle Mme Maillé.

Les mouvements masculinistes et antiféministes se renouvellent, surtout sur le web.

En ligne, les messages haineux destinés aux femmes prolifèrent, confirme Mélissa Blais. Le phénomène sera abordé dans les commémorations des prochaines semaines.

Les membres du RéQEF sont préoccupées par cette forme de violence. Elles soulignent les liens à faire entre les manifestations de violence actuelles et l’attentat à l’école Polytechnique.

« Il ne faut rien tenir pour acquis. Un évènement comme Polytechnique pourrait se reproduire un jour », ajoute Pascale Devette, professeure au département de science politique à l’UdeM.

Il ne faut pas l’oublier, les hommes peuvent être des alliés et participer à la dénonciation de la violence visant les femmes, dit-elle. Ils sont parfois des victimes collatérales de cette violence.

L’épisode de Polytechnique en témoigne. « Beaucoup ont été traumatisés par l’évènement, certains se sont même suicidés. Ce n’est pas parce que c’est une violence contre les femmes que les hommes n’ont pas un rôle à jouer […], ne serait-ce que par support », précise Mme Devette.

Alcool au volant

Antidémarreur à vie après deux condamnations

Québec a resserré ses règles concernant la conduite avec facultés affaiblies. Dès le 25 novembre, un conducteur coupable d’une deuxième infraction en matière de conduite avec facultés affaiblies se verra imposer un antidémarreur à vie. La deuxième condamnation doit survenir à l’intérieur d’une période de 10 ans de la première infraction. La modification, qui découle de changements apportés au Code de la sécurité routière en 2018, arrive à temps pour la période des Fêtes et la campagne annuelle de sensibilisation contre la conduite avec facultés affaiblies de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Auparavant, l’imposition d’un antidémarreur éthylométrique se faisait après la troisième infraction, ou dès la première récidive en cas de facteurs aggravants, comme un taux d’alcoolémie très élevé ou le refus d’obtempérer aux policiers. Si l’antidémarreur sera dorénavant imposé à vie après récidive, il sera possible pour un conducteur de s’adresser à la Cour du Québec après 10 ans pour faire lever l’obligation, sauf s’il s’agit d’un multirécidiviste.

— Janie Gosselin, La Presse

Insectes et reptiles sur Mars

Le communiqué retiré

Le communiqué de presse annonçant que des insectes et des reptiles avaient été identifiés sur Mars a été retiré, jeudi, à la suite de la controverse qu’il a déclenchée. Mardi, un communiqué émanant de l’Université de l’Ohio et relayée par la plateforme EurekAlert! annonçait que le professeur émérite William Romoser, un entomologiste, avait identifié des insectes et des reptiles sur des photos prises sur Mars par des rovers de la NASA. Des experts ont rapidement mis en doute ces conclusions, affirmant que les conditions sur Mars ne permettent pas à des animaux d’y vivre. Avisée mercredi par La Presse de la controverse, la plateforme EurekAlert! avait promis de joindre l’Université de l’Ohio afin d’obtenir « plus de contexte ». L’université n’a finalement pas défendu sa décision de publier ce communiqué, préférant le retirer jeudi. « Le professeur ne souhaite plus interagir avec les médias concernant cette recherche, alors nous avons décidé de retirer l’histoire de notre site web et d’EurekAlert! », a précisé Jim Sabin, directeur des relations avec les médias de l’Université de l’Ohio.

— Philippe Mercure, La Presse

Procès Bebawi

Un expert décrit la corruption « endémique » sous Kadhafi

La corruption était « endémique » en Libye sous Mouammar Kadhafi, a expliqué un expert au procès de Sami Bebawi, ancien dirigeant de SNC-Lavalin accusé d’avoir participé au versement de pots-de-vin à l’un des fils du dictateur. Le professeur Diederik Wandewalle a décrit un pouvoir centralisé entre les mains de Mouammar Kadhafi et de ses enfants. Questionné sur les différences entre les enfants du dirigeant, le professeur a reconnu que c’était Saif al-Islam Kadhafi qui apparaissait comme le dauphin de son père. « L’accent était beaucoup sur lui, on entendait plus parler de lui », a-t-il dit. Un autre fils, Moatassem Kadhafi, avait été reçu aux États-Unis par la secrétaire d’État Hillary Clinton. Or, la preuve exposée au procès jusqu’ici concerne plutôt le versement de pots-de-vin à un troisième fils, Saadi Kadhafi. Au sujet de ce dernier, le témoin a dit qu’« il n’était pas aussi important que son frère », mais qu’il lui avait été décrit comme une personne qui pouvait faire marcher ou stopper des projets d’affaires.

— Vincent Larouche, La Presse

Voie maritime du Saint-Laurent

Une fuite paralyse des bateaux

Une fuite a paralysé les bateaux sur la Voie maritime du Saint-Laurent, jeudi, à la hauteur de Beauharnois. La présence de « substances polluantes » a été signalée vers 11 h, ce qui a forcé les autorités à fermer trois écluses. « Un bateau est passé dans nos écluses, et on a remarqué une fuite après son passage. Il y avait des senteurs d’huile, de gaz, de produits pétroliers », a dit Pierre Morin, porte-parole de Voie maritime du Saint-Laurent. Jeudi soir, la Garde côtière canadienne ignorait toujours la nature de la fuite du navire Federal Leda, immobilisé à Saint-Zotique. Environ 10 litres auraient été déversés dans l’eau. Du matériel de confinement a été déployé, et des inspections seront menées avec des experts en environnement. — Janie Gosselin, La Presse

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