Chronique

Plus de Dodo, moins d’Oprah

Oui aux parodies et aux sketches. Non aux segments à la Chantal Lacroix. Voilà ma critique express de Votre beau programme, que Véronique Cloutier a offert à ses fans hier soir.

Le fil Facebook que la blonde animatrice a déroulé devant nous était un brin décousu, il faut l’admettre. Difficile de dégager une ligne directrice dans ce magma d’influences visibles : un peu d’Ellen DeGeneres, un peu de Dodo au Bye bye et un peu de Marc Labrèche à 3600 secondes d’extase, le téléspectateur se perdait.

Évidemment, c’est un concept flambant neuf – et hybride – qui s’ajustera dans les semaines à venir. Reste qu’après les 10 premières minutes, où une dame de Trois-Rivières a offert gratuitement sa voiture à une inconnue, on se demandait vraiment où cette nouveauté télé se dirigeait.

Puis, la très drôle parodie de District 31 a déboulé dans nos salons et Votre beau programme a enfin décollé. Le Patrick Labbé toujours fru, la Magalie Lépine-Blondeau qui susurre ses répliques et qui fait sa « coquine cute », ça fonctionnait à merveille.

Même constat pour le sketch chanté de trois minutes sur les 25 (fausses) années d’amitié avec Guylaine Tremblay : belle exécution et gros sourire sur nos visages.

Bref, rien à redire sur le volet des variétés, où Véro excelle. La vignette de Danse salive renfermait beaucoup d’autodérision et a culminé avec Louis Morissette porté par Hugo Girard.

Des flashs comme celui-là, on en prendrait davantage. Et l’habillage visuel de l’émission est fort joli.

Par contre, la vignette sur le père gai et sa petite famille, une bonne idée sur papier, s’inscrivait bizarrement dans le déroulement de la soirée. Comme s’il fallait absolument intégrer un moment touchant à la Oprah Winfrey. À repenser, peut-être. Ça cassait le rythme.

Aux contrôles de son programme, Véronique Cloutier n’a pas perdu la main. En direct, elle naviguait entre les différentes portions avec une aisance remarquable, malgré quelques pépins techniques inévitables.

Jean-Sébastien Girard, qui a laissé son vitriol au vestiaire hier, a été confiné à un rôle d’annonceur maison. La reine de Radio-Canada l’a présenté comme son Serge Laprade, celui qui fait des gags à La soirée est encore jeune et des gros frettes aux Échangistes. Bien envoyé. Véro avait d’ailleurs de meilleures répliques que lui, des gags pas mal plus acides.

Probablement que Girard renouera avec son humour bitch graduellement, question de ne pas bousculer le public moins niché de Votre beau programme. Chose certaine, les blagues sur L’aubainerie devraient être bannies jusqu’au printemps, merci.

Émouvants détectives

J’ai vu les deux premiers épisodes de Deuxième chance hier et j’ai pleuré les deux fois. Les rencontres que provoquent les « détectives » Marina Orsini et Patrick Lagacé émeuvent à tout coup, qu’il s’agisse d’une demande de pardon ou d’un simple remerciement.

Ça décolle samedi à 20 h sur les ondes de Radio-Canada, après En direct de l’univers. Il y a une parenté évidente entre Deuxième chance, qui dérive du format britannique The Gift, et Les retrouvailles de Claire Lamarche, notamment dans l’intensité des réunions de ces gens qui ont perdu contact ou qui ne se sont jamais vus. Marina et Patrick seraient-ils les nouveaux Colombo de la SRC ?

Le premier épisode présente deux quêtes menées en parallèle. Patrick Lagacé accompagne un ancien criminel qui désire retrouver l’adolescent qu’il a kidnappé 30 ans auparavant pour s’excuser de son geste. De son côté, Marina épaule une dame de 61 ans qui cherche la nounou qui s’est occupée d’elle – et de ses neuf autres frères et sœurs – il y a 50 ans.

Je ne divulgâche rien en vous annonçant que Patrick et Marina retrouvent presque toujours les personnes en question.

Deuxième chance aurait facilement pu sombrer dans le voyeurisme. Mais non. L’esprit demeure respectueux et sobre.

Et ce qui peut sembler hyper banal au départ se colore tout autrement quand on voit les yeux des participants se remplir d’eau.

Le deuxième épisode, relayé le samedi 21 janvier à 20 h, est particulièrement bouleversant. Patrick Lagacé se met au service du journaliste Pascal Robidas, de Radio-Canada, qui n’a jamais connu sa mère biologique. Parenthèse ici : Pascal Robidas est le seul membre des médias à s’être prêté à l’exercice. Tous les autres candidats ont été recrutés dans le public.

Donc, Robidas est né à Macao en 1980 et a été adopté à l’âge de 1 an par des parents de Kingsey Falls. Patrick Lagacé mène l’investigation jusqu’en Chine et amène Pascal Robidas avec lui. Impossible que cette histoire, très bien racontée, ne vous touche pas. C’est à la fois triste et très beau.

Bémol, ici. Les segments préparatoires aux grandes retrouvailles s’étirent et sentent un peu la mise en scène, même si la production jure que rien n’a été arrangé ou recréé de façon artificielle. Pas besoin, il me semble, de voir autant Marina au téléphone ou Patrick à son ordinateur pendant qu’ils effectuent des recherches.

Au final, la conclusion de chacune des émissions s’avère tellement payante que l’on oublie rapidement les longuets préliminaires.

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