ÉTATS-UNIS RAPPORT SUR LA TORTURE

Londres veut en savoir davantage

Un comité parlementaire britannique veut accéder à des informations gardées confidentielles dans le rapport du Sénat américain qui pourraient porter sur le rôle de la Grande-Bretagne dans les interrogatoires et la restitution des suspects de terrorisme après les attentats du 11-Septembre. Le président du comité parlementaire du renseignement et de la sécurité, Malcolm Rifkind, a affirmé hier à la BBC que le groupe, qui enquête sur les allégations d’implication de la Grande-Bretagne dans des actes de torture, ferait une demande d’accès aux conclusions du rapport qui concernent le pays. Le bureau du premier ministre David Cameron a admis que certaines parties du rapport ont été caviardées pour des raisons de sécurité nationale, mais a soutenu qu’aucune ne faisait état d’une participation britannique dans « des activités qui seraient illégales au Royaume-Uni ». Lorsqu'on lui a demandé s’il pensait obtenir l’information demandée, Malcolm Rifking a répondu qu’il ne pouvait pas se dire confiant.

— Associated Press

ÉTATS-UNIS RAPPORT SUR LA TORTURE

Dick Cheney encense les agents de la CIA

L’ancien vice-président américain Dick Cheney a vigoureusement défendu hier le travail des agents de la CIA pour leurs interrogatoires musclés contre des individus soupçonnés d’être membres d’Al-Qaïda durant les années 2000, après l’onde de choc causée par un rapport du Sénat sur la torture.

« Je suis parfaitement à l’aise : ils devraient être glorifiés, ils devraient être décorés », a déclaré à NBC M. Cheney, en poste de 2001 à 2009 sous le président George W. Bush, à l’époque où la CIA avait recours à des « techniques d’interrogatoires renforcées » contre des dizaines de « terroristes » dans des sites tenus secrets.

Le rapport rendu public mardi par le Sénat affirme que les actes de torture perpétrés par des interrogateurs de la CIA n’avaient permis de récupérer aucune information valable à l’époque de la « guerre contre le terrorisme » lancée par MM. Bush et Cheney. La commission du renseignement du Sénat a aussi dénoncé les mensonges de l’agence vis-à-vis du Congrès et de la Maison-Blanche.

L’ancien vice-président s’est dit insensible au fait qu’un certain nombre de membres possibles d’Al-Qaïda ont été arrêtés, interrogés sans ménagement et détenus durant des années alors qu’ils étaient innocents.

« Cela ne me pose aucun problème tant que nous remplissons nos objectifs qui sont d’attraper ceux qui ont préparé les attentats du 11-Septembre et d’empêcher de nouveaux attentats contre les États-Unis. »

— Dick Cheney, ancien vice-président américain

Pour Cheney, « la torture, c’est ce que les terroristes d’Al-Qaïda ont fait subir à 3000 Américains le 11-Septembre », des attentats qui ont traumatisé les États-Unis. « Il n’y a pas de comparaisons entre ça et ce que nous avons fait avec respect pour améliorer nos interrogatoires », a-t-il défendu.

« DES GENS BIEN »

Le très détaillé et volumineux rapport du Sénat, sous l’égide de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, a mis en évidence des pratiques de torture extrêmes, comme la « réhydratation rectale ». Dick Cheney a affirmé ne pas être au courant de cette pratique dans le cadre du programme d’interrogatoires poussés : « Je pense que c’était fait pour des raisons médicales », a-t-il estimé.

Il a aussi répété que le président George W. Bush, en poste de 2001 à 2009, connaissait le programme de tortures de la CIA : « Cet homme savait ce que nous faisions. Il l’a autorisé, il l’a approuvé. »

George W. Bush, qui avait été interrogé dimanche dernier par CNN, avant la publication du rapport du Sénat, était allé dans le même sens que son vice-président : « Nous avons de la chance d’avoir des hommes et des femmes qui travaillent dur pour servir nos intérêts. Ce sont des patriotes et peu importe ce que le rapport dira […]. Je connaissais le directeur, les directeurs adjoints et nombre d’agents : ce sont vraiment des gens bien et nous sommes chanceux, en tant que nation, de les avoir », avait-il dit.

Dès le lendemain de la publication du rapport, Dick Cheney avait balayé un document « plein de conneries ».

« Je pense que ce rapport est déplorable. Il me semble très imparfait. Ils n’ont pas pris la peine d’interroger les personnes clés impliquées dans ce programme », avait-il dit.

Le patron de la CIA, John Brennan, avait également souligné jeudi qu’il n’était pas d’accord avec les conclusions du rapport du Sénat. S’il a reconnu que ses agents avaient utilisé des méthodes d’interrogatoire « répugnantes » après le 11-Septembre, il a affirmé qu’il était impossible de dire si elles avaient été utiles pour obtenir des informations.

De nombreuses réformes ont été menées pour éviter que ce type de dérives ne se reproduise, avait-il aussi noté.

Le rapport du Sénat a provoqué une onde de choc aux États-Unis et dans le monde. Le président Barack Obama a mis fin à ce programme de la CIA dès son arrivée à la Maison-Blanche, début 2009. Mais son gouvernement a exclu toute poursuite en justice.

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