Publication de travaux scientifiques

Entre intérêt public et désobéissance civile

On sait que ça brasse dans le monde de l’édition scientifique lorsqu’on assiste à des gestes de… désobéissance civile. Le 26 septembre dernier, Michael Eisen, un généticien de l’Université Berkeley, en Californie, a publié sur son site web cinq articles de la revue Science (encore elle !) protégés par le droit d’auteur et normalement uniquement accessibles aux abonnés payants de la publication.

Les articles portaient sur des découvertes faites sur la planète Mars par la sonde Curiosity de la NASA, une mission largement financée par les fonds publics.

« Je prends position pour l’accessibilité de la recherche menée avec des fonds publics », avait confié M. Eisen au site Science Insider, soulignant que les citoyens américains ont payé la mission Curiosity  avec leurs taxes et impôts quelque 2,5 milliards.

Sur son blogue, M. Eisen affirmait ne pas violer la loi, citant un article de la Loi sur le droit d’auteur américain selon lequel les travaux du gouvernement fédéral ne sont pas soumis au droit d’auteur.

La NASA a réagi le lendemain en rendant les articles disponibles gratuitement sur son site web. Aux dernières nouvelles, ils se trouvaient toujours également sur le site de M. Eisen.

Diane Sauvé, directrice au soutien à la réussite, à la recherche et à l’enseignement à la direction des bibliothèques de l’Université de Montréal, invoque aussi l’intérêt public pour dénoncer les importants frais d’abonnement payés par l’université.

« La recherche et les universités sont largement financées par des fonds publics, mais on doit racheter les résultats de cette recherche à des entreprises et le public n’y a pas accès, dénonce-t-elle. Il y a un non-sens grandissant là-dedans, et ça ne peut plus durer. »

L’Institut de recherche en santé du Canada, une organisation du gouvernement fédéral, exige déjà que les publications découlant des recherches qu’il finance soient publiées en libre accès. Cette semaine, les deux autres organismes subventionnaires du fédéral, soit le Conseil de recherches en sciences humaines et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, ont lancé une consultation pour étudier la possibilité de faire la même chose.

Le Fonds de recherche en santé du Québec dispose aussi d’une politique sur le libre accès, qui pourrait éventuellement être étendue aux deux autres fonds du gouvernement du Québec (société et culture ainsi que nature et technologies).

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