Élections municipales 2017 Opinion

La réforme nécessaire de l’agglomération de Montréal

Je profite de la campagne électorale en cours, un moment propice aux débats, pour soulever certaines préoccupations persistantes concernant le rôle et la nature de l’agglomération de Montréal. De mon avis et de celui d’autres maires de villes liées de l’île de Montréal, cette structure dans sa forme actuelle, n’est ni fonctionnelle ni démocratique.

Rappelons que l’agglomération de Montréal gère des milliards de dollars et offre des services essentiels à près de deux millions de citoyens qui ont en commun d’habiter l’île de Montréal, mais qui résident dans 16 villes différentes.

Qu’il s’agisse de patrouille policière, d’interventions du service d’incendie ou de distribution d’eau potable, toute proposition relevant de l’agglomération est d’abord adoptée par le comité exécutif de la ville-centre (Montréal) avant d’être soumise au vote des maires des autres villes liées. Comme Montréal possède 87 % du vote, aucun véritable débat ne peut voir le jour et la séance est inutile. Ajoutons qu’en vertu du système actuel, les conseillers de l’opposition de la Ville de Montréal peuvent voter contre une résolution le lundi, au conseil municipal de Montréal, mais seront légalement tenus de voter en faveur de la même résolution lors du conseil d’agglomération, trois jours plus tard. Avouons que c’est un système curieux, voire loufoque.

Par ailleurs, c’est une erreur de considérer l’agglomération comme un réel ordre de gouvernement. L’agglomération n’est en fait qu’un dispensateur de services municipaux régionaux, comme les services de police et d’incendie, le transport en commun, les grands parcs et l’eau. 

Pourquoi ne pas s’inspirer d’ailleurs et remplacer un système constitué exclusivement d’élus, où tout est décidé en amont par la ville-centre, par un autre, constitué aussi de spécialistes et de gestionnaires, et véritablement spécialisé dans la distribution des services, comme cela se fait dans plusieurs grandes villes américaines et canadiennes ?

Récemment, l’Association des maires de banlieues, qui représente plus de 240 000 résidants de l’île de Montréal, soumettait au ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, une série de recommandations afin de rendre l’agglomération de Montréal plus efficace et plus démocratique. Notamment, nous suggérions que le conseil d’agglomération puisse être remplacé par des autorités à vocation spécifique, chargées de la prestation des services régionaux. La STM existe déjà. Une autorité de l’eau pourrait superviser la production de l’eau potable et le traitement des eaux usées. De leur côté, les services de police et de la protection des incendies pourraient être regroupés en une autorité des services de la sécurité publique de Montréal, comme cela se fait à Toronto. Des structures légères et plus démocratiques superviseraient ainsi les grands secteurs de services et en approuveraient les budgets. Cette solution, ni frivole ni compliquée, a déjà fait ses preuves ailleurs.

Je soumets donc très humblement cette proposition aux candidats à la mairie de Montréal, en espérant qu’elle suscitera une discussion portant sur une agglomération plus efficace et plus respectueuse de tous les résidants de l’île de Montréal.

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