Une barrière psychologique surmontée

COLUMBUS — Ben Bishop hochait la tête.

Le gardien américain savait qu’il allait disputer la troisième période du match face au Canada le soir même et a admis en riant qu’il trouvait ça un peu raide comme retour au travail. On ne parlait pas de l’un de ces matchs intraéquipes pépères ou de ces rencontres préparatoires qui sont l’apanage d’un mois de septembre ordinaire. Il redoutait un adversaire dont la formation est largement composée des médaillés d’or de Sotchi.

Si Bishop, un gardien qui était en action au début mai, se sentait comme ça, imaginez Carey Price !

N’ayant pas joué depuis près de 10 mois, c’était tout un test pour la vedette du Tricolore que de revenir au jeu face à une équipe américaine qui avait le couteau entre les dents.

« Ç’a été une aventure, par moments, mais je m’y attendais, a reconnu Price après avoir accordé trois buts sur 24 tirs dans une victoire de 4-2 des États-Unis. Ce n’est pas facile d’être absent aussi longtemps et de reprendre les choses là où on les a laissées. Je suis content que ce premier match soit derrière moi. »

Price hésite à dire que cette première rencontre constituait une barrière psychologique à surmonter.

« Je savais que j’étais prêt, mais mon jeu ne l’était pas. Il y a encore du travail à faire et j’espère que je n’aurai pas à attendre longtemps mon prochain départ. »

— Carey Price

Après une aussi longue période d’inactivité, reconnaître les jeux que préparaient les Américains et gérer la circulation devant son filet a représenté un défi. Après tout, ce n’est pas le genre de chose auquel il a fait face cet été en jouant des matchs amicaux.

Les États-Unis n’ont pratiquement pas touché à la rondelle en début de match et n’ont dirigé que deux tirs vers Price lors des 12 premières minutes. De manière générale, les gardiens qui reviennent de blessure veulent être rapidement mis à l’épreuve afin de se replonger dans le bain, mais Price a dû patienter.

« Ça m’a paru une éternité », a-t-il confié.

QUE D’INTENSITÉ !

Si l’exécution n’était pas à la hauteur de ce que ces joueurs vedettes offrent quand ils sont au sommet de leur art, l’intensité déployée de part et d’autre a surpris.

Les États-Unis, visiblement désireux de déboulonner le mythe canadien et de faire descendre leurs rivaux de leur piédestal à l’occasion de cette Coupe du monde, ont joué avec une hargne qui ne mentait pas. Tant et si bien que les deux formations ont réinventé le concept de match préparatoire, hier. La Coupe du monde n’a peut-être pas démarré officiellement, mais les hostilités sont déjà lancées.

Les Américains – qui, selon Mike Babcock, ont profité de six minutes de relâchement dans le camp canadien pour prendre le contrôle du match – ont parfois dépassé les bornes. Comme lorsque Logan Couture a temporairement quitté le match en deuxième période après avoir heurté la bande la tête la première lors d’une mise en échec de T.J. Oshie. Le geste est demeuré impuni.

Les officiels se sont repris en fin d’engagement en chassant Ryan Kesler de la rencontre pour avoir plaqué Shea Weber par-derrière.

Jonathan Toews a jeté les gants afin de se porter à la défense du nouveau défenseur du Tricolore.

« Il y a eu quelques coups qui étaient limites sur des joueurs qui n’étaient pas en mesure de se protéger. C’est ce qui s’est produit avec le coup sur Weber. On s’attend dans ce temps-là à ce que les arbitres fassent ce qu’il faut pour nous protéger. »

— Jonathan Toews

« Nous n’avons pas de problème avec le jeu physique et la combativité, mais peu importe où l’on joue, il faut toujours respecter le joueur adverse lorsqu’il a le dos tourné. »

La crainte de voir des joueurs se blesser n’arrête visiblement pas ces messieurs, pas même en match préparatoire.

Pas même le 9 septembre.

UN JOUEUR QUI CHANGE LA DONNE

Dans un tel environnement, encore heureux pour Price que Chris Kreider, alias le faucheur de gardiens, n’ait pas été retenu au sein de l’équipe américaine !

« Price était le meilleur joueur de la ligue, il y a deux ans, et ce tournoi va l’aider à être encore plus prêt à reprendre le collier, estime Ben Bishop. C’est l’un des meilleurs gardiens du monde et Montréal va former une bonne équipe cette saison. »

En fait, la simple présence de Price devrait changer le portrait de la division Atlantique et toucher des équipes qui, comme les Red Wings de Detroit, auront encore à se battre férocement pour une place en séries.

« Ça va faire une grosse différence », convient l’attaquant des Wings Justin Abdelkader. Il est leur colonne vertébrale, il est celui qui les sort d’embarras. Il peut faire 30 ou 40 arrêts et les aider à gagner 2-1 ou 3-1. »

Évidemment, Price n’en est pas là pour le moment.

« Il avait l’air d’un gardien qui n’avait pas joué depuis neuf mois et demi, mais on s’y attendait, a commenté l’entraîneur des gardiens Stéphane Waite.

« Il va être correct. Il va être bien correct. »

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