Voyager au fil des mots

À la mesure de l’univers

Jón Kalman Stefánsson
448 pages
Gallimard, collection Du monde entier

Destinations : régions de Keflavik et du Norðfjörður, Islande

Guide

Jón Kalman Stefánsson

Poète, romancier et traducteur né en 1963 à Reykjavik, il figure parmi les écrivains les plus réputés et récompensés d’Islande.

Sa trilogie entamée avec le roman Entre ciel et terre, publié en français en 2010 et suivi de La tristesse des anges et Le cœur de l’homme, l’a révélé aux lecteurs francophones. Est ensuite paru en 2015 D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, dont la traduction d’Éric Boury s’est vu décerner le Grand Prix SGDL en 2016.

Attraction principale

Cette chronique familiale voyage dans l’Islande du XXe siècle, depuis les fjords de l’Est jusqu’à Keflavik, pour couvrir l’histoire de trois générations d’est en ouest. Le roman fait partie d’un diptyque envoûtant amorcé avec D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, genèse de cette captivante fresque contemporaine.

Souvenirs de voyage

Ari, éditeur et poète, retourne en Islande après plusieurs années d’exil lorsqu’il reçoit une lettre de son vieux père. Alternant entre passé et présent, l’auteur retrace son parcours, celui de son grand-père Oddur, pêcheur respecté, de sa grand-mère Margrét, qui n’a jamais pu avoir la vie dont elle rêvait, et de son père Jacob, qui a quitté sa région natale pour travailler sur la base américaine de Keflavik. Avec pour seule constante la mer, généreuse mais tout aussi cruelle, l’auteur contemple la société islandaise avec sagesse et poésie, et peint une terre de glace rude et sans pitié qui, comme ses hommes, a peiné pour s’affranchir de son destin lié à la pêche. Le périple se révèle un embarquement inoubliable vers une contrée mystérieuse et fascinante, signé par un grand écrivain à découvrir.

Passeport (un extrait pour donner envie d’embarquer)

« L’herbe de Sandgerði est parfois comparée à des couteaux émeraude sortis du sable noir, elle croît un peu partout, égayant le paysage. Certains habitants du village possèdent quelques moutons qu’ils gardent comme un souvenir de la campagne dont ils sont originaires, et quand les animaux paissent tranquillement à l’extérieur, les belles journées d’été, on tend vers une sorte d’harmonie. Il souffle pourtant souvent de grosses tempêtes, le village est ouvert à tous les vents, et rien ne les arrête. Les bourrasques forcissent, les maisons vibrent, le ciel tremble, les bateaux se cognent à la jetée, un chat est emporté vers la mer ou bien vers la lande en fonction de la direction du vent qui arrache l’herbe et l’emporte avec lui. Quand la tempête retombe, l’herbe a disparu, tout est noir autour de Sandgerði et la lumière du jour si pâle qu’on dirait que la nuit ne prendra jamais fin. »

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