SÉCURITÉ

Rouler avec bébé

Au Québec, il n’existe aucune réglementation sur le transport en vélo des enfants, seulement des recommandations. Cependant, la majorité des experts et intervenants ne le suggèrent pas avant que le bébé puisse tenir sa tête. La Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) et l’Institut de santé publique du Québec établissent la limite à 1 an.

« On ne met pas un bébé qui ne tient pas sa tête dans un siège arrière ou avant », explique le pédiatre et urgentologue de Sherbrooke Claude Cyr. Michel Lavoie, médecin-conseil à l’Institut de la santé publique du Québec explique que les muscles du cou ne sont pas assez développés pour soutenir la tête et pour supporter le poids du casque. « C’est seulement une recommandation », admet-il.

LE SIÈGE D’AUTO... À VÉLO ?

Comme le transport sur le vélo n’est pas recommandé à cet âge, plusieurs parents utilisent les sièges de bébé pour les automobiles. On les attache dans une remorque ou un cargo, en s’assurant de bien les ancrer. Une pratique courante au Danemark. Mikael Colville-Andersen, expert en mobilité urbaine et PDG de Copenhagenize Design Co, à Copenhague, explique que les Danois commencent à transporter leur bébé en vélo dès la naissance ou vers 6 mois. « Mais à Copenhague, il y a 40 000 vélos cargos donc il y a plusieurs options pour transporter un poupon. » Il cite également des exemples de cyclistes à Amsterdam ou Mexico qui transportent des bébés avec les porte-bébés.

Isabelle St-Germain a utilisé une coquille dans la remorque pour transporter ses enfants à partir de 3 mois. « Je faisais attention aux trous, j’étais prudente et ils étaient très bien attachés. »

Le Dr Michel Lavoie estime qu’un siège d’auto n’est pas une solution adéquate, puisque, même dans ce cas, le port du casque serait nécessaire, mais impossible avant 1 an en raison de la faiblesse des muscles du bébé.

MOINS DANGEREUX QUE L’AUTO

Les experts soulignent qu’en général, le transport en vélo est moins dangereux qu’en automobile. « Plus on respecte les règles de sécurité, plus on diminue les risques », souligne le Dr Claude Cyr.

Pour Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec, c’est plutôt la perception du danger qui freine les parents « Il y a moins d’accidents qu’on pense. » Elle conseille de s’exercer avec un poids et sur de petites distances, avec un itinéraire simple.

Dernièrement, François Beucher a eu un grave accident quand une auto a brûlé un feu rouge et l’a heurté. « Heureusement, je n’avais pas mon garçon cette semaine-là. » Depuis, certains de ses collègues pensent que transporter son enfant en vélo est irresponsable. « Avec un vélo ou une auto, ce sont des accidents. » Il continue à transporter son fils avec prudence. « Rien ne remplace le jugement des parents », conclut le Dr Cyr.

CHARIOT, SIÈGE,
CARGO OU GIRAFE ?

Si les sièges d’automobile ont subi des tests et sont soumis à diverses normes et date d’expiration, il n’en est rien pour les sièges de vélo. L’équipement n’est soumis à aucune norme au Canada, contrairement aux États-Unis.

La remorque en arrière n’est pas le moyen de transport urbain préféré d’Étienne Roy-Corbeil, copropriétaire de Dumoulin bicyclettes et père d’un enfant de 4 ans. Il la réserverait aux pistes cyclables et à une utilisation récréative. « Les enfants sont plus bas et ne sont pas visibles des automobilistes. » Il préfère les cargos, même si leur prix élevé est une barrière à l’achat.

Suzanne Lareau, de Vélo Québec, en a vu beaucoup à Copenhague. « Les gens remplacent leurs poussettes par ces vélos cargos équipés d’un siège d’auto. » Cette dernière préfère toutefois les sièges en arrière du banc, la solution également la moins coûteuse. « Les remorques sont plus chères et moins pratiques pour les déplacements quotidiens, mais elles durent longtemps, jusqu’à 5-6 ans et plus si on a deux enfants. En plus, le marché de la revente est très bon. »

Isabelle Marjorie Tremblay fait du vélo avec ses enfants depuis qu’ils ont environ 1 an. Sa fille, qui a maintenant 7 ans, utilise la girafe pour les courtes distances, sinon, ça la fatigue. Son garçon de 3 ans est dans le siège arrière. « Parfois, il est dans la remorque avec ma fille quand on fait de plus longues distances. »

Joelle Rompré a transporté son fils à partir de 9 mois dans une remorque. Le petit portait un casque. « Un peu grand et il ne l’appréciait pas, mais on n’a pas cédé. C’est important. Nous le transportons en remorque jusqu’à la garderie qui est à 2,5 km en passant par des pistes cyclables », explique-t-elle. Même si la remorque est appréciée, l’été prochain, la famille passe au vélo cargo.

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