RIDM Gael García Bernal
Pour l’état du monde
La Presse
L’acteur mexicain Gael García Bernal séjourne à Montréal en fin de semaine afin de soutenir la présentation de
, un documentaire de Marc Silver dont il assure la narration et la production. Et dans lequel il joue.Gael García Bernal descendait pratiquement tout juste de l’avion quand il a été conduit vers les quartiers généraux des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) afin d’y tenir une conférence de presse.
La toute première visite de l’acteur mexicain à Montréal est notamment marquée par une conférence avec les étudiants de l’Université Concordia (celle-ci a eu lieu hier soir), de même que par les présentations de
, documentaire réalisé par Marc Silver, dans lequel on le voit refaire le parcours d’un immigrant parti du Honduras pour tenter de se rendre aux États-Unis.Inspiré par l’histoire d’un inconnu trouvé mort dans le désert de l’Arizona, le film s’attarde ainsi à donner un visage à ces milliers d’immigrants sans nom, prêts à tout pour tenter de se construire une vie meilleure ailleurs.
« Au départ, on voulait se lancer dans un film qui raconterait l’état du monde, a précisé Gael García Bernal lors de ce point de presse. Puis, nous avons décidé de nous concentrer sur les phénomènes migratoires. Ceux-ci sont universels. Au cours des prochaines années, ils s’accentueront à cause du réchauffement climatique. »
Dans le film de Marc Silver, qu’il produit et dont il assure aussi la narration, l’acteur traverse l’Amérique centrale et le Mexique, allant à la rencontre de gens ayant le dessein de quitter leur pays pour aller ailleurs. Et dont les destins risquent de prendre un tournant imprévu.
« Ces gens étaient heureux de témoigner devant la caméra, a-t-il dit. C’était comme si, de cette façon, ils pouvaient donner de leurs nouvelles à leur famille. Une façon aussi d’inscrire leurs témoignages pour la postérité. Je les invitais à jouer avec moi. Comme s’ils me donnaient la réplique. C’est à partir du moment où nous jouions ensemble que toutes les différences tombaient. Je sais que les acteurs ont mauvaise réputation, mais il y a quand même quelque chose d’intéressant dans la dynamique du jeu. Peu importe d’où l’on vient, les barrières tombent ! »
L’engagement social de Gael García Bernal s’est par ailleurs toujours manifesté à travers ses rôles. D’
à en passant par , ou , l’acteur s’est rarement commis dans des films vides de contenu.« En général, les meilleurs films sont ceux qui remettent en question des certitudes, a-t-il fait remarquer. Je vois aussi certains des films que j’ai faits comme des documentaires. Dans
par exemple, le cadre est bien réel. »Gael García Bernal a aussi raconté ses premières rencontres avec le documentaire, à une époque où le genre était pratiquement inexistant au Mexique sur le plan de la diffusion. « La seule chance que nous avions de voir un documentaire, c’est quand un ami rapportait une vidéocassette venue d’ailleurs ! »
En 2006, il a fondé, notamment avec son partenaire d’
Diego Luna, le festival Ambulante. Ce festival de cinéma itinérant propose une cinquantaine de documentaires latino-américains dans un circuit d’une douzaine de villes mexicaines. L’événement rejoignait environ 5000 personnes au début ; il en rejoint aujourd’hui 100 000.« Les Mexicains se sont approprié ce festival et c’est vraiment beau à voir. C’est un peu comme si, en voyant leur réalité dépeinte à l’écran, les gens éprouvaient un sentiment de liberté. Cela dit, je suis à Montréal depuis quelques minutes seulement, mais je sens que ce festival est aussi très beau ! », a ajouté l’acteur avec un large sourire.