Cyclisme
Le vélo, un sport dangereux ?
La Presse
En fin de semaine dernière, trois accidents sont venus ternir différents événements cyclistes. Deux d’entre eux ont fait des blessés graves, l’autre s’est soldé par un décès. Au moment où il rassemble de plus en plus d’adeptes, le cyclisme serait-il devenu un sport plus dangereux qu’il n’y paraît ?
Samedi dernier, une cycliste de 37 ans qui participait au triathlon de Lac-Beauport a violemment percuté un véhicule qui s’était engagé dans la voie alors qu’elle roulait à pleine vitesse. Elle a subi de lourdes blessures à la tête, mais on ne craint pas pour sa vie.
Le même jour, dans le cadre du Grand Défi Pierre Lavoie, le journaliste Richard L’Heureux, de Radio-Canada Mauricie, a subi un traumatisme crânien lors d’une chute.
Le lendemain, un adolescent de 16 ans est mort lors d’un tour cycliste bénéfice pour la lutte contre le cancer à Arlington, dans l’État de Washington. Il est entré en contact avec un autre participant, avant de se retrouver en plein dans la trajectoire d’un automobiliste.
Des témoins de la scène à Lac-Beauport ont accusé l’agent de la Sûreté du Québec qui assurait la sécurité à cet endroit du parcours d’avoir manqué de jugement en ouvrant la barrière trop tôt pour laisser circuler la voiture.
Pierre Hamel, ancien éditeur du magazine
, affirme que ce genre d’accident peut parfois se produire en raison d’une mauvaise évaluation de la vitesse à laquelle roule un cycliste. « Si tu n’as jamais fait [de vélo], c’est plus difficile. Les gens ordinaires roulent à 15-20 km/h, pas à 50, 60 ou 70. »Pour sa part, le directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes, Louis Barbeau, estime que cette histoire revient à la « notion de cohabitation » entre cyclistes et automobilistes. « Chaque cas en est un d’espèce. […] Vous avez parfois des conducteurs qui paniquent et qui figent, et d’autres qui posent la manœuvre inverse. »
« On n’est jamais à l’abri d’un accident ou d’un conducteur fautif, mais je peux vous dire que nous n’aurions jamais accepté qu’il y ait une sortie pour les véhicules alors qu’il y a une si haute vitesse d’arrivée des cyclistes », fait savoir Sébastien Gilbert-Corlay, directeur des opérations chez Triathlon Québec.
L’organisme sanctionne annuellement une quarantaine de triathlons. Il s’occupe notamment d’offrir des conseils techniques et de sécurité à ceux qui organisent ce genre d’événement.
Or, ce n’était pas le cas ici. L’entreprise derrière la compétition, SporTriple, et son directeur Louis Turcotte se sont dissociés de la fédération il y a quelques années. Selon M. Gilbert-Corlay, il aurait trouvé les frais d’assurance demandés (600 $ par événement) trop coûteux.
« Le problème, dit ce dernier, c’est que monsieur ou madame Tout-le-monde peut maintenant organiser un triathlon sans que ce soit sanctionné. […] C’est un peu comme dans la jungle. » Selon ses dires, il y aurait de 10 à 15 événements non sanctionnés chaque année.
Joint par
au lendemain de l’événement, M. Turcotte s’est dit profondément bouleversé et a affirmé vouloir faire le « post-mortem » des événements avant de blâmer quelqu’un.Si le cas de Lac-Beauport semble être dû à des erreurs humaines, ceux de Richard L’Heureux et du jeune adolescent découlent d’accidents qui peuvent survenir lorsque les cyclistes roulent en peloton.
« Dans un peloton, on se concentre sur le cycliste qui est en avant. On va se suivre presque roue à roue, à quelques centimètres de distance. S’il y a une chute, ça peut en entraîner plusieurs », rappelle Geneviève Lebrun, directrice des communications du Grand Défi Pierre Lavoie.
Cette année, sur 3149 participants au Grand Défi, 10 ont dû être traités pour des blessures, mineures ou sérieuses. Une baisse par rapport à l’année précédente, indique M
Lebrun, qui ajoute qu’une équipe médicale suit les cyclistes en permanence tout au long du Défi.Reste qu’au final, comme le rappelle Pierre Hamel, les accidents demeureront inévitables.
« J’ai vu des compétitions internationales où la sécurité était fantastique, mais lors desquelles il y a eu des incidents. Il n’y a rien qui empêche ces choses-là. »