PME Innovation Synbiota

L’ADN pour tous, ou presque

Il est grand, le mystère de la vie. Mais de moins en moins pour Synbiota, une jeune entreprise qui permet de jouer avec l’ADN comme avec des blocs Lego pour créer de toutes pièces des organismes vivants. Rien de moins !

Synbiota elle-même a pris vie il y a environ un an, en Ontario, mais elle a rapidement déménagé à Montréal après avoir reçu un investissement du fonds spécialisé en technologies RealVentures.

« Avant, pour être capable de créer de telles molécules, il ne fallait pas simplement disposer des connaissances, il fallait aussi être habile dans les manipulations chimiques, un peu comme en cuisine », explique le cofondateur de Synbiota, Connor Dickie.

« Maintenant, les habiletés nécessaires se sont démocratisées, grâce à l’utilisation de machines. »

Le concept de Synbiota n’est pas sans rappeler celui de la création d’albums photo ou l’impression 3D de prototypes. L’entreprise fournit un logiciel en ligne qui permet de créer des « recettes » d’ADN. Celles-ci peuvent ensuite être acheminées à des laboratoires spécialisés qui, tels des imprimeurs, vont convertir cette recette en véritable objet, une molécule d’ADN dans ce cas.

« Ça vous est envoyé par la poste dans une fiole et ça prend environ une semaine. »

— Connor Dickie, cofondateur de Synbiota

L’opération coûte « quelques milliers de dollars », selon la complexité de la molécule. Ce n’est pas donné, mais c’est nettement moins cher qu’il y a quelques années, et les prix continuent de chuter, assure-t-il.

Bien que son entreprise semble se situer à mi-chemin entre la technologie et la biologie, M. Dickie la voit résolument du côté technologique. Il y a de grandes similitudes, selon lui, entre l’assemblage de molécules d’ADN au moyen de composantes primaires et la conception d’un logiciel.

Un peu comme certains sites spécialisés dans la mise au point d’applications, Synbiota permet à ses utilisateurs d’échanger des conseils ou carrément des blocs de codes.

MULTIPLES APPLICATIONS

Même si le procédé est simple en théorie, il n’est pas pour autant facilement accessible. Sans connaissances appropriées, « il y a à peu près autant de chances de créer une molécule viable que de se réveiller demain matin en plein milieu du soleil », estime M. Dickie.

Mais pour ceux qui s’y connaissent, le potentiel est énorme. Synbiota rêve que son logiciel serve à créer des solutions aux grands maux de l’humanité dans des domaines comme la médecine, l’alimentation, les matériaux ou l’énergie.

« Quelqu’un pourrait, par exemple, créer un plastique qui ne nécessite pas de pétrole, puis une bactérie capable de digérer ce plastique pour en faire de l’engrais après utilisation », rêve M. Dickie.

Celui-ci est bien conscient de la dangerosité potentielle de son produit, qui pourrait être utilisé pour produire des matières dangereuses. L’essentiel des vérifications à ce chapitre s’effectue du côté des « imprimeurs », explique-t-il. Ceux-ci disposent déjà de mécanismes permettant de comparer la séquence d’ADN à imprimer à une liste de séquences nocives.

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