À l’étude

Les piscines publiques, sources d’infections

L’été qui s’achève a été particulièrement chaud et les piscines ont été prises d’assaut. Depuis quelques années, les autorités de santé publique se penchent de plus près sur les infections qui y sont transmises. Près de 2000 nageurs consultent chaque année un médecin pour une « infection d’origine hydrique » aux États-Unis, selon un nouveau rapport.

Le contexte

Depuis 2014, les Centres de contrôle des maladies (CDC) du gouvernement américain publient un « Code sanitaire aquatique modèle » à l’intention des gestionnaires de piscines. On y met l’accent sur les infections transmises entre baigneurs, notamment la règle de fermer plus tôt une fois par semaine pour augmenter la dose de désinfectant. « C’est une règle idéale, difficile à respecter », explique Michele Hlavsa, épidémiologiste aux CDC, qui a publié au printemps un bilan des infections aquatiques. L’automne prochain, l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) fera à son tour le point sur la question. « On a un système de surveillance des maladies d’origine hydrique, mais les gens sur le terrain voulaient avoir le portrait de la situation actuellement au Québec », explique Benoît Lévesque, spécialiste de santé publique à l’INSPQ.

La genèse

« On voulait savoir quelles méthodes de désinfection sont à revoir ou méritent qu’on s’y attarde davantage, explique la Dre Hlavsa. Et aussi les lieux les plus problématiques et s’il y a des maladies en émergence. Avaler une gorgée d’eau contaminée par des pathogènes comme le Cryptosporidium peut générer rapidement des crampes, des vomissements et de la diarrhée qui durent ensuite pendant une semaine. Nous faisons beaucoup d’efforts pour sensibiliser les gens depuis 2005, quand nous avons lancé la semaine de prévention et de sécurité dans les piscines. »

Ce que révèle l’étude

Il y a eu 493 éclosions infectieuses liées aux piscines, baignoires à remous et parcs aquatiques aux États-Unis, entre 2000 et 2014, totalisant plus de 27 000 patients. Le Cryptosporidium représente 89 % de ces cas. « Fort heureusement, on voit un ralentissement du nombre d’éclosions après 2007, alors nos efforts semblent fonctionner », dit la Dre Hlavsa. Le nombre au Québec est proportionnellement semblable, selon le Dre Lévesque de l’INSPQ, avec six éclosions entre 2005 et 2016.

Et maintenant ?

La prochaine étape est de convaincre les gestionnaires d’utiliser une deuxième méthode de purification en plus du chlore, les UV ou l’ozone, selon la Dre Hlavsa. « On veut aussi viser les baignoires à remous, qui sont surreprésentées dans les cas de maladies du légionnaire parce que la bactérie est aérosolisée, ce qui diminue l’efficacité des désinfectants. » Finalement, une nouvelle méthode de détection des cas est en cours pour estimer le nombre réel d’infections, pas seulement celles qui mènent à des consultations médicales. L’infectiologue pédiatrique Marie-Astrid Lefebvre, de l’Hôpital de Montréal pour enfants, à qui La Presse a également demandé de commenter l’étude, précise que « beaucoup de cas de gastroentérite sont asymptomatiques ». « Idéalement, il faut éviter d’aller dans une piscine ou un parc aquatique quand on a la diarrhée, même si on se retient, dit la Dre Lefebvre. La contamination peut se faire en très petites quantités, Cryptosporidium est un parasite très très contagieux. Il faut attendre 48 heures après la fin de la diarrhée pour ne pas contaminer d’autres personnes. »

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