Cet écran a été partagé à partir de La Presse+
Édition du 24 juin 2018,
section DOSSIER SPÉCIAL, écran 12
Un nom disparu à ressusciter
Chicoutimi
« Le plus vieux nom de ville en langue innue en Amérique a disparu avec les fusions », déplore Richard Côté, de Sainte-Malachie. « Une erreur historique », renchérit Robin Lévesque, lui-même de Chicoutimi. Une dizaine de lecteurs ont ainsi réclamé que le nom de la grande ville saguenéenne retrouve son patronyme original pour la distinguer de la rivière, du fjord et de la région qui portent déjà le nom de Saguenay.
Un nom à faire disparaître
Amherst
L’officier britannique Jeffery Amherst, dont une rue montréalaise porte le nom, était un « ignoble personnage », écrit Michel Préville, « qui a préconisé l’extermination des Amérindiens en leur distribuant des couvertures infectées par la variole, une arme bactériologique avant son temps ». Les suggestions pour changer le nom de la rue ne manquent pas : de « Sieur de Callière », en hommage à Louis-Hector de Callière, l’artisan de la Grande Paix de Montréal, à « Pierre-Falardeau », en l’honneur du cinéaste québécois engagé mort en 2009, en passant par « Pontiac », le chef amérindien qui a combattu Amherst.
Un nom controversé
aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal
Plusieurs lecteurs n’ont pas digéré de voir le nom de l’ancien premier ministre canadien être attribué au plus gros aéroport québécois. M. Trudeau, écrit le Montréalais Daniel Drapeau, « n’a fait rien d’exceptionnel pour l’aviation, surtout en expropriant trop de terres à Mirabel ». Il propose plutôt le nom de Robert Piché, le pilote de la compagnie Transat qui a réussi en 2001 à poser son avion d’urgence aux Açores après un vol plané causé par une panne de moteurs. « Le commandant Piché a sauvé quelques centaines de vies avec sang-froid », rappelle M. Drapeau. D’autres lecteurs ont évoqué les noms de l’ancien premier ministre québécois René Lévesque, ou encore celui plus prosaïque de la ville où l’aéroport se trouve, Dorval.
Nom souhaité
Clos de Velyne
Nom actuel
aucun
« C’est le lieu où nous vivons et ce nom représente nos deux prénoms réunis, soit Claude et Evelyne, dite “Velyne”, donc Claude-Velyne. »
— Evelyne Bernard, Sainte-Julienne
Nom souhaité
lac du Bonheur
Nom actuel
lac du Camp
« Quels moments mémorables j’ai passés à cet endroit tous les ans depuis une quarantaine d’années ! Et j’y vais encore ! » — Claude Roy, Repentigny
Nom souhaité
Le 16e des Trois frères Dufour
Nom actuel
16e trou du club de golf Port-Alfred
« Dans les années 60, nous avions coutume de jouer le soir à 17 h. Papa venait nous voir jouer tout le long de ce trou. Vue imprenable sur la baie des Ha ! Ha ! »
— Claude Dufour, Montréal
Nom souhaité
île du Songe d’une nuit d’été
Nom actuel
une île sur le lac Miquet
« J’ai passé une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence au chalet de mon papy Fernand et de ma mamy Anna au lac Miquet. En face, il y avait une île qui me semblait inaccessible et envoûtante, mystérieuse et secrète. Dans l’Encyclopédie de la Jeunesse que je lisais à cette époque, j’avais vu une image du songe d’une nuit d’été. Une fée dansait avec des elfes, des lutins, des gnomes pendant la nuit. L’île pendant la nuit était peut-être l’hôte de la fée et de ses amis. Ma mamy est morte quand j’avais 14 ans et la féerie de l’île est disparue en même temps. J’aimerais que l’île et la fée reviennent. C’est pourquoi je désire lui donner un nom. »
— Arnold Paradis, Chicoutimi
Nom souhaité
L’Anse à Lina
Nom actuel
aucun nom
« Cette petite baie n’a pas de nom. C’est un endroit que nous fréquentons depuis une dizaine d’années. Nous y passons toutes nos fins de semaine en hiver. C’est là que j’ai demandé à ma blonde, Lina, que je fréquentais depuis 24 ans, de m’épouser. C’est un endroit d’une beauté inégalée et nous prévoyons y résider en quasi-permanence à ma retraite. Dès les débuts, nous avons commencé à nommer cet endroit ainsi, et nos parents et amis font de même maintenant. » — Richard Boulay, Sept-Îles
Nom souhaité
Parc qui fait Youh !
Nom actuel
parc du Vallon
« Jadis, ma mère empruntait ce tronçon de piste cyclable à vélo avec ma petite sœur assise sur le banc de bébé. Il y a une légère côte dans le milieu, pendant laquelle ma mère criait, en chœur avec la petite Aurélie, “YOOOOOOUH !” pour accentuer le plaisir de la descente. Ce petit parc a ainsi été renommé dans notre petite famille. “On va au parc qui fait YOUH !, maman ?”, implorait Aurélie, petite. Voilà ! »
— Antoine Leclerc, Montréal
Nom souhaité
rang des Bœufs
Nom actuel
5e Rang Ouest, à Saint-Paul- de-la-Croix
« Le seul et vrai nom du rang est “rang des Bœufs”. Le lieu est connu et nommé ainsi par les locaux depuis Matusalem. » — Yves Theriault, McMasterville
Nom souhaité
île aux Fesses
Nom actuel
île Perry
« Dans ma jeunesse à Laval, dans les années 80, une destination populaire en vélo était l’île aux Fesses. J’ai su très longtemps après que son “vrai nom” est l’île Perry. On y accédait par des trous de clôture du CN. Les rumeurs d’activités indécentes rendaient l’exploration de l’île fort inquiétante ! »
— Bruno Lalonde, Laval
Nom souhaité
La forêt de la Baronnie de Portneuf
Nom actuel
Centre Ski-Neuf
« Nous sommes la seule des trois seigneuries érigées en baronnie pendant le régime français avec encore un manoir classé relatant ce fait [manoir de la Baronnie-de-Portneuf]. La ville possède plus de 55 hectares de forêt au nord de l’autoroute 40, dont environ la moitié peuplée d’érables à sucre de plus de 22 m. Il s’agit d’une forêt remarquable où la population peut aller skier, marcher, patiner ou faire de la raquette gratuitement. »
— Jean-François Labrecque, Portneuf
Nom souhaité
Sacanard
Nom actuel
Anse-aux-Canards, à Pabos Mills
« “Sacanard” est la contraction d’Anse-aux-Canards. Le quartier est populairement nommé ainsi. »
— Rolando Segura, Pabos Mills
Nom souhaité
plage Twist
Nom actuel
plage sur la rivière Saguenay
« Cette plage, située au cœur de la ville, n’a curieusement pas de nom. J’ai effectué une recherche auprès des gens du quartier qui, dans les années 60, l’appelaient la plage “Twist”. L’origine de ce nom vient du fait que la génération de jeunes qui s’y retrouvait pour y passer du bon temps dansait régulièrement le twist sur cette plage. Cette plage, délaissée dans les années 80 et 90 dû à la forte pollution de la rivière Saguenay, est de nouveau occupée par les citoyens depuis une douzaine d’années. Avant que nos élus baptisent cette plage “plage Saguenay”, il serait important de la baptiser par un nom lié à notre culture immatérielle et notre patrimoine historique.. »
— Carl Morasse, Chicoutimi
Nom souhaité
lac Maskikogamâk
Nom actuel
lac Aylmer
« C’est le nom original du lac donné par les Abénakis qui venait y pêcher et y chasser. Il a été modifié au XIXe siècle par les colons anglais venus y faire l’exploitation de la forêt. Mais depuis, le lac a retrouvé ses fonctions premières, soit celui de la pêche et de la chasse. Un lieu de villégiature qui devrait retrouver le nom original qu’il a porté pendant plusieurs milliers d’années. On y retrouve encore des artefacts de la longue période d’occupation des Abénakis. »
— Jean Laliberté, Stratford
Nom souhaité
Place des archers Aimé Breault
Nom actuel
site extérieur du club Le Sagittaire
« Aimé Breault est un pionnier dans le domaine du tir à l’arc et il est le fondateur du club Le Sagittaire, dont je suis aujourd’hui la présidente. Ce terrain est la propriété de la Ville de Trois-Rivières, mais le club Le Sagittaire bénéficie d’un bail à vie. »
— Émilie Bolduc, Trois-Rivières
Nom souhaité
lac Lafrenière
Nom actuel
lac Dickingham
« Lafrenière, comme le nom des trois frères de Saint-Alexis-des-Monts qui possédaient les droits de villégiature et de coupe sur ce territoire comprenant le lac Dickingham avant la création de la réserve Mastigouche en 1971. Ils ont conservé leurs droits acquis sur les deux chalets qu’ils possédaient sur le lac Dickingham, dont ils appréciaient avec raison la beauté du paysage naturel. Par ailleurs, on ignore complètement l’origine du nom Dickingham. Il serait approprié d’honorer la mémoire de bâtisseurs originaires de la région. » — Louis Bibaud, Richelieu
Nom souhaité
rue Noël-Daudelin
Nom actuel
rue Richmond
« En 1967, ce monsieur, simple citoyen, s’est battu, avec succès, pour faire construire des HLM à des gens que la Ville évinçait. » — Claude Lahaise, L’Île-Perrot
Nom souhaité
terrain Guy-Garneau
Nom actuel
terrain de balle près du parc Optimiste
« Guy Garneau est un joueur de balle rapide [fast-pitch] qui a marqué non seulement Senneterre, mais toute la région de l’Abitibi et même au-delà, jusqu’à Mont-Laurier. On dit de lui qu’il était tellement charismatique (et talentueux !) qu’il signait des autographes à la fin des matchs, même si, au fond, il n’était qu’un joueur amateur (bien que le calibre de l’époque était extrêmement élevé). Nous avons l’immense chance qu’il soit toujours en vie (il est octogénaire) et, en plus, plusieurs de ses enfants, petits-enfants et arrières-petits-enfants habitent toujours notre petite communauté. »
— Simon Roy, Senneterre
Nom souhaité
viaduc Laval-Belley
Nom actuel
viaduc de la route 229 à Saint-Mathieu- de-Beloeil
« C’est le dernier projet sur lequel mon frère Laval, décédé de la maladie de Lou Gehrig, a travaillé avant de devoir prendre sa retraite forcée en 2011 en raison de sa condition. Il était alors dessinateur industriel chez Constructions Proco de Saint-Nazaire au Lac-Saint-Jean. »
— Nelson Belley, Saint-Basile-le-Grand
Nom souhaité
croix Antonio-Poitras
Nom actuel
croix de Saint-Eugène-de-Guigues
« Il s’agit de la croix que mon grand-père Antonio Poitras a fabriquée et posée avec ses frères au début du siècle dernier en pleine colonisation, choisissant cet endroit pour y fonder le village de Saint-Eugène-de-Guigues. Le clergé a vu les choses autrement, mais la croix est restée et toujours entretenue. »
— Jacquelin Poitras, Ville-Marie