Opinion Humour

Un examen de conscience nécessaire

Quand l’humour emprunte des chemins disgracieux, peut-on le porter aux nues et lui donner un quelconque attribut artistique ?

Je me désole de voir la facilité prendre des airs de valeur et, insidieusement, devenir la norme. Devant la multiplication des attaques gratuites, personnalisées et sans égard aux profonds dommages qu’elles peuvent engendrer, force est de constater que l’humour y trouve une certaine justification.

Le métier d’humoriste est un privilège. L’un des plus prisés, si l’on en croit nos jeunes lorsqu’on leur demande quelles sont leurs idoles, leurs influences, leurs héros. Ces femmes et ces hommes rassemblent, développent un savoir-être et un savoir-faire au service d’un public désireux d’aimer et d’être aimé. Mais quand l’humour emprunte des chemins disgracieux, le doigt pointé, peut-on le porter aux nues et lui donner un quelconque attribut artistique ? 

Ce même « humour » polarise, entre autres sur les réseaux sociaux, à coups d’insultes, de dénigrement et de qui-aura-la-réplique-la-plus-cinglante-qui-mettra-l’autre-KO. Je doute qu’une fois sortis de l’anonymat, ces « porteurs d’opinions » auraient l’audace de dialoguer avec les mêmes termes et la même insistance lors d’un face-à-face. C’est connu, un clavier – ou encore un micro – s’avère tantôt une arme, tantôt un outil.

Ne devrait-on pas nous demander à qui ce piètre débat profite ?

N’y aurait-il pas lieu de saisir la balle au bond et de porter la réflexion à un niveau supérieur ? Quitte à redéfinir ou à encadrer ce qu’est l’humour, et mesurer l’ampleur des bienfaits qui peuvent en découler ? 

Je me serais attendu à ce que les plus grands dans ce domaine, notamment les dirigeants d’écoles ou de festivals, sur scène ou en coulisses, s’unissent, non pas pour prendre parti pour l’un ou l’autre des acteurs en place, mais pour affirmer leur leadership et pour nous aider à grandir. 

Qu’ils fassent un usage proactif de la liberté d’expression à des fins d’avancement, et qu’ils rappellent à tout un chacun que l’on peut rire et faire rire sans pour autant porter atteinte à la dignité d’un individu, et encore moins lorsqu’il s’agit d’un jeune.

Et, par la même occasion, qu’il est possible de se démarquer en associant « spectacle-bénéfice » et « campagne de sociofinancement » à des valeurs comme l’entraide et l’évolution.

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