Solaxis

L’ingéniosité manufacturière de Bromont

Pour François Guilbault, un fabricant de prototypes et d’outillages à Bromont, le virage vers l’industrie 4.0 a suivi un scénario presque parfait. Cinq questions au président de la PME Solaxis Ingéniosité Manufacturière, sur sa façon d’aborder la quatrième révolution industrielle, où numérisation et interconnexion sont désormais la norme.

À partir de quel moment avez-vous décidé de prendre le virage de l’industrie 4.0 ?

C’est drôle, mais on faisait déjà partie du 4.0 sans le savoir. Lors d’un audit pour rejoindre la grappe d’Aéro Montréal, on nous a dit que le fait de travailler avec plusieurs imprimantes 3D faisait de nous une PME 4.0. Le vrai virage a commencé en 2013. Pendant qu’on revoyait notre plan stratégique, j’ai voulu miser sur une accréditation ISO ; mes employés ont plutôt suggéré de mettre en place un système de gestion de la production ou un « ERP » en anglais. On a choisi leur idée. On est entrés dans le processus sans s’en rendre compte…

De façon détaillée, comment vous y êtes-vous pris ?

On s’est dotés d’un plan directeur numérique. On a mis en place trois logiciels de gestion avec l’aide de consultants et de firmes externes : un système de gestion de la production, un autre pour la gestion de la relation client ou « CRM », de même qu’un troisième qu’on appelle la voûte d’ingénierie, c’est-à-dire une sorte de grande bibliothèque virtuelle. Grâce à la base de données constituée à partir de ces trois logiciels, deux de nos employés ont développé une expertise. On est devenus 4.0 en automatisant nos processus internes.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?

La mise en place du système de gestion de la production. Contrairement à la gestion de la clientèle, où on mise sur la prise de commande, la relation avec le client et le suivi, la gestion de production est beaucoup plus complexe à mettre en place. Elle comporte autant la comptabilité que la production et les estimations. Aussi, une mauvaise communication avec notre fournisseur de service nous a fait perdre du temps. On n’avait pas bien défini nos besoins. Au lieu de gagner en efficacité pour préparer les soumissions, ça prenait parfois dix fois plus de temps ! On a dépassé notre budget, mais on a trouvé une solution.

Les résultats sont-ils tangibles ?

Avant, deux employés préparaient les soumissions. Maintenant, une seule personne s’en occupe et elle a même le temps de travailler sur d’autres projets. On sait maintenant quand on est efficace ou pas. On dispose d’un nombre incroyable de données sur lesquelles se baser pour prendre de meilleures décisions. On connaît presque nos coûts de production en temps réel quand un projet est en cours. On continue à focaliser sur les tâches à haute valeur ajoutée au lieu de remplir de la paperasse. On se concentre sur la production. C’est à mon avis la meilleure chance qu’on a pour gagner des batailles contre les plus gros.

Outillés de la sorte, quels sont vos projets ?

À court terme, on prépare une étude de marché pour voir si on doit se concentrer sur le Québec ou si on doit exporter nos services. On se donne de deux à quatre ans pour doubler à nouveau notre chiffre d’affaires tout en continuant à améliorer nos façons de faire. On va devoir embaucher un peu de personnel. Aussi, on vient tout juste d’être acceptés dans le programme MACH FAB 4.0 d’Aéro Montréal (sur l’implantation des technologies numériques et de la fabrication avancée). On doit leur présenter un projet sous peu.

en bref

Solaxis

Siège social : Bromont

Activités : Fabrication en 3D de prototypes fonctionnels de courtes séries et de pièces d’outillage pour le transport terrestre, l’aéronautique, l’industrie générale, la défense et la sécurité.

Employés : 8

Chiffre d’affaires : Plus de 1 million

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