Portraits

Des leaders performants

Le président de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur, a été honoré la semaine dernière lors de la 33e édition du gala « Les nouveaux performants ». Le travail de Serge Boulanger, de Metro, et de Nathalie Pilon, d’ABB Canada, a aussi été souligné à cette occasion. Voici leurs portraits.

Serge Boulanger, vice-président principal Metro

«Faut permettre aux jeunes de se dépasser»

Pour attirer des jeunes « performants », les entreprises québécoises devront leur donner « la capacité de se dépasser et de se réaliser », soutient Serge Boulanger, vice-président principal chez Metro.

« C’est le défi auquel on fait face, entre autres dans la distribution alimentaire, qui vit le plein emploi, précise-t-il. Il faut non seulement attirer des jeunes de talent, mais aussi, et surtout, savoir les retenir. »

« Il faut qu’ils sachent qu’ils peuvent, au sein de l’entreprise, bouger d’un secteur à l’autre, explorer de nouvelles possibilités de carrière, ajoute-t-il. Mais pour cela, les jeunes qui vont former la relève doivent être prêts à sortir de leur zone de confort. »

Serge Boulanger, 52 ans, fait carrière chez Metro depuis 21 ans. Il aime citer sa propre expérience en exemple. « Je suis un comptable agréé qui a défroqué et qui est devenu vice-président marketing ! », lance-t-il en boutade.

« Je n’ai pas hésité à modifier mon parcours pour aller voir comment je pouvais accomplir de nouvelles tâches au sein de l’organisation, précise-t-il, et ce, même si je n’avais pas toutes les connaissances requises au départ. »

Les « tâches connexes »

De façon imagée, le comptable polyvalent croit que les gestionnaires d’avenir « ne doivent pas avoir peur de sortir de leur carré de sable » s’ils ont l’ambition de grimper les échelons dans l’entreprise.

« Je dis souvent aux jeunes qui me posent la question qu’ils doivent aller bien au-delà des 10 ou 12 premières lignes de la description de tâches qui détermine ce qu’on attend d’eux. »

— Serge Boulanger, vice-président principal Metro

« Ils doivent en tenir compte, bien entendu, mais ils doivent aller lire attentivement la dernière ligne, celle où il est question de “toute autre tâche connexe” ! », explique-t-il.

Il précise sa pensée : « Il ne faut pas se contenter de bien faire son travail. Il faut saisir les opportunités quand elles se présentent, et le faire savoir à son patron ! »

La relève et les fournisseurs

On aura compris que le vice-président principal responsable des centrales nationales d’achats et marques privées tente d’inculquer cette notion de polyvalence dans un contexte de diversification des activités chez Metro.

Il rappelle que le « panier d’épicerie » du distributeur alimentaire québécois a grossi considérablement, au cours des dernières années, avec l’intégration des enseignes Adonis et Première Moisson, et des pharmacies Jean Coutu, qui vient de s’amorcer.

« Il est très important de maintenir de bonnes relations avec nos fournisseurs, et il l’est tout autant de travailler en équipe, soulève le gestionnaire. Il faut encourager les employés qui apportent un plus au sein de l’entreprise. Une entreprise qui va bien, c’est une entreprise qui favorise le travail en équipe. »

Nathalie Pilon, présidente d’ABB Canada

« Il faut se demander ce que le robot peut faire pour nous »

Pour parer à la pénurie de main-d’œuvre anticipée, les entreprises vont devoir recourir de plus en plus à la robotisation, mais il faudra que cette révolution industrielle se fasse « dans le respect des gens », insiste Nathalie Pilon, présidente d’ABB Canada.

« La question sera de savoir comment on va franchir cette nouvelle étape, et de quelle façon on va amener les travailleurs à s’impliquer dans ce processus », précise-t-elle.

« La population vieillit et les travailleurs aspirent à des semaines de travail plus courtes. Il y a les robots. Il faut se demander ce que le robot pourrait faire pour moi, dans cette nouvelle réalité. Il faudra toutefois intégrer tout cela de façon constructive dans notre quotidien », précise Mme Pilon. 

Elle ajoute : « On n’y échappera pas, à la révolution industrielle et à l’automatisation, qui sera porteuse, c’est certain. Le travail va se transformer, les tâches ne seront plus les mêmes. Ça pourrait toutefois causer de l’inquiétude chez certains. »

Un exemple ? « Il y aura encore plus de robots industriels dans les mines, pour minimiser les risques d’accident », explique-t-elle.

Le travail en équipe

Nathalie Pilon dirige depuis bientôt trois ans une entreprise de 4000 employés au Canada spécialisée dans l’automatisation et l’énergie. ABB Canada conçoit, entre autres mandats, les robots industriels pour Hydro-Québec. Ses deux grandes priorités, de son propre aveu, ce sont ses clients, à qui elle propose des « solutions », et les employés de l’entreprise, dans les bureaux et dans les usines.

« Nous évoluons dans un secteur technologique, dit-elle, et il faut se réinventer constamment, rester à l’affût, observer les tendances. »

« Nous voulons rester pertinents, dans un marché qui bouge rapidement, et si on veut maintenir les emplois, il est important de maintenir notre place dans l’échiquier. »

— Nathalie Pilon, présidente d’ABB Canada

Elle parle des grands projets mobilisateurs, générateurs d’emplois, comme le Réseau express métropolitain (REM) et de la mobilité électrique. « Il y a là [avec le REM] une opportunité incroyable pour positionner le Québec dans le monde avec de nouvelles technologies, et j’espère qu’on saura en tirer avantage », résume la dirigeante d’entreprise.

Elle souhaite en outre que le Québec développe des projets novateurs pour assurer le maintien et la visibilité économique du Centre de mobilité électrique en Amérique du Nord.

« Il faut faire des projets si on veut avancer dans l’électrification des transports », dit-elle.

Mais au-delà de tous ces enjeux, qui passent par la révolution énergétique et la révolution industrielle, il y a toujours et encore les humains, rappelle la présidente. « J’aime être près des gens, et je me montre disponible, dit-elle. Je m’efforce de garder ma bonne humeur et mon sourire. Je crois au travail en équipe. Je me considère comme le leader qui s’efforce de donner la direction à prendre au sein d’une grande équipe. »

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