Malbouffe

Qu’en pensent nos athlètes ?

L’union improbable entre sport et malbouffe peut être extrêmement lucrative. Comment les athlètes choisissent-ils les marques auxquelles ils sont associés ? Quelques sportifs nous répondent.

Eugenie Bouchard aime le poulet pané

La joueuse de tennis Eugenie Bouchard – dite Genie – apparaît dans une publicité de poulet pané Pinty’s, qui sera bientôt diffusée en français. « Nous essayons toujours de trouver des entreprises qui ont les mêmes valeurs que Genie, explique Sam Duvall, agent de la joueuse québécoise. Nous voulons des relations authentiques, vraies, c’est ce qui est important. »

Genie mange-t-elle vraiment du poulet Pinty’s ? « Oui, quand elle est au Canada, assure M. Duvall. Pinty’s est un produit haut de gamme. Leur poulet est de haute qualité et la campagne parle de mener une vie saine. Peu de gens ont une vie plus saine que Genie, alors pour nous, c’était une association formidable. »

Jasey-Jay Anderson, anti-boissons énergétiques

Jasey-Jay Anderson n’accepterait pas d’être commandité par une marque d’aliments néfastes pour la santé. Pas à sa « valeur marchande », comme il dit. « Pour un montant exagéré comme un million de dollars, je le ferais, mais une grande partie irait à des œuvres de charité, précise le surfeur des neiges, qui participe à ses cinquièmes Jeux olympiques à Sotchi. J’ai déjà refusé de travailler avec certaines boissons énergétiques, mais c’est un gros pensez-y-bien, car toutes les grandes entreprises ont un côté noir et souvent caché. »

Pourquoi ne pas représenter une boisson énergétique ? « Parce que c’est un des pires fléaux qui ont frappé la société, répond-il. C’est une trop grande discussion, donc on va en rester là. »

Alex Harvey a divorcé de RedBull

Alex Harvey n’est plus commandité par la boisson énergétique RedBull « depuis plus d’un an », indique Denis Villeneuve, son agent. L’association entre le skieur de fond et la célèbre canette aux taureaux avait été dénoncée dès son annonce, en 2011. Il faut dire que l’Association québécoise des médecins du sport ne recommande pas la consommation de boisson énergisante dans le cadre de la pratique sportive. Alex Harvey a refusé de parler à La Presse de son départ de l’écurie de RedBull. « Alex ne peut pas prendre le risque que ses propos soient mal interprétés, surtout pendant cette période critique en préparation des Jeux », fait valoir M. Villeneuve.

Joannie Rochette, du Nutella dans la valise

« J’ai choisi soigneusement les marques avec lesquelles je suis associée afin qu’elles reflètent mes croyances et mes intérêts, indique la patineuse Joannie Rochette, commentatrice pour Radio-Canada à Sotchi. Je peux personnellement m’identifier à Nutella qui a été, et qui est toujours, un élément de ma routine du déjeuner. » Vraiment mordue, Mme Rochette dit avoir mis un pot de Nutella dans sa valise pour Sotchi.

Craint-elle d’être critiquée comme porte-parole d’un produit dont les principaux ingrédients sont le sucre et l’huile de palme modifiée ? « Je crois que tout est question d’équilibre dans la vie, plaide la patineuse. Ce produit me rappelle de bons souvenirs d’enfance. Il est important d’avoir du plaisir à manger, et Nutella ajoute cette petite touche de joie à mon déjeuner. »

Marianne St-Gelais, commanditée par Coca-Cola

Marianne St-Gelais « fait partie du programme olympique de Coca-Cola », indique Marie-Annick L’Allier, attachée de presse de l’équipe canadienne de patinage de vitesse sur courte piste. Cette campagne vise à « inciter les gens à faire de l’activité physique », ce qui fait que « c’était naturel », explique Mme L’Allier.

« La carrière d’un athlète amateur est courte, alors ces dollars sont essentiels, ajoute-t-elle. Je vous dirais aussi qu’il y a quelque chose de prestigieux, pour un athlète, de faire partie d’un programme olympique mondial » comme celui de Coca-Cola.

Quant à la consommation de boissons gazeuses, « Marianne croit que c’est un aliment d’exception », précise Mme L’Allier.

Ariane Lavigne, athlète nutritionniste

« Oui, la malbouffe et les produits bourrés de sucre sont partout, dans les arénas, les centres de ski et même aux Jeux olympiques ! », dit Ariane Lavigne. La surfeuse des neiges, en compétition à Sotchi, est aussi… une nutritionniste diplômée de l’Université de Montréal.

« Les grandes entreprises alimentaires telles Coca-Cola, McDonald’s et RedBull investissent beaucoup d’argent dans les événements sportifs et en commandites d’athlètes, constate-t-elle. Elles ont vite compris que les athlètes véhiculent le bien-être et le succès, que ce sont des héros. »

Les sportifs devraient, selon elle, refuser de promouvoir la malbouffe. « Nous sommes avant tout les ambassadeurs de la performance et de la santé et il est important de rester intègre », tranche-t-elle.

Mme Lavigne est pourtant associée à un produit bien sucré, le sirop d’érable. « Quand j’ai été sondée par les Produits de l’érable du Québec, c’était dans l’optique de faire la promotion d’un produit qui amène les gens à cuisiner, fait-elle valoir. Par exemple, à préparer eux-mêmes une boisson sportive maison. »

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