Éditorial Maternelle à 4 ans

Vite, une décision

Que fera le gouvernement Couillard des maternelles à temps plein destinées aux enfants de 4 ans en milieu défavorisé ?

Il y a un près d’un an, l’Assemblée nationale adoptait le projet de loi permettant d’implanter ce programme dès le mois de septembre 2013.

C’était un engagement du Parti québécois visant à donner une chance égale à tous les enfants, et ce, dès leur entrée à l’école primaire. Une façon de contrer, à long terme, le décrochage scolaire.

Actuellement, un enfant sur quatre présente une vulnérabilité dans au moins un domaine à son entrée à la maternelle.

À sa première année, le programme n’a atteint que la moitié de son objectif. Le gouvernement visait 1200 enfants, ce sont finalement 600 qui ont été inscrits. Toutes les commissions scolaires devaient ouvrir une classe de maternelle destinée aux enfants de 4 ans, mais une vingtaine sur 69 n’ont pas réussi.

Les difficultés s’expliquent notamment par le fait que les commissions scolaires ont eu à peine quelques semaines pour aménager des locaux, recruter les enfants et former le personnel à temps pour la rentrée.

Mis sur pied il y a une quinzaine d’années, le réseau des centres de la petite enfance (CPE) avait aussi pour but de donner une chance égale à tous les enfants.

Or, à peine 65 % des enfants de 4 ans fréquentent un service de garde, dont la moitié seulement ont une place dans un CPE, soulignait le Conseil supérieur de l’Éducation dans un avis produit en octobre 2012.

Le taux est encore plus bas dans les milieux défavorisés. Des parents invoquent le manque de place. Certains craignent le jugement d’autrui en envoyant leur progéniture dans un CPE. D'autres ne conçoivent pas d'avoir recours à un service de garde et préfère garder leurs enfants à la maison.

En fin de compte ?

15 % des enfants ne fréquentent ni les services de garde ni un programme éducatif pour les 4 ans, comme les maternelles à mi-temps ou le programme Passe-Partout.

Tous ces enfants ne sont pas vulnérables à leur entrée à l’école. Le risque est toutefois plus élevé et il s’accroit en fonction de l’indice de défavorisation, ont démontré des études.

D’où le pari des maternelles à temps plein pour les enfants de 4 ans issus de milieux défavorisés. Elles devaient réussir là où les services de garde ont échoué.

Lancé dans la précipitation, sans véritable argent frais, le programme a connu certains ratés.

Le milieu a dénoncé le fait que certaines commissions scolaires plus riches n’avaient pas tant besoin d’implanter une maternelle à 4 ans alors que d’autres auraient souhaité ouvrir plus d’une classe. Le programme devait permettre le dépistage précoce des enfants, mais faute de ressources, ces enfants n’ont pas eu droit à des services par la suite.

Le développement du programme doit pourtant se poursuivre si l’on veut évaluer, à terme, s’il donnera les résultats escomptés.

Pour ce faire, le gouvernement doit annoncer rapidement ses intentions. À quelques semaines de la fin des classes, le temps presse déjà pour préparer la prochaine année scolaire. Il ne faudrait pas se buter aux mêmes écueils que l’an dernier.

Qu’est-ce que la vulnérabilité ?

Il s’agit d’un retard dans un des cinq domaines de compétence, comparativement aux autres enfants du même âge : 

1 – Santé physique et bien-être
(motricité, propreté, alimentation, état d’éveil)

2 – Compétences sociales
(habiletés sociales, relations avec les autres, autonomie)

3 – Maturité affective
(être en mesure de gérer ses émotions)

4 – Développement cognitif et langagier
(habiletés de base en vue de la lecture et des mathématiques, mémoire)

5 – Habiletés de communication
et connaissances générales
(communiquer ses idées, raconter des histoires, connaissance du monde qui l’entoure)

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