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Édition du 28 juin 2017,
section ARTS, écran 2
Dans son projet de renouvellement de la politique culturelle du Québec, dont la première mouture a été adoptée en 1992 sous le gouvernement libéral de Robert Bourassa, le ministre Luc Fortin établit quatre orientations. Il désire d’abord conclure une nouvelle alliance entre les secteurs culturels et le milieu de l’éducation au bénéfice des enfants, qui forment le public de demain ; il vise à mieux soutenir les créateurs pour améliorer leurs conditions socioéconomiques et accorder une plus grande place à la diversité ; il espère améliorer l’accès à la culture dans toutes les régions du Québec et la capacité des artistes de créer en région ; et finalement, il mise sur la culture comme moteur de développement économique. Or, ces objectifs ne sont toujours pas chiffrés.
« Dans notre politique finale, il y aura un plan d’action avec des mesures très précises, très concrètes, et les mesures qui seront [annoncées], c’est parce qu’on aura les moyens de les soutenir. »
— Le ministre Luc Fortin
« On aura un plan d’action, un plan quinquennal. On ne va pas tout faire du jour au lendemain. Cette politique, c’est un document pour une génération », a indiqué M. Fortin, ajoutant que son plan chiffré sera déposé en même temps qu’une politique définitive avant la fin de 2017.
Dans son projet de politique culturelle, qui a pour titre Partout, la culture, le ministère de la Culture réitère que « l’importance sociale, culturelle et économique des artistes et des travailleurs culturels ne fait pas de doute, [mais que] l’amélioration de leur condition socioéconomique demeure un objectif à atteindre ». Cette précarité était d’ailleurs dénoncée la semaine dernière par des représentants des théâtres, qui espéraient voir le budget du CALQ augmenté de 40 millions dès cette année, alors qu’il ne l’a été que de 4 millions.
« Il y a des gens qui expriment des demandes, mais gouverner, ce n’est pas dire oui à tout ce qui nous est demandé. […] Le CALQ est l’un des mieux soutenus à travers le monde. Toutes proportions gardées, il est mieux soutenu que le Conseil des arts du Canada (CAC). […] [De plus], nous avons l’engagement d’en faire encore plus dans la prochaine politique culturelle », a promis le ministre Fortin.
Liza Frulla, ancienne ministre libérale à qui l’on doit notamment la politique culturelle de 1992, s’est dite satisfaite du projet de politique dévoilé hier. Aujourd’hui présidente de Culture Montréal, organisme voué à sensibiliser les décideurs au rôle central de la culture dans le développement de la métropole, elle croit que le plan d’action qui doit être présenté à l’automne réjouira les gens du milieu culturel, alors que certains ont mal reçu récemment les annonces faites concernant le budget du CALQ.
« [Les 4 millions], c’est une première étape avant l’étape la plus importante, c’est-à-dire le plan d’action de la politique culturelle. […] [Pour moi, les besoins] sont infinis », a dit Mme Frulla.
« Comme ministre de la Culture, tu ne peux jamais en donner assez. Il y a toujours la possibilité d’investir des millions, sauf que comme en éducation, à un moment donné, il y a la capacité de payer »
— Liza Frulla, présidente de Culture Montréal
Or, la capacité de payer des Québécois permet-elle, comme le réitère le projet de politique culturelle, d’améliorer les conditions socioéconomiques des artistes, dont plusieurs travaillent dans une grande précarité ? « Pour moi, la capacité de payer des Québécois, ce sont des choix. Il faut un équilibre dans ces choix. On n’est pas une société pauvre, ça va bien au Québec. […] Je pense qu’il y a une capacité actuellement d’investir pour le plan d’action, qui peut être plus que fort acceptable. [Il devrait être] assez bien accueilli », a dit l’ex-ministre, qui a notamment siégé au comité-conseil du ministère de la Culture dans l’élaboration de sa nouvelle politique culturelle.
Dans son projet de renouvellement de la politique culturelle, disponible sur le site internet du ministère de la Culture pour les Québécois qui veulent le commenter, le ministre Luc Fortin fait une grande place à la diversité culturelle et à l’apport des peuples autochtones à la culture québécoise. « Le principe de base, c’est que les gens qui sont issus de la diversité […] se reconnaissent dans la culture, parce que la culture, c’est le reflet de qui nous sommes », a-t-il affirmé.
Questionné par La Presse pour savoir s’il souhaitait imposer aux organismes culturels subventionnés par l’État des quotas d’artistes issus de la diversité, le ministre s’est plutôt dit favorable à prioriser « des incitatifs pour encourager les créateurs à produire des œuvres ou embaucher des personnes qui vont faire en sorte que le produit final soit plus représentatif de la culture québécoise ».
Le gouvernement du Québec prévoit aussi adopter une déclaration nationale sur les langues autochtones afin de reconnaître leur statut particulier et accompagner ce geste d’un financement pour s’assurer qu’elles soient transmises de génération à génération, a affirmé le ministre Fortin.